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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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214 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

individuelles de la part du personnel indigène des douanes N, soit parce que tout ce qu’ils rapportent<br />

- « marchandises, argent, moyen de transport <strong>et</strong> parfois [leurs] outils de travail )) - est (( saisi<br />

d’office )) à la place de l’argent qui leur manque pour acquitter les taxes d’entrée des marchandises 1.<br />

Quelques années plus tard, les rapports administratifs font état d’une réduction des contingents<br />

de travailleurs recrutés pour la Côte d’ivoire - sept cent cinquante manœuvres pour le cercle de<br />

Koudougou en 1937 <strong>et</strong> 1938 au lieu de mille au cours des années précédentes. Par ailleurs, un courant<br />

de migration volontaire vers la Côte d’ivoire s’est peu à peu développé, à mesure que les conditions<br />

de travail offertes aux migrants se sont améliorées. L’argent français rapporté de Côte d’ivoire est<br />

changé contre des cauris à un taux intéressant: ceux qui restent en Haute Volta sont obligés de<br />

l’ach<strong>et</strong>er pour acquitter leurs impôts. Les entreprises <strong>agricoles</strong> de la Basse-Côte qui recrutent de la<br />

main-d’oeuvre <strong>dans</strong> le cercle de Koudougou en 1937 - Elias’ Sahyoune de Gagnoa, Feller <strong>et</strong> Meier<br />

d’Oumé - trouvent des travailleurs bénévoles en nombre presque suffisant. Et <strong>dans</strong> le rapport<br />

économique annuel de 1937, le commandant de cercle de Koudougou écrit:<br />

« Plusieurs contingents de travailleurs sont revenus [de Côte d’ivoire]. Bien traités <strong>et</strong> bien payés, ces derniers<br />

ont fait une propagande active en faveur des prochains recrutements. Certains signes indiquent un revirement parmi<br />

les indigènes de la région qui chaque année allaient en Gold Coast ; ces derniers semblent manifester le désir de se rendre<br />

désormais en Basse-Côte 1) s.<br />

Le passage des migrations forcées aux migrations volontaires fut lent <strong>et</strong> incertain parce que la<br />

politique suivie en ce domaine par l’administration n’était ni n<strong>et</strong>te ni ferme. Des interventions<br />

intempestives de l’autorité faillirent comprom<strong>et</strong>tre à plusieurs reprises l’évolution qui commençait<br />

à s’inscrire <strong>dans</strong> les esprits <strong>et</strong> <strong>dans</strong> les faits. Un rapport de 1938 m<strong>et</strong> en garde contre un r<strong>et</strong>our à la<br />

politique antérieure de recrutements massifs de travailleurs :<br />

« Le recrutement de la main-d’oeuvre pour la Basse Côte perm<strong>et</strong>tra vraisemblablement de détourner le courant<br />

d’émigration des <strong>Mossi</strong> vers la Gold Coast. Toutefois il ne faudrait pas trop exagérer <strong>dans</strong> ce sens, car des recrutements<br />

massifs, comme cela a bté le cas au cours des deux derniers mois, pourraient provoquer des résultats contraires à ceux<br />

que l’on attend » 3.<br />

Durant la seconde guerre mondiale, un effort considérable a été imposé à la population, m<strong>et</strong>tant<br />

en péril l’équilibre précaire de l’économie de subsistance. Plus de sept mille ‘travailleurs furent<br />

recrutés en 1942 <strong>dans</strong> le cercle de Koudougou, dont près de mille quatre cents <strong>dans</strong> la subdivision de<br />

Yako ; deux mille de ces manœuvres ont été employés sur les chantiers du chemin de fer. Même les<br />

normes administratives n’étaient plus respectées :<br />

(( Le pourcentage des recrutés par rapport au nombre total de prestataires (86 200) est donc de 8,2 exactement.<br />

Le plafond réglementaire des recrutements étant fixé à 5 y0 du chiffre des prestataires, le cercle de Koudougou a donc<br />

fourni plus de 3/5 en sus de son contingent réglementaire de main-d’œuvre. [. . .] C<strong>et</strong>te situation ne saurait se prolonger<br />

sans provoquer des répercussions sérieuses tant au point de vue politique qu’au point de vue économique 1) 4.<br />

Plus de la moitié des hommes de Dakola actuellement âgés de cinquante ans <strong>et</strong> davantage<br />

ont été recrutés au moins une fois durant l’époque coloniale pour le (( travail forcé » en Côte d’ivoire,<br />

au Mali ou sur les chantiers de la Haute Volta. En moyenne, chacun d’eux a effectué sept mois de<br />

travaux pour l’administration ou les entreprises qui bénéficiaient de l’appui de celleeci. La proportion<br />

des manœuvres recrutés par rapport au nombre total des prestataires a été habituellement un peu<br />

supérieure à 3 %, elle a atteint <strong>et</strong> même dépassé 6 % à plusieurs reprises.<br />

Un certain nombre d’hommes atteints de maladies graves n’ont jamais été recrutés. De même<br />

ceux qui s’étaient enfuis <strong>et</strong> ceux qui jouissaient de la protection du chef de canton - rares étaient<br />

les Nakomse contraints aux travaux prestataires.<br />

1. Rwport économique semestriel, premier semestre 1934, Cercle de Koudougou, ms., Arch., C.V.R.S.,<br />

Ouagadougou.<br />

2. Dot. ms., Arch. Koudougou, C.V.R.S. Ouagadougou.<br />

3. Rapport semestriel économique, deuixéme semestre 1938, Subdivision de Yako, ms., Arch., Yako.<br />

4. Rapport politique <strong>et</strong> social, année 1942, Cercle de Koudougou, ms., Arch., Yako.

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