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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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136 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

2. Analyse de cas.<br />

Après avoir décrit comment se présente le travail agricole salarié <strong>dans</strong> la région de Dakola,<br />

on exposera rapidement quelques cas particuliers. Nous n’avons pas r<strong>et</strong>enu d’exemple recueilli à<br />

Dakola même, parce que le travail salarié n’est que rarement pratiqué <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité, <strong>et</strong> toujours<br />

sous une forme banale (c’est-à-dire, travail fourni comme un service en contrepartie d’un don d’argent<br />

antérieur).<br />

a) ARGENT GAGNÉ EN CÔTE D'IVOIRE ET REDISTRIBUÉ sous FORME DE SALAIRES.<br />

Certains cultivateurs, revenus de la Côte d’ivoire avec une importante épargne, convient des<br />

travailleurs sur leurs champs après leur avoir donné des cadeaux en numéraire. En fait, il s’agit de<br />

rechercher du prestige plutôt que du profit. Tout au plus, c<strong>et</strong>te pratique est-elle une manière profitable<br />

de distribuer c<strong>et</strong>te part d’argent qui, sous peine de sanctions graves, doit nécessairement être répartie<br />

entre parents <strong>et</strong> amis par tout individu qui rapporte des richesses de l’extérieur.<br />

b) TRAVAIL SALARIÉ POUR LE COMPTE DE SINON RASMANÉ, A ToÈssÉ.<br />

Un cultivateur peut se voir contraint de recourir à la main-d’œuvre salariée quand il lui est<br />

impossible de lancer des invitations de culture de type rabense ou sosougu, parce qu’il n’a pas une<br />

importance sociale suffisante ou parce qu’il a suscité contre lui l’hostilité de sa famille ou de ses<br />

voisins.<br />

Sinon Rasmané, fils aîné de son père, a hérité au décès de celui-ci des meilleures terres de la<br />

famille. Devenu lépreux, il voyagea durant plusieurs années avec l’espoir de trouver un remède à<br />

son mal. Pendant son absence, ses frères ont cultivé ses champs. Mais à son r<strong>et</strong>our, Sinon Rasmané<br />

exigea que ses frères lui rendissent ses terres. Il s’ensuivit un grave mécontentement au sein de la<br />

famille Sinon <strong>et</strong> de tout le quartier. C’est pourquoi Sinon Rasmané ne peut plus organiser de sosoaga<br />

<strong>et</strong> doit recourir à la maind’œuvre salariée. Comme il dispose de quelques ressources monétaires l,<br />

il arrive souvent que des cultivateurs <strong>dans</strong> le besoin lui demandent de l’argent en lui prom<strong>et</strong>tant de<br />

venir cultiver ses champs. Au cours de la saison sèche 1964-1965, il a ainsi distribué 3 350 francs CFA<br />

à vingt-deux cultivateurs. Ceux-ci se sont regroupés pour effectuer plusieurs séances de culture à son<br />

profit; il leur a fait préparer de la nourriture <strong>et</strong> de la bière de mil pour chaque séance.<br />

Sinon Rasmané conserve des relations d’amitié avec ceux qui travaillent pour lui. L’argent lui<br />

perm<strong>et</strong> de se constituer une clientèle ou plutôt de la renforcer, <strong>et</strong> de faire ainsi face à l’hostilité de sa<br />

famille <strong>et</strong> de ses voisins. Sinon Rasmané ne se sert donc pas de son argent pour exploiter la force de<br />

travail de ceux qui sont <strong>dans</strong> le besoin <strong>et</strong> pour se promouvoir sur le plan économique. Mais en même<br />

temps qu’avec son argent il assure sa subsistance par la culture de ses champs, il renforce sa position<br />

<strong>dans</strong> le contexte traditionnel.<br />

e) LE TRAVAIL SALARIÉ DE WEMINGA PAUL, A ToÈssÉ.<br />

Le cas de Weminga Paul présente l’ébauche d’une véritable transaction portant sur une quantité<br />

de travail; pour le moment, cela est exceptionnel <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te région.<br />

Durant l’hivernage 1965, Weminga Paul a loué huit fois son âne, sa charrue <strong>et</strong> ses bras contre<br />

des rémunérations monétaires. 11 a labouré: huit parcelles destinées à la culture des arachides. Il a<br />

fixé à l’avance un prix pour chaque parcelle, en tenant compte de la superficie <strong>et</strong> de la qualité du<br />

terrain. Le labour d’une superficie totale de 1,2 ha environ a exigé de lui une vingtaine d’heures de<br />

travail <strong>et</strong> lui a rapporté la somme de 1 825 francs CFA, plus un panier de sorgho blanc d’une valeur<br />

de 300 francs CFA - soit un revenu d’environ 100 francs CFA par heure.<br />

agricole.<br />

1. Sa fonction de bagbugda, devin, lui assure certains revenus en plus des ressources de son exploitation

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