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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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124 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

Les chèvres furent prises <strong>dans</strong> le troupeau familial. Les autres produits furent ach<strong>et</strong>és au marché<br />

- soit une dépense monétaire de 2 900 francs CFA. A c<strong>et</strong>te somme il faut ajouter des cadeaux en<br />

numéraire: 200 francs CFA donnés par le bénéficiaire, 100 francs CFA donnés par son frère cad<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> 300 francs CFA donnés par un cousin du bénéficiaire - soit une somme de 600 francs CFA.<br />

Si on calcule le coût total de c<strong>et</strong>te séance de culture, en y intégrant la valeur marchande de la chèvre<br />

qui fut donnée en 1960, on obtient la somme de 7 200 francs CFA.<br />

Ce sosoaga m<strong>et</strong> en lumière à quel point les considérations d’ordre social peuvent être primordiales<br />

par rapport aux éléments économiques. Mané Nouaga n’a pas invité les cultivateurs parce que<br />

son unité de production manquait de main-d’œuvre, <strong>et</strong> il n’a pas dépensé son argent pour payer le<br />

travail fourni. Mais il s’est préparé durant plusieurs années à organiser une fête somptueuse pour<br />

renforcer les liens l’unissant à sa parenté <strong>et</strong> pour rehausser son prestige personnel. Le sarclage de son<br />

champ n’était en somme qu’une heureuse circonstance de la fête; ce travail n’était qu’un épisode<br />

<strong>dans</strong> les échanges habituels de cadeaux, <strong>et</strong> il ne constituait pas réellement un service rémunéré.<br />

L’argent épargné n’est pas investi <strong>dans</strong> le domaine économique <strong>et</strong> les surplus de production<br />

ne sont pas convertis en moyens de production supplémentaires. C<strong>et</strong> argent <strong>et</strong> ces surplus sont le<br />

plus souvent investis <strong>dans</strong> la sphère sociologique. Les biens matériels ne sont pas manipulés en fonction<br />

de leur valeur objective <strong>et</strong> en vue du profit économique maximum qu’il est possible d’en r<strong>et</strong>irer,<br />

mais ils sont estimés précieux <strong>dans</strong> la mesure où ils peuvent servir à rénover ou à créer des rapports<br />

interpersonnels <strong>et</strong> <strong>sociaux</strong>. Dans l’ordre traditionnel, un cultivateur ne peut pas asseoir sa puissance<br />

sur ses possibilités économiques en tant que telles (facteurs de production) ; sa richesse objective<br />

contribue plutôt à le placer en situation dangereuse. Le prestige <strong>et</strong> la sécurité ne sont donnés à l’individu<br />

que <strong>dans</strong> l’ordre des relations sociales, <strong>et</strong> il n’y accède que par la redistribution <strong>et</strong> la consommation<br />

communautaire de sa richesse objective. Mais c<strong>et</strong>te règle traditionnelle n’est plus respectée<br />

par tout le monde.<br />

f) SOSOU&t DE SAIiKARA OUIRAOGO, DE TOÈSSÉ.<br />

Sankara Ouiraogo est commerçant, il possède de grands champs mais manque de temps pour<br />

les cultiver lui-même. Afin de lui rendre service, son gendre invita pour un sosoaga ses parents <strong>et</strong> amis<br />

du quartier Yikemdé de Toèssé.<br />

C<strong>et</strong>te invitation de culture devait être consacrée au sarclage d’entr<strong>et</strong>ien d’un champ de sorgho<br />

blanc d’une superficie de 4,s ha. Une première séance de culture eut lieu avec une cinquantaine de<br />

travailleurs, mais elle fut interrompue par la pluie aux environs de midi. Les invités ont consommé tout<br />

ce qui avait été préparé pour eux; mais comme ils n’avaient même pas fourni quatre heures de travail,<br />

ils ont décidé de revenir quatre jours plus tard. Lors de la seconde séance de culture, le travail fut<br />

achevé par environ soixante personnes.<br />

Sankara Ouiraogo, réputé riche, s’était vu moralement contraint à fournir pour les deux<br />

séances de culture de la nourriture <strong>et</strong> de la boisson en abondance.<br />

Pour la première séance de culture, il dépensa:<br />

Sorgho rouge, pour la préparation de bière ........ 1 800 F CFA<br />

Sorgho blanc, pour la préparation de gâteau ....... 600 F CFA<br />

Riz ................................. ..\ ...... 250 F CFA<br />

Un bouc castré ................................<br />

1850 F CFA<br />

Quatre pintades ............................... 400 F CFA<br />

Condiments, pour la sauce ...................... 225 F CFA<br />

Noix de kola .................................. 900 F CFA<br />

Deux paqu<strong>et</strong>s de sucre ..........................<br />

180 F CFA<br />

Total ............................ 6 205 F CFA<br />

Tous ces produits ont été ach<strong>et</strong>és ou pris <strong>dans</strong> la boutique, hormis le sorgho produit par<br />

I’exploitant.

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