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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LE RÉGIME FONCIER 145<br />

autoritaire, une unité politique <strong>et</strong> administrative nouvelle, imposée de l’extérieur à la société lignagère<br />

établie là. La fonction de teng’soba fut r<strong>et</strong>irée au doyen de Loungo, <strong>et</strong> confiée ‘au doyen de Widi en<br />

même temps que sa fonction politique. Les deux types de fonctions sont depuis lors assumées par<br />

une seule personne appelée teng’soba, qui se porte garant devant le chef <strong>et</strong> devant les ancêtres de<br />

l’ordre social fondé sur la portion de terre qui constitue le territoire de la localité. Le teng’soba est<br />

responsable devant le chef de l’ordre politique instauré par le commandement régional; <strong>et</strong> en même<br />

temps, il est intercesseur officiel auprès de la terre <strong>et</strong> des ancêtres qui y sont enterrés, en faveur de la<br />

collectivité dont il est le prêtre parce qu’il (( commande )> la terre. C<strong>et</strong>te terre de Dakola est donc<br />

perçue comme étant à la fois un territoire soumis à une autorité politique <strong>et</strong> la terre des ancêtres;<br />

<strong>et</strong> c’est une même personne appelée teng’soba, qui est gardienne de c<strong>et</strong>te terre considérée sous les<br />

deux aspects.<br />

Sur le plan proprement foncier, le teng’soba de Dakola devait traditionnellement contrôler<br />

l’accès aux terres. Il donnait aux étrangers l’autorisation de s’installer, les terres vacantes se trouvaient<br />

sous sa juridiction, <strong>et</strong> par sa fonction il était un juge irrécusable pour les questions relatives à la possession<br />

<strong>et</strong> à l’usage des terres. A l’heure actuelle, le rôle foncier du teng’soba est médiocre: toutes les<br />

terres sont depuis longtemps appropriées par les lignages <strong>et</strong> segments de lignage, <strong>et</strong> ce sont les doyens<br />

de chaque lignage ou les chefs de quartier (lorsqu’un quartier groupe plusieurs lignages, comme à<br />

Widi <strong>et</strong> Segden) qui règlent les litiges fonciers survenant entre les personnes placées sous leur<br />

autorité. Le teng’soba n’intervient qu’en cas de contestation entre quartiers de Dakola, ou entre c<strong>et</strong>te<br />

localité <strong>et</strong> une autre localité à propos de la propriété ou de l’usage de la terre.<br />

Le pouvoir du teng’soba, d’essence sociale <strong>et</strong> religieuse, présente des particularités remarquables<br />

selon les localités. Là où un chef mossi a reconnu comme teng’soba le Ninisi qui détenait c<strong>et</strong>te fonction<br />

<strong>dans</strong> la communauté ninisi, la situation traditionnelle s’est maintenue jusqu’à présent: l’aspect<br />

religieux prime l’aspect politique ; le teng’soba détient son pouvoir de la terre elle-même <strong>et</strong> des ancêtres<br />

qui en furent les premiers occupants, la volonté du chef étranger ne l’a pas institué mais seulement<br />

confirmé <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te fonction. Le teng’soba est alors l’héritier d’une alliance religieuse primitive, qui<br />

n’a pas été essentiellement détériorée <strong>et</strong> remodelée par le pouvoir politique des chefs mossi.<br />

Pour exprimer leur autonomie religieuse par rapport au commandement du chef, les Sikoaba<br />

de Tyè répètent au moyen de leurs siffl<strong>et</strong>s le refrain suivant: « La poule a pondu de l’argent, elle ne<br />

peut le couver.. . Les Sikoaba ont leur masque, personne ne peut le ravir. Le chef a son commandement,<br />

personne ne peut le ravir. Personne ne peut ravir [le masque ou li: commandement] )). Ce.refrain<br />

signifie que nul ne peut prendre à autrui ce qui est son pouvoir propre, sous peine de ressembler à<br />

une poule incapable de couver de l’argent l.<br />

2. Répartition des pouvoirs relatifs à la terre.<br />

Batono offre l’exemple d’une situation assez conforme au schéma habituellement décrit du<br />

système politico-rèligieux mossi. Mais on a vu qu’ailleurs, après une période caractérisée par diverses<br />

formes provisoires <strong>et</strong> occasionnelles d’alliance <strong>et</strong> de coopération avec les Ninisi, les chefs mossi de la<br />

région étudiée ont généralement instauré un ordre nouveau sur les territoires qu’ils contrôlaient ‘.<br />

1. Les Sikoaba de Tyè sifflent ce refrain en présence du chef à diverses occasions, <strong>et</strong> en particulier pour prendre<br />

congé quand le chef semble vouloir les r<strong>et</strong>enir contre leur gré.<br />

2. IZARD, 1967 (p. 275), a également noté la présence fréquente de chefs de terre auprès des Nakomse en campagne<br />

pour la conquête de nouveaux territoires, <strong>et</strong> il ajoute: (( [Cela] rem<strong>et</strong> en question la relation entre maîtrise de<br />

la terre <strong>et</strong> autochtonie, mais non entre maîtrise de la terre <strong>et</strong> occupation initiale du sol, c<strong>et</strong>te notion pouvant concerner<br />

des terroirs vierges provenant de terroirs plus larges sur lesquels les têg-bisi autochtones exercent leur autorité: il y a<br />

alors association d’un têga local, fragment du têga des têg-bisi autochtones, <strong>et</strong> d’un autel apporté d’ailleurs. )) C<strong>et</strong>te<br />

explication tente de concilier les faits avec l’idée généralement admise du respect par les chefs mossi des prérogatives<br />

religieuses des autochtones en ce qui concerne la terre. Mais <strong>dans</strong> l’ouest du <strong>Mossi</strong>, la superposition de K l’autel apporté<br />

d’ailleurs )> au K têga local >) a été plus fréquente que 1’

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