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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX<br />

DANS L’OUEST-MOSSI<br />

production liée à la mobilité des exploitations à l’intérieur du terroir l; insuffisance des aménagements<br />

du sol; défaut d’une action systématique en vue d’étendre le parc à balanzans au-delà de l’aire habitée;<br />

improvisation individuelle <strong>et</strong> désordonnée pour la distribution des cultures, les assolements, <strong>et</strong> la<br />

mise en jachère des terres appauvries ; gaspillage de l’engrais vert <strong>et</strong> des pailles ; divorce entre l’agri- .<br />

culture <strong>et</strong> l’élevage du gros bétail ; mauvaise conservation de la fumure domestique ; inefficacité de la<br />

sélection des variétés végétales ; outillage agricole rudimentaire ; façons culturales médiocres ; insuffisante<br />

organisation de l’espace <strong>et</strong> du temps 2. Pour toutes ces raisons, nous partageons les conclusions<br />

de MALCOIFFE, JENNY <strong>et</strong> GILG (1964, p. 15) au suj<strong>et</strong> du niveau de développement de ce système<br />

agricole :<br />

« Les monts Dacola <strong>et</strong> les plaines qui les entourent forment un ensemble d’une grande richesse au point de vue<br />

du relief, des roches <strong>et</strong> du sol 1.. . .]. [Mais] il apparaît n<strong>et</strong>tement que ces richesses sont sous-exploitées, à savoir que des<br />

superficies importantes ne sont pas cultivées <strong>et</strong> que les techniques culturales employees par les cultivateurs restent<br />

sommaires <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong>tent pas au sol de donner un rendement optimum en rapport avec sa fertilité actuelle. »<br />

Dans c<strong>et</strong>te étude, le terme terroir a été employé selon la définition proposée par SAUTTER~.<br />

Il était relativement aisé de privilégier le critère de la résidence pour définir l’extension du groupement<br />

local exploitant une même portion de territoire, car Dakola est séparé des localités voisines par des<br />

limites naturelles. Mais ce critère est d’un emploi moins facile <strong>et</strong> il est moins pertinent <strong>dans</strong> les<br />

localités où un habitat dispersé s’étire sans solution de continuité <strong>dans</strong> un milieu géographique<br />

uniforme. Les liens <strong>sociaux</strong> les plus efficaces peuvent exister de proche en proche entre enclos voisins<br />

ou au contraire de loin en loin entre groupes de parenté, sans s’inscrire nécessairement <strong>dans</strong> le cadre<br />

d’organisations sociales particulières formant des unités géographiques propres. La multiplicité des<br />

liens de voisinage n’implique pas l’existence d’une communauté rurale. Or il ne peut y avoir de<br />

véritable stratégie agraire, délibérée <strong>et</strong> collective, sans l’existence d’une communauté ; le système<br />

agraire mossi en fournit une preuve. L’organisation globale de la production y résulte moins d’une<br />

politique agraire concertée, fondée sur des options <strong>et</strong> sur une discipline communes, que de la juxtaposition<br />

de comportements particuliers déterminés par des nécessités impérieuses <strong>et</strong> générales - les ’<br />

contraintes pressantes du milieu naturel <strong>et</strong> humain.<br />

Même à Dakola, l’unité géographique du terroir dissimule mal l’hétérogénéité de l’organisation<br />

sociale <strong>et</strong> des structures économiques. Les liens du sang entre groupes géographiquement séparés<br />

priment souvent les liens de voisinage en ce qui concerne le commerce social <strong>et</strong> l’organisation de la<br />

production, sans que les apparences du terroir en soient affectées. Ainsi, les habitants du quartier<br />

Goudry de Tyè, installés sur le terroir de Dakola, forment une sorte d’enclave <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité.<br />

La plupart des terres qu’ils cultivent leur appartiennent en propre, ils relèvent des autorités politiques<br />

<strong>et</strong> lignagères de Tyè, ils participent aux fêtes religieuses célébrées à Tyè, <strong>et</strong> ils pratiquent l’entraide<br />

pour les travaux <strong>agricoles</strong> avec les habitants de Tyè plutôt qu’avec ceux de Dakola. Toutefois, l’autonomie<br />

sociale <strong>et</strong> économique des habitants de Goudry par rapport à leurs voisins de Dakola n’apparaît<br />

pas <strong>dans</strong> le paysage agraire. L’unité apparente du terroir se trouve par conséquent davantage commandée<br />

par des contraintes générales identiques que par des formes délibérées de collaboration entre<br />

les hommes pour l’exploitation d’un même espace géographique.<br />

1. La mobilité des exploitations a pour fonction de remédier à l’ignorance technologique qui interdit une<br />

exploitation permanente des terres ; en ce sens, elle constitue un remède à la précarité de la production. Mais, en même<br />

temps, c<strong>et</strong>te mobilité favorise le maintien d’un système de culture archaïque, oh les facteurs de production - en particulier<br />

la terre - ne peuvent pas être utilisés au maximum de leurs possibilités réelles.<br />

2. Au Yatenga, HAMMOND, 1966 (p. 29), a également relevé la médiocrité des connaissances technologiques des<br />

cultivateurs mossi: « Their efforts to modify the effects of climate, the chemistry of their soils, and the quality of the<br />

plants they grow are equally ineffective. 1)<br />

3. Cf. SAUTTER, 1962 (p. 24) : « Terroir: [.. .] espace dont une communauté agricole, définie par des liens de<br />

résidence, tire l’essentiel de sa subsistance: autrement’dit, la portion du sol environnant où se localisent les champs <strong>et</strong><br />

paît le bétail, <strong>dans</strong> la mesure où celui-ci se trouve associé d’une façon ou d’une autre à la culture. N

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