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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LE RÉGIME FONCIER 143<br />

A Pilimpikou, naaba Tengzondé a reconnu comme maître de la terre un vieillard ninisi qu’il<br />

surprit en ce lieu, à l’ombre d’un jujubier. Ultérieurement, par intervention d’un de ses successeurs,<br />

la charge de maître de la terre a été enlevée aux Ninisi de Pilimpikou <strong>et</strong> confiée à des immigrés venus<br />

de Pélla (localité du Konkistenga, située à 30 km environ au sud.est de Pilimpikou). Une vive controverse<br />

oppose jusqu’à présent le lignage des Ninisi de Pilimpikou <strong>et</strong> le lignage qui détient la charge de<br />

maître de la terre par décision de l’autorité politique. Les premiers estiment être les seuls prêtres<br />

authentiques de la terre du lieu, tandis que les seconds prétendent simplement que les droits de leurs<br />

prédécesseurs sont périmés 1. En pratique, les Ninisi originaires de Pilimpikou continuent à faire<br />

des sacrifices à la terre tenga <strong>et</strong> à leur ancien tempeelem, tandis que les sacrifices solennels - notamment<br />

ceux offerts <strong>dans</strong> le cadre du commandement local - sont toujours effectués par le maître de<br />

la terre officiel.<br />

Du chef des Ninisi de Ta10 (quartier de Samba), nommé Tibo, naaba Tengzondé accepta le<br />

don d’un bélier, d’un coq blanc <strong>et</strong> d’un canari de miel ; d’après une tradition particulière, il aurait<br />

même accepté le don d’une femme. Puis il demanda à Tibo de lui choisir un emplacement où s’établir<br />

avec sa troupe, <strong>et</strong> ,d’y effectuer les sacrifices requis par les puissances surnaturelles du lieu. Depuis lors,<br />

les Ninisi de Tolo sont demeurés les gardiens du plus ancien lieu de sacrifice au tempeelem; <strong>et</strong> ils<br />

prétendent que la présence de leur doyen de lignage est nécessaire pour la bonne réalisation des<br />

sacrifices offerts à la terre par les prêtres des chefs - mais ceux-ci n’en tiennent pas compte.<br />

Jusqu’à leur départ pour Koulouéogo, sous le règne du chef de Samba naaba Bagwendé, les<br />

descendants des Ninisi de Basgoéma ont conservé la prérogative de présider aux rituels relatifs au<br />

tempeelem de c<strong>et</strong>te localité.<br />

.A Rokounga, la charge de maître de la terre est passée des mains du <strong>Mossi</strong> fondateur de la<br />

localité à un forgeron sikoaba, nommé Kafando, originaire de Kaba,<br />

Ailleurs, la charge de teng’soba a été généralement confiée à un parent de naaba Tengzondé<br />

ou à un membre de sa suite, avec mission de commander le pays - (( hommes <strong>et</strong> terres H.<br />

b) COMMANDEMENT RÉGIONAL DE BATONO.<br />

D’après la version de la cour du chef de Batono, le fondateur de ce commandement, naaba<br />

Gnignemdo, aurait trouvé la région de Batono dépeuplée. Les Ninisi qui y avaient habité se seraient<br />

enfuis peu avant son arrivée, à l’occasion du passage d’une première troupe non identifiée de conquérants<br />

ou de pillards ; naaba Gnignemdo n’aurait rencontré que les vieux <strong>et</strong> les infirmes incapables de<br />

fuir. A Batono même, le chef mossi aurait découvert un vieillard paralytique, caché sous une jarre.<br />

La tradition rapporte que naaba Gnignemdo a donné une de ses filles à ce vieillard, après que celui-ci<br />

lui eut montré où il devait installer son enclos <strong>et</strong> eut accompli un sacrifice à c<strong>et</strong> endroit - bien que le<br />

chef mossi fût accompagné par un prêtre venu avec lui de Ouagadougou (quartier Kamsaonghin).<br />

Les descendants de ce vieillard ninisi forment actuellement le lignage Tiendrébéogo, installé <strong>dans</strong> le<br />

quartier Mansago de Batono.<br />

L’alliance matrimoniale <strong>et</strong> la coopération rituelle entre un représentant des Ninisi <strong>et</strong> le chef<br />

mossi à Batono rappellent l’entente établie entre Nyonyose <strong>et</strong> <strong>Mossi</strong> <strong>dans</strong> l’oubritenga, lors de la<br />

fondation de 1’Etat de Ouagadougou. On relève toutefois entre ces alliances une différence très<br />

importante par ses implications sociales : <strong>dans</strong> l’oubritenga, c’est l’autochtone qui a donné une femme<br />

de son lignage au chef mossi, tandis,qu’à Batono c’est le chef mossi qui a donné une de ses filles à<br />

l’autochtone - les descendants de naaba Zoungrana sont les neveux utérins des Nyonyose, mais la<br />

relation.est inverse entre <strong>Mossi</strong> <strong>et</strong> Ninisi de Batono. A ce propos, on peut se reporter à c<strong>et</strong>te analyse<br />

de VERDIER (1965, p. 337):<br />

CC L’alliance matrimoniale avec l’autochtone apparaît comme un substitut, sur le plan social, de l’alliance sacrificielle<br />

avec la terre, sur le plan religieux : celle-ci justifie les droits fonciers du premier occupant <strong>et</strong> fonde la chefferie<br />

de terre, celle-là consacre l’installation de l’immigrant <strong>et</strong> légitime l’implantation de la chefferie politique. »<br />

le même<br />

1. La confusion est d’autant plus difficile à dissiper que les deux lignages portent le même nom Sama, <strong>et</strong> habitent<br />

quartier.

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