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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 223<br />

COLONISATION DE TERRES NEUVES :<br />

l’exemple de Raotenga<br />

1. Fondation de la localité <strong>et</strong> répartition des pouvoirs politiques <strong>et</strong> religieux.<br />

Raotenga a été fondé en 1936 par un Yarse originaire du quartier Yargo de La Toden; il<br />

s’appelait Sanfo Raogo, d’où le nom de la localité - Raotenga pour Raogo-tenga, ce qui signifie<br />

‘6 localité de Raogo “. Après le décès de son père, <strong>et</strong> parce que les terres exploitées par la famille étaient<br />

insuffisantes <strong>et</strong> épuisées, Raogo quitta La Toden avec la plupart de ses jeunes frères dont il avait la<br />

charge. Il vint d’abord s’établir à Namanegué (nom mossi de la localité Toba, du canton de Yaba),<br />

auprés de parents de même patrilignage ; puis il migra à Kola, où iI apprit qu’il lui serait aisé d’obtenir<br />

de bonnes <strong>et</strong> vastes terres de culture <strong>dans</strong> la brousse appartenant au village samo Koen. Raogo reçut<br />

du chef de c<strong>et</strong>te localité la permission de s’établir à l’emplacement actuel de Raotenga, à l’ouest de<br />

Yisépougo déjà habité par des <strong>Mossi</strong>. Les limites du territoire placé sous son commandement furent<br />

précisées par la suite : la localité samo Yago au nord, Yisépougo à l’est, un cours d’eau à l’ouest, <strong>et</strong> son<br />

affluent au sud.<br />

Raogo compta parmi ses premiers voisins des forgerons venus de Niességa (Yatenga) dont le<br />

nom n’a pas été r<strong>et</strong>enu; ils ne sont pas restés longtemps à Raotenga. Le premier habitant de Dakola<br />

venu à Raotenga était un Nakomse du quartier Zemkom, Ouédraogo Kougri: il avait été chassé de<br />

son lignage <strong>et</strong> de son pays natal à la suite de relations coupables avec la femme d’un de ses frères.<br />

Ouédraogo Kougri est mort à Raotenga en 1950 <strong>et</strong> y a été enterré, son unique fils est décédé en Côte<br />

d’ivoire. Durant l’année qui a suivi son installation, Raogo a accueilli auprès de lui Guiguemdé Kango,<br />

qui avait appris par Ouédraogo Kougri, son oncle maternel, que de bonnes terres étaient disponibles<br />

à Raotenga. II y vint accompagné par trois jeunes frères, <strong>et</strong> fut ensuite rejoint par un frère aîné.<br />

Kafando Tiga vint à Raotenga la même année. Par la suite, d’autres membres du lignage Guiguemdé<br />

du quartier Widi <strong>et</strong> des habitants de Loungo dont le nom est Zongo migrèrent également à Raotenga.<br />

Mais aux Yarse de La Toden <strong>et</strong> aux <strong>Mossi</strong> de Dakola se joignirent bientôt des familles originaires<br />

d’autres localités. C’est aux environs de 1945 que l’immigration semble avoir été la plus considérable,<br />

motivée par une dis<strong>et</strong>te <strong>et</strong> peut-être aussi par les multiples contraintes exercées à c<strong>et</strong>te époque par l’administration.<br />

Guiguemdé Kankanga, installé à Raotenga depuis 1958, est le dernier arrivé des émigrés<br />

de Dakola. Au cours des années, un certain nombre d’habitants de Raotenga ont quitté c<strong>et</strong>te localité<br />

à la recherche de terres neuves plus faciles d’accès que celles de la brousse de Koen; ainsi, Guiguemdé<br />

Paliguipinda <strong>et</strong> Zongo Ram se sont rendus à Koma (quartier de Moguéya), tandis que Guiguemdé<br />

Kouka s’est installé à Birou (au nord.est de Godyir).<br />

Le commandement de Raotenga fut confié au fondateur de la localité <strong>et</strong> à sa descendance par<br />

le chef de Koen. Mais celui-ci se réservait la prérogative d’accorder aux nouveaux immigrants la<br />

permission de s’installer à Raotenga. Etant Yarse, Raogo ne pouvait pas exercer les fonctions rituelles<br />

de maître de la terre au bénéfice des <strong>Mossi</strong> qui l’avaient rejoint. II demanda donc à Guiguemdé Kango,<br />

premier des émigrés de Dakola, de bien vouloir assumer c<strong>et</strong>te fonction. Celui-ci obtint de son doyen<br />

de lignage, prêtre de la terre de Dakola, la permission d’effectuer à Raotenga tous les rituels reIatifs<br />

à la terre; il n’y eut cependant aucun transfert d’autel. Dans ses fonctions religieuses, Guiguemdé<br />

Kango est assisté par Kafando Tiga venu à Raotenga peu après lui.<br />

Les fonctions de maître de la terre de Raotenga sont uniquement religieuses ; la juridiction fancière<br />

se trouve sous l’autorité du chef de la localité : c’est lui qui distribue les terres <strong>et</strong> garantit le respect<br />

des droits acquis. L’absence de coopération rituelle entre les <strong>Mossi</strong> <strong>et</strong> leurs hôtes autochtones en ce<br />

qui concerne le culte de la terre <strong>et</strong> des divinités locales semble assez général <strong>dans</strong> l’Ouest. IZARD-<br />

HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD (1959, p. 61) l’ont également observé: (( Religieusement, [les <strong>Mossi</strong>] n’ont aucun<br />

rapport avec le chef de terre Samo (ou avec le propriétaire effectif de la brousse concédée) pour l’exé.<br />

cution des sacrifices relatifs à la terre. ))

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