Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

72 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
parfois à eux. Les hommes composent toujours un groupe séparé pour manger, avec leurs fils adultes ;
les jeunes enfants mangent en compagnie des femmes, mais les adolescents se mettent à part, et les
adolescentes de même.
LES CONDITIONS OBJECTIVES DE LA PItBDUCTIQN
A. - DESCRIPTION TECHNOLOGIQUE.
1. Aménagement des terres.
Presque partout en pays mossi, les cultivateurs se contentent d’exploiter les terres sans les
aménager; du moins, leur effort sur ce plan est-il minime et ne s’est guère exprimé jusqu’à ce jour
par une transformation importante du paysage. Pour étendre leurs champs ou mettre en culture des
terres nouvelles, ils recourent au feu, puis nettoyent le terrain au sabre d’abattis. Mais l’épierrage
des terrains de culture n’est pas pratiqué systématiquement, rares sont les banquettes anti-érosives,
et l’existence d’aménagements hydrauliques est plus exceptionnelle encore. ROUAMBA (s.d., p. 33)
a noté que (( les tentatives d’aménagement du sol ne se situent qu’au niveau d’astuces provisoires et
localisées [ . ..] qui sont dues à l’ingéniosité de quelques rares paysans n ; IZARD-HÉRITIER et IZARD
(1959, p. 72) ont fait au Yatenga des observations semblables:
(( Les paysans mossi ne possèdent aucune technique anti-érosive, si ce n’est, en certains endroits, l’installation
de barrages de pierres ou branchages dans les terrains en pente, barrages qui retiennent la terre et finissent par créer
des sortes de terrasses peu marquées. ))
L’administration coloniale a effectué quelques aménagements hydrauliques en recourant au
travail prestataire, et ultérieurement en utilisant des machines. Parfois exigés par l’entretien des
pistes, ces travaux avaient comme in&-êt secondaire de mettre à l’abri des inondations des terrains
qui devenaient de ce fait propres à la culture. Mais l’administration a aussi tenté, en divers endroits,
de faire drainer des bas-fonds pour rendre moins aléatoires les cultures qui y étaient traditionnellement
effectuées. Dans maintes localités, les cultivateurs sont unanimes à reconnaître que ces aménagements
leur ont été profitables en augmentant les superficies des terres de culture et en instaurant une certaine
maîtrise de l’eau. Dans la plupart des cas, toutefois, ces aménagements n’ont pas été entretenus: les
digues se sont rompues et n’ont pas été réparées, les canaux se sont obstrués; et les cultivateurs se
contentent de le regretter i. Ce peu d’empressement à créer sur le terroir les conditions matérielles
permanentes d’une production régulière et proportionnelle à l’effort fourni lors des travaux culturaux
est certainement significatif. Il ne suffit pas, pour l’expliquer, d’incriminer (( le régime de la force ))
- c’est-à-dire le mauvais souvenir laisse par le travail prestataire de l’époque coloniale ; car un grand
1. Une partie du terroir de Toi-ssé ne peut plus être cultivée depuis quelques années, parce qu’elle se trouve
régulièrement inond&e pendant l’hivernage: le canal qui longe la piste menant à Yako est à moitié comblé.
-
PL. VI. - Ci-contre : Aménagement des terres.
1. Sur colline birrimienne, à Pèlla. - 2. Sur le plateau de Dakola. - 3; Sur un versant du plateau, à Dakola. -
4 et 5, Dans la zone gravillonnaire, à Dakola.