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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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30 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOS%<br />

au lignage royal de Ouagadougou, se sont installés en pays ninisi <strong>et</strong> ont peu à peu imposé aux populations<br />

qu’ils y trouvèrent un contrôle politique de type centralisé. Pour échapper à la domination<br />

des <strong>Mossi</strong>, une partie de la population ninisi a ultérieurement quitté le pays. Les Ninisi qui sont<br />

demeurés sur place ont été progressivement assimilés par les <strong>Mossi</strong>. D’autre part, les chefs mossi ont<br />

autrefois exercé un contrôle politique sur la partie est du pays gourounsi-lela, jusque vers Didyir ;<br />

mais les modalités de ce contrôle ont été très variables selon les endroits <strong>et</strong> selon l’époque l.<br />

c) GROUPES SOCIO-ETHNIQUES ACTUELLEMENT REPRÉSENTÉS DANS L'OUEST. *<br />

Pour différencier les groupes humains qui forment l’ensemble mossi de l’Ouest, un seul critère<br />

ne saurait généralement suffire, car les catégories entièrement homogènes sont exceptionnelles. Des<br />

groupes différents par leur souche <strong>et</strong>hnique peuvent se confondre par une appartenance socioreligieuse<br />

commune, sociologiquement plus déterminante que la référence à l’<strong>et</strong>hnie des ancêtres.<br />

Le critère du statut politique sera primordial pour caractériser les uns, mais d’une faible utilitk pour<br />

classer les autres. Chaque groupe a tendance à privilégier ses qualités originales qui lui paraissent<br />

les plus significatives <strong>et</strong> les plus efficaces selon les circonstances, sans souci de référence à des caté+<br />

gories comparables. De ce fait, les caractéristiques de différents groupes se superposent, <strong>et</strong> il n’est pas<br />

possible d’établir une classification des groupes qui soit homogène. Comme M. IZARD l’a remarque.<br />

à propos de la soci&é mamprusi 2, (( on peut définir plusieurs critères, critère <strong>et</strong>hnique, critère de<br />

spécialisation technique, de spécialisation rituelle, d’origine historique, <strong>et</strong>c., mais ces différents<br />

critères n’épuisent pas à chaque fois la totalité des groupes )).<br />

Le statut socio-politique fournit un critère de classification verticale intéressant l’ensemble de<br />

la société. A côté de la minorité nakomse, qui se définit par son appartenance au clan issu de naaba<br />

Ouédraogo <strong>et</strong> par sa participation réelle ou potentielle à l’exercice du pouvoir, il y a les gens du<br />

commun, taise. C<strong>et</strong>te catégorie sociale est composite à tous points de vue (<strong>et</strong>chnique, religieux, <strong>et</strong>c.) ;<br />

elle comprend même un nombre appréciable de personnes qui, sans être nakomse, sont néanmoins des<br />

chefs politiques traditionnels. Les taise sont tous ceux qui n’ont pas de lien de sang étroit en ligne<br />

patrilinéaire avec des chefs nakomse actuels ou proches. C<strong>et</strong>te catégorie comprend donc les descendants<br />

d’anciennes familles nakomse depuis longtemps évincées de la sphère du pouvoir, les Nakomse<br />

déchus de leur statut social par suite de graves fautes, <strong>et</strong> toutes les personnes qui ne sont pas <strong>et</strong> n’ont<br />

jamais été nakomse.<br />

Ninisi <strong>et</strong> Nakomse se distinguent n<strong>et</strong>tement. Leurs ancêtres appartenaient à des stocks <strong>et</strong>hniques<br />

différents. Les uns étaient autochtones <strong>et</strong> les autres envahisseurs ; ceux-là ont été soumis par ceux-ci,<br />

qui contrôlent l’administration centralisée mise en place par eux. Des prétentions, des responsabilités<br />

<strong>et</strong> des prérogatives d’ordre religieux - par rapport à la terre <strong>et</strong> par rapport au pouvoir - séparent<br />

ces deux groupes.<br />

Le groupe yarse, assez répandu <strong>dans</strong> l’Ouest, présente également des caractères propres.<br />

D’origine mande, les premiers Yarse seraient venus en pays mossi sous le règne du moro-naaba<br />

Nasbiré; il est attesté qu’ils y furent déjà assez nombreux sous le règne de naaba Koumdoumyé3.<br />

La tradition orale de Dakola rapporte que naaba Kobgo était accompagné par des Yarse quand il<br />

1. Les chefs mossi ont longtemps exercé leur contrôle politique en pays gauraunsi sur des localités plutôt que<br />

sur des territaires continus ; d’aù, l’apparent enchevgtrement des aires soumises à l’influence des divers chefs.<br />

Pour un historique plus détaillé de la colonisation massi de c<strong>et</strong>te région, on se repartera à KOHLER (J. M.),<br />

Notes sur l’histoire du peuplement <strong>et</strong> la formation des commandements régiotiaux <strong>dans</strong> l’Ouest+<strong>Mossi</strong> (à paraître).<br />

2. Colloque sur les cultures voltaïques-Sonchamp, 1967 (p. 81).<br />

3. D’aprés IZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD, 1958b (p. 29), ((les Yarsé sont d’origine mandé [...] apparentés aux<br />

Diaula». PAGEARD, 1966 (p. 122), écrit à leur suj<strong>et</strong> qu’ils « sont ariginaires du Soudan occidental - des Sarakolé<br />

surtout, semble-t-il - accueillis en pays mossi depuis l’époque des Moro Naba Nasbiré <strong>et</strong> Kaumdoumié ».<br />

L’opinion du Lieutenant L. MARC (cité par TAUXIER, 1912, p. 465), selan laquelle les Yarse ne se seraient<br />

établis en pays mossi que durant le XVIII" siècle, ne peut pas être r<strong>et</strong>enue. Cf. l’opinion de MOULINS, reproduite par<br />

TAUXIER, 1912 (p. 465) <strong>et</strong> TIENDREBEOGO, 1964, (p. 17); ISARD, 1967 (p. 223), après avoir repris le point de vue de<br />

TIENDREBEOGO, ajoute que « les Nakomse auraient été suivis, <strong>dans</strong> leur déplacement vers le nord, par des tisserands<br />

mandé (sans doute bissa) originaires du nord Ghana, qui comme les Yarsé (eux-mêmes mandb) associaient certainement<br />

leur activité artisanale au commerce 1).

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