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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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224 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

2. La population de Ràoteuga.<br />

D’après le cahier de recensement de Raotenga établi en 1965, la localité comptait à c<strong>et</strong>te époque<br />

environ deux cent trente habitants, tous originaires du pays mossi ou issus de parents nés au <strong>Mossi</strong><br />

- 28 % d’entre eux appartenaient au groupe yarse. En hivernage 1968, on a dénombré cent vingt<br />

<strong>Mossi</strong> se rattachant à Dakola - c’est-à-dire nés <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité ou issus de parents qui en sont<br />

(ou en furent) originaires, <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enant d’étroites relations avec leur souche lignagère. C’est sur ce<br />

groupe de personnes qu’a porté l’enquête dont les résultats sont présentés ciedessous. La faiblesse<br />

numérique de l’échantillon ne perm<strong>et</strong> d’énoncer aucune conclusion générale sur les <strong>Mossi</strong> installés<br />

en pays samo ou gourounsi ; l’enquête n’avait qu’un but monographique.<br />

La répartition par sexe des <strong>Mossi</strong> de Raotenga rattachés à Dakola révèle un léger excédent du<br />

nombre des femmes. Etant donné l’ancienn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> la stabilité relative de l’installation de c<strong>et</strong>te colonie<br />

mossi, il n’est pas surprenant que la structure démographique soit à peu près normale. La répartition<br />

de c<strong>et</strong>te population par grands groupes d’age n’est guère différente de celle de Dakola: les enfants<br />

âgés de moins de quinze ans en constituent 44 %, les personnes de quinze à cinquante-neuf ans<br />

représentent 50 % de la population; quant aux vieillards, ils sont à peu près aussi nombreux que <strong>dans</strong><br />

l’ouest du <strong>Mossi</strong>.<br />

Comme les membres de la famille Zongo, originaires du quartier Loungo de Dakola, ont quitté<br />

Raotenga pour Moguéya, il ne reste à Raotenga que deux segments de lignage appartenant à des<br />

lignages distincts : les trois quarts des hommes adultes se rattachent au lignage Guiguemdé du quartier<br />

Widi de Dakola <strong>et</strong> le reste au lignage K’afando de Segden. Hormis Ouédraogo Kougri qui trouva refuge<br />

à Raotenga <strong>dans</strong> des circonstances exceptionnelles, les membres du quartier Zemkom de Dakola<br />

n’ont jamais émigré à Raotenga: <strong>et</strong>ant proches parents du chef de canton <strong>et</strong> traditionnellement peu<br />

intéressés par l’agriculture, ils estiment n’avoir aucun intérêt à (( s’enfuir en brousse ». Loin du<br />

commandement, ils perdraient les prérogatives sociales <strong>et</strong> économiques attachées à leur statut<br />

privilégié.<br />

La plupart des <strong>Mossi</strong> venus à Raotenga ont directement rejoint c<strong>et</strong>te localité aprés leur départ<br />

de Dakola; quelques-uns seulement s’étaient d’abord fixés <strong>dans</strong> des localités gourounsi. Tous présentent<br />

comme unique motif de leur migration le besoin impérieux où ils se sont trouvés de pouvoir<br />

exploiter .de vastes terres de culture pour assurer leur subsistance l. Ce motif a certainement joué<br />

un rôle primordial ; mais <strong>dans</strong> bien des cas, la décision de partir n’a été arrêtée qu’à la suite de querelles.<br />

Celles-ci ont le plus souvent opposé le futur migrant aux frères de son père décédé, ou à ses propres<br />

frères aînés. La plupart des séparations sont intervenues parce que le migrant s’est estimé lésé lors d’un<br />

partage de terres ou de bétail, ou bien à l’occasion d’un arrangement matrimonial. Souvent, le migrant<br />

a entraîné avec lui ses frères cad<strong>et</strong>s, diminuant de c<strong>et</strong>te façon le nombre des dépendants <strong>et</strong> le prestige<br />

de l’aîné dont il s’est séparé 2. En raison des conditions fâcheuses qui ont préparé de nombreux<br />

départs pour Raotenga, les cultivateurs de Dakola gardent un certain ressentiment à l’égard de ceux<br />

qui les ont quittés pour (( la brousse )). Ce sentiment peut se traduire par un léger mépris, que les<br />

cultivateurs de Raotenga se hâtent d’expliquer par une jalousie ayant pour motif leur plus grande<br />

richesse.<br />

Les <strong>Mossi</strong> émigrés de Dakola ne présentent pas de caractéristiques remarquables en ce qui<br />

concerne leur organisation sociale. Les enclos familiaux regroupent en moyenne près de douze<br />

personnes, mais c<strong>et</strong>te moyenne s’abaisse à neuf si on élimine l’enclos de Guiguemdé Kango qui<br />

.<br />

1. Le territoire de Dakola compte 86 habitants au kilométre carré; une partie de ce territoire étant formée de<br />

zones stériles, les terres de culture sont n<strong>et</strong>tement insuffisantes <strong>dans</strong> les conditions techniques actuelles de la production.<br />

La densité de la population sur le territoire de Raotenga n’est pas connue; bien que les cultivateurs se plaignent de ce<br />

que les terres commencent à s’épuiser parce qu’elles ne sont pas laissées en jachère assez longtemps, faute d’espace,<br />

chacun a la possibilité de m<strong>et</strong>tre en culture des superficies n<strong>et</strong>tement plus vastes que le cultivateur de Dakola. De<br />

nombreux cultivateurs de Raotenga cultivent de grands champs de brousse, pratique inconnue à Dakola.<br />

2. Cf. PZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD, 1958b (p. 60) : « Les départs sont mal vus par l’entourage [. . .]. On ne prévient<br />

jamais le chef [. , .]. (Tout départ se traduit pour la famille par une perte de travailleurs). »

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