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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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158 ACTIVITÉS AGIIICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOS3<br />

les lignages de Kabré Kyendabamba <strong>et</strong> Kafando Lallé, cités par ordre d’arrivée <strong>dans</strong> le quartier, ces<br />

valeurs sont respectivement de 99 a <strong>et</strong> 78 a r.<br />

Ces indications chiffrées montrent que l’ordre chronologique d’implantation des lignages<br />

<strong>dans</strong> les quartiers ne peut pas rendre compte des inégalités entre lignages <strong>dans</strong> la répartition des<br />

droits de possession sur la terre. A Widi, le lignage le plus ancien est le plus pauvre en droits de<br />

possession. A Segden, le lignage installé en second détient des droits de possession sur des superficies<br />

cinq fois supérieures à celles possédées par le lignage dont l’ancêtre a fondé le quartier. C<strong>et</strong> ancêtre<br />

s’était contenté de cultiver les bonnes terres sur lesquelles un droit d’usage lui avait été cédé par des<br />

habitants de Tyé, alors que l’ancêtre du lignage venu plus tard a fondé un nouveau domaine agricole<br />

sur des terres moins bonnes mais demeurées libres à la périphérie du quartier.<br />

L’examen de la distribution des droits de possession entre les lignages.selon les zones agraires<br />

montre pareillement que la situation foncière actuelle résulte de multiples facteurs contingents.<br />

Les lignages les plus anciens à Dakola, ceux de Zongo Somtanaba <strong>et</strong> Guiguemdé Songa, sont les moins<br />

favorisés en ce qui concerne ces droits sur la zone du bas-fond: les superficies qui leur appartiennent<br />

<strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te zone ne représentent respectivement que le quart <strong>et</strong> 1.5 % de l’ensemble de leurs terres ;<br />

mais la majeure partie des terres cultivées appartenant à Guiguemdé Songa - les deux tiers - se<br />

trouvent <strong>dans</strong> la zone des champs périphériques. Par contre, le lignage de Guiguemde Tiliguéda,<br />

venu à Dakola bien plus tard, possède de vastes champs de bas-fond - 73 % des terres cultivées<br />

appropriées par ce lignage. Le lignage de Guiguemdé Ouango, fondateur de Segden, n’a pas de droits<br />

de possession sur la zone du bas-fond, tandis que celui de Kabré Kyendabamba, du même quartier,<br />

exerce des droits relativement importants <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te zone - ses champs de bas-fond représentent<br />

40 % des terres cultivées appropriés par son lignage.<br />

Pour expliquer avec précision la formation <strong>et</strong> le morcellement des domaines lignagers, ainsi<br />

que les modalités de l’appropriation des dernières terres disponibles <strong>dans</strong> les limites du territoire de<br />

Dakola, il aurait fallu établir un cadastre <strong>et</strong> entreprendre une enquête historiqueminutieuse. Comme<br />

on n’a pas procédé ainsi, on dira seulement que l’ordre d’arrivée des lignages à Dakola n’explique pas<br />

la répartition des droits de possession sur la terre. Après l’installation du lignage. de Guiguemdé<br />

‘Yaguedebzisi, dernier venu <strong>dans</strong> la localité, il restait encore des terrés libres. Les principaux facteurs<br />

qui devraient perm<strong>et</strong>tre de rendre compte à travers le temps de la répartition des droits de possession<br />

entre les unités lignagères concernent surtout l’évolution démographique de ces groupes, leur degré<br />

habituel de cohésion sociale <strong>et</strong> leur propension à innover. L’accès à la terre était autrefois considéré<br />

comme un droit naturel, auquel n’était associée aucune prérogative particulière. Au reste, la possession<br />

apparaissait moins importante que l’usage: mieux valait avoir des droits d’usage sur de bonnes terres<br />

que des droits de possession sur des terres moins bonnes. L’inégalité foncière actuelle a son origine<br />

<strong>dans</strong> le jeu complexe <strong>et</strong> aléatoire d’un grand nombre de causes relativement indépendantes. Les<br />

variations de volume des lignages ont conduit à l’appropriation de superficies plus ou moins étendues,<br />

entièrement utilisées par les lignages momentanément nombreux, partiellement laissées en jachère<br />

ou cédées à d’autres pour l’usage par les lignages dont l’importance numérique se trouvait réduite à<br />

la suite d’une mortalite accidentellement élevée ou du départ d’une partie des membres du lignage.<br />

L’inégalité <strong>dans</strong> la répartition des droits de possession peut également être mise en rapport avec la<br />

variation du degré de cohésion sociale selon les groupes lignagers: les groupes fortement unis sous<br />

l’autorité de leurs doyens de lignage - les habitants de Loungo ou de Zemkom par exemple - ont<br />

été autrefois peu affectés par des tendances centrifuges ; par contre, les membres de groupes moins<br />

unis ont plus facilement quitté l’espace lignager pour fonder plus loin des domaines nouveaux <strong>et</strong><br />

autonomes - ce fut le cas pour certains segments de lignage des quartiers Widi <strong>et</strong> Segden.. Enfin,<br />

pour résoudre le problème de la subsistance, les groupes sociologiquement forts ont peut-être recouru<br />

moins que d’autres à la solution consistant à créer des domaines nouveaux loin de l’espace lignager.<br />

Par ailleurs, il est certain que les habitants de Zemkom, qui se sont installés à proximité des terres<br />

fertiles du bas-fond <strong>et</strong> n’accordaient <strong>dans</strong> le passé qu’un intérêt minime à l’agriculture, ont été peu<br />

tentés de s’installer sur des terres nouvelles de qualité médiocre.<br />

1. Dia110 Kyongo, cultivateur peu1 sédentaire, ne possède pas de terre en propre.

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