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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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116 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

L’invitation de culture était uneides multiples façons d’actualiser <strong>et</strong> de renforcer les liens qui fondaient<br />

<strong>et</strong> maintenaient la solidarité de la communauté <strong>et</strong> l’ordre social. Le cultivateur se rendait au sosougu<br />

de son voisin en y emmenant les membres actifs de son unité de production, avec l’espoir que ce<br />

service lui serait tôt ou tard rendu, de la même manière ou d’une autre ; <strong>et</strong> il se rendait pareillement<br />

aux invitations de culture des personnes avec qui il entr<strong>et</strong>enait des relations fréquentes d’ordre<br />

lignager ou matrimonial, politique ou religieux, ou plus simplement des relations d’amitié. A l’heure<br />

actuelle, les sosose ont partiellement conservé leurs caractéristiques traditionnelles ; mais ils sont<br />

souvent surdéterminés par des facteurs politiques <strong>et</strong> économiques modernes. Dans certains cas, les<br />

invitations de culture sont profondément dénaturées par ces facteurs : quand elles sont utilisées pour<br />

promouvoir des individus au détriment de la solidarité <strong>et</strong> de l’ordre social établi.<br />

a) EVICTION DES FEMMES.<br />

Une invitation de culture traditionnelle pouvait rassembler des hommes ou des femmes. Les<br />

sosose d?hommes étaient consacrés aux travaux de débroussement, de défrichage, de premier sarclage<br />

<strong>et</strong> ‘de récolte des épis, tandis que les sosose de femmes s’appliquaient de préférence aux sarclages<br />

d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> au transport des récoltes. Depuis quelques années, les sosose de femmes sont de moins<br />

en moins fréquents. La collaboration des femmes intervient encore pour le transport des récoltes ;<br />

mais <strong>dans</strong> la plupart des cas, ce travail est effectué par des hommes utilisant des bicycl<strong>et</strong>tes. Quant aux<br />

sosose de femmes consacrés au sarclage, il n’est plus possible d’en organiser parce que chaque chef<br />

d’exploitation maintient sur ses propres champs la main-d’œuvre féminine qu’il contrôle. Tandis<br />

que les unités de production se replient sur elles-mêmes, la pratique des sosose de femmes, qui n’ont<br />

jamais eu la même importance que les sosose d’hommes en tant que facteurs de solidarité sociale, est<br />

à peu près abandonnée.<br />

b) RECHERCHE DE PRESTIGE.<br />

L’invitation de culture tend surtout à changer de nature du fait qu’elle est de plus en plus<br />

dominée par des phénomènes de consommation liés à la recherche de prestige.<br />

Les invitations de culture traditionnelles présentaient deux variantes: le soso-pelga <strong>et</strong> le ~uumsosodga.<br />

Au soso-pelga, les cultivateurs invités recevaient de la nourriture <strong>et</strong> généralement une boisson<br />

appelée zom-koom r, dont la couleur de farine a donné son nom à c<strong>et</strong>te sorte de sosougu (pelgu: blanc).<br />

Pour la culture de leurs champs personnels, les femmes organisaient de préférence des soso+eise<br />

(pl. de soso-pelgu) moins onéreux que les ruum-sosose. C<strong>et</strong>te deuxième sorte d’invitation de culture,<br />

comme son nom l’indique (ruum: bière de mil), était caractérisée par le fait qu’on y servait de la bière<br />

de mil, mais pas de nourriture 2. Les cultivateurs qui se rendaient à une telle invitation se restauraient<br />

chez eux avant leur départ, ou bien leurs femmes leur apportaient de la nourriture sur le heu de travail.<br />

Maintenant, à chaque sosoug~, on doit nécessairement offrir aux invités nourriture <strong>et</strong> bière<br />

de mil à la fois. Il n’est pas exceptionnel que des travailleurs quittent le champ de sosougu avant la<br />

fin des travaux, s’ils estiment que la nourriture <strong>et</strong> la boisson ne sont pas assez abondantes. Et certains<br />

travailleurs ne se rendent à l’invitation de culture qu’à la mi-journée, pour profiter aussitôt de la<br />

nourriture <strong>et</strong> de la boisson offertes aux travailleurs. L’habitude de servir ensemble nourriture <strong>et</strong> bière<br />

à l’occasion des sosose est récente. A Rokounga par exemple, on se soutient de la première invitation<br />

de culture qui inaugura c<strong>et</strong>te coutume de façon accidentelle : parce que la bière de mil était insuffisante,<br />

Guiguemdé Zoyandé a fait préparer du gâteau <strong>et</strong> de la viande de chèvre à l’occasion d’un sosougu, il<br />

y a une dizaine dannées seulement.<br />

1. Zom~koom: boisson composée de farine de mil délayée <strong>dans</strong> de l’eau , contenant du beurre de karité, du<br />

piment <strong>et</strong> parfois du tamarin <strong>et</strong> du miel.<br />

2. Selon TIENDREBEOGO, 1964 (p. 37), K les gens du peuple ne consommaient la bière de mil (en-dehors des<br />

marchésj que <strong>dans</strong> les funérailles <strong>et</strong> travaux collectifs <strong>agricoles</strong>, <strong>et</strong> seulement avec l’autorisation du chef <strong>dans</strong> ce dernier<br />

cas 1) ; il ne semble pas que <strong>dans</strong> l’ouest du <strong>Mossi</strong>, l’autorisation du chef fût nécessaire.

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