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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 79<br />

bœufs qu’il possède, ce qui impose d’étroites limites à l’utilité pratique de ce bétail. Dans la région de<br />

Koupéla, E. MANGIN a fait la même observation :<br />

« II était impossible à un indigène de s’enrichir. Trop de biens auraient excité la cupidité du naba, qui aurait<br />

trouvé un prétexte quelconque pour imposer plus que d’autres c<strong>et</strong> administré trop entreprenant. Et c’est pourquoi<br />

ceux qui avaient quelques vaches, avaient bien soin de les cacher en les confiant à des Peuls 1) ‘.<br />

Avant d’entreprendre la description des modes de fumure qui impliquent un transport de<br />

l’engrais ou un parcage systématique du bétail, on notera les autres types de fumaison. La vaine<br />

pâture régulièrement pratiquée durant la saison sèche contribue à entr<strong>et</strong>enir les sols. Les troupeaux<br />

paissent les chaumes épars sur les champs de l’aire habitée; <strong>et</strong> le parc à balanzans, comme cela a déjà<br />

été relevé, est un endroit privilégié pour l’alimentation <strong>et</strong> le repos du bétail. Pendant le temps des<br />

cultures, les troupeaux sont emmenés <strong>dans</strong> les zones périphériques du terroir; quelques cultivateurs<br />

gardent leurs chèvres <strong>et</strong> moutons près des enclos, attachés à des piqu<strong>et</strong>s. Le passage du bétail à travers<br />

les champs est la cause de nombreuses querelles, parce qu’ils ne sont pas clôturés. Pour éviter que les<br />

chèvres <strong>et</strong> les moutons ne se laissent tenter par les mils en herbe, les p<strong>et</strong>its bergers poussent leurs<br />

troupeaux en courant à travers les zones cultivées, matin <strong>et</strong> soir. Mais les lents déplacements des<br />

bovins sur les sentiers qui mènent aux puits, au début de l’hivernage, sont parfois l’occasion de graves<br />

dégâts.<br />

Le procédé de fumure le plus courant <strong>et</strong> le moins efficace consiste à brûler sur les champs ce<br />

qui reste des tiges de mil de la récolte précédente ainsi que les arbustes qui ont poussé durant la saison<br />

sèche, <strong>et</strong> éventuellement à en répandre les cendres. La quantité d’engrais produite est faible, car les<br />

femmes ont antérieurement ramassé la majeure partie des chaumes qui restaient après le passage des<br />

animaux: elles s’en servent comme combustible pour faire la cuisine <strong>et</strong> cuire la bière de mil. D’autre<br />

part, le vent emporte une partie des cendres répandues sur les champs. Ce procédé de fumure est plus<br />

efficace sur d’anciennes jachères, la quantité de cendres produite y étant supérieure 2.<br />

L’enfouissement des mauvaises herbes lors des sarclages successifs est un autre procédé commun<br />

d’enrichissement des sols. Plusieurs cultivateurs engraissent certains de leurs champs par apport<br />

systématique de fumure végétale. Au moment de la préparation des terres, ils cherchent de l’herbe<br />

<strong>dans</strong> la cuv<strong>et</strong>te, au centre-sud de Dakola, pour l’étaler sur leurs champs; c<strong>et</strong>te herbe est enfouie à<br />

l’occasion des sarclages <strong>et</strong> se décompose alors <strong>dans</strong> la terre humide 3. Ce procédé est employé pour<br />

enrichir en matières organiques les sols gravillonnaires du glacis, mais aussi pour ameublir les sols<br />

compacts hydromorphes. 11 s’agit d’une pratique traditionnelle, reconnue très efficace, qui reste<br />

néanmoins exceptionnelle <strong>et</strong> ne s’applique qu’à de faibles superficies.<br />

Depuis 196.5, année qui marque le début d’une mise en culture relativement importante de<br />

la cuv<strong>et</strong>te, la préparation des sols hydromorphes de c<strong>et</strong>te zone, intervenant vers la fin de l’hivernage,<br />

s’accompagne d’un enfouissement d’engrais vert. C<strong>et</strong>te opération est facilitée depuis 1966 par le recours<br />

1. MANGIN, 1960 (p. 41).<br />

Cf. aussi DUBOURG, 1957 (p. 3 14) : « Pour un chef de zaka, de quartier ou de village, le fait de posséder un bœuf<br />

est un titre honorifique, un signe de richesse, une sorte de promotion sociale. C<strong>et</strong>te transaction [achat d’un bœufl se<br />

fait en secr<strong>et</strong> [...] pour ne pas susciter l’envie de ses voisins plus pauvres 1); <strong>et</strong> HOFFMAN, 1957 (p. 44), précise que le<br />

cultivateur u n’aime pas m<strong>et</strong>tre sa famille ou ses voisins au courant de sa richesse N. A ce propos, on peut également<br />

rappeler une exclamation de DELOBSOM, 1933 (p. 56), exclamation sans doute exagérée, mais néanmoins significative:<br />

<br />

2. ROUAMBA s.d., (p. 12), rapporte que les cendres obtenues par les feux de défrichement SUT les champs de<br />

brousse sont rapportées à l’enclos par les femmes, pour fumer les champs de l’aire habitée. C<strong>et</strong>te pratique n’a pas été<br />

observée <strong>dans</strong> la région de Dakola.<br />

3. Le paillage semble être une pratique traditionnelle <strong>dans</strong> certaines localités proches de Ouahigouya: il y est<br />

effectué avec diverses graminées récoltées à c<strong>et</strong>te fin (en particulier, Berinic<strong>et</strong>um pedicillatum, Schoenefeldia <strong>et</strong> Aristida).<br />

Les études effectuées par le Groupement Européen de Restauration des Sols (1965, vol. VI, pp. 9-12) apportent les<br />

précisions suivantes : K Sur plusieurs champs paillés en saison séche, la quantité de paille utilisée était voisine de<br />

5 tonnes par hectare. [...] Une tonne de paille provoque une augmentation de rendement de 1 quintal de grains<br />

(hypothèse provisoire). [...] Avec 5 tonnes de paille par hectare, les rendements passeraient de 7 quintaux, moyenne<br />

actuelle, à 12 quintaux par hectare cultivé. »

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