Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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, 100 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOS% collectives organisées à la fin de la saison sèche, avec la participation des masques sikoaba, ont pour principal but de hâter la venue des pluies. Et il existe des vestiges d’anciens rites agraires, sans doute d’origine ninisi, dont la signification a été perdue: tel le port des masques de feuilles par les enfants à l’approche des semailles l. Les Mossi de Dakola ne pratiquent pas de grandes cérémonies spécifiquement agraires, ils n’ont pas de connaissances religieuses très élaborées concernant les plantes ou le travail. Néanmoins, les tâches agricoles sont intimement intégrées dans leur univers total. On analysera ci-dessous quelques croyances relatives aux Nyonyose, et l’application de procédés magiques à la production. 1. Les Nyonyose, gardes des mils. Les Nyonyose de chaque commandement sont investis de la charge importante de protéger les sorghos et les mils du commandement contre les entreprises maléfiques machinées par les Nyonyose étrangers. Selon des croyances communément admises, les Nyonyose des commandements voisins ou même de régions éloignées tentent de voler l’âme des mils, pour la ramener sur leurs champs et s’assurer de cette façon d’abondantes récoltes 2. Les Nyonyose peuvent voler de même les fruits des autres végétaux. Certains cultivateurs placent sur leurs champs des objets magiques capables d’écarter les Nyonyose voleurs de mil; mais cette pratique est assez rare parce que dangereuse a. Du reste, ces objets magiques ne peuvent protéger que l’âme des mils et non les cultivateurs. Ils sont surtout utilisés sur les champs de brousse isolés ou éloignés. Par contre, c’est une pratique fréquente de placer devant la case un arc tendu et deux flèches, tous les soirs à partir du moment où les épis sont formés ; ces armes doivent être à la disposition immédiate de l’âme de leur propriétaire pour le cas où des Nyonyose ennemis se seraient introduits dans son champ d’enclos à l’insu des Nyonyose amis, à qui incombe normalement la surveillance permanente de l’ensemble des champs du commandement. Les vols de l’âme des mils sont perpétrés à partir de la mi-août, après l’épiage. La plupart des tentatives ont lieu durant le jour entre onze heures et seize heures. Pour surveiller les champs, les âmes des Nyonyose parcourent alors les airs, prêts à combattre les Nyonyose étrangers. Si la récolte s’annonce mauvaise dans le commandement, les Nyonyose font des expéditions au loin pour essayer de ramener des mils. Les guerres entre Nyonyose peuvent durer plusieurs jours et se manifestent par des coups de vent ou des tornades. Ces guerres sont mortelles: celui dont l’âme 1. Les masques de feuilles sont de préférence fabriqués avec les feuillages du raisinier. On sait que cet arbre joue un rôle particulier dans la religion de diverses populations voltaïques; ses fruits servent à préparer un breuvage rituel chez les Bobo (communication orale de J. CA~RON). Au Konkistenga, dans la localité de Zoétgomdé (à environ 25 km au sud-est de Dakola), il subsiste un rite original: pour obtenir de bonnes pluies, des enfants portant dans leurs mains des feuillages s’en vont danser au moment des semailles, dans un bois, autour des restes d’une demi-douzaine de houes ninisi. (Cf. Planche photographique 1.) 2. Des croyances analogues ont été relevées chez les Kouroumba, les Dogon et les Gourmantché. (< La terre appartient aux Kouroumba, et actuellement, lorsque les cultivateurs de mil [Songhay] voient le vent d’est arriver, ils disent que les Kouroumba viennent, montés sur le vent d’est, voler l’âme du mil qui leur appartient, puisque ce sont eux les maîtres de la terre. 1) ROUCH J., Colloque SUT les cultures voltaïques, Sonchamp 1967 (p. 75). - (( Les Dogon disent également que les Kouroumba viennent voler l’âme du mil. )) DIETERLEN (ibid.. p. 76). - (( [Chez les Gourmantché], il y a des mangeurs d’âme du mil qui sont censés venir, sans autre précision, du Yatenga. )) CARTRY (ibid., p. 77). 3. Le principal instrument rituel des Nyonyose est la hache nyo-nyo lare, qui pourrait être (( l’équivalent du vent, qui fend les nuages et provoque la pluie )) ; cette hache est aussi (( l’arme la plus redoutée du Nionioga qui l’utilise contre tous les dangers, en particulier contre les forces occultes )) (PAGEARD R., 1963, p. 52). Certains cultivateurs détiennent de petites haches magiques qui leur ont été cédées par des Nyonyose: elles ont pour fonction de défendre contre les maléfices leur détenteur, ses gens et ses biens. D’autres ont été initiés à diverses pratiques magico-religieuses des Nyonyose, ce qui doit leur permettre de se défendre contre les Nyonyose ennemis tout en utilisant à leur propre profit la puissance occulte des Nyonyose. PAGEARD, 1963 (p. 67), estime qu’il s’agit d’un « détournement des pouvoirs ancestraux ».
LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 101 3 4 PL. XI. - Autels et objets magiques. 1. Autel personnel du chef de Dakola. - 2. Protection magique contre les voleurs, à Dakola. - 3. Autel des génies kinkirsi, à Zoétgomde. - 4. Hache magique nyonyose, à Samba. a été tuée se trouve condamné à mourir dans un bref délai. Quand un combat fait rage, les Nyonyose en avertissent le chef de canton, qui s’empresse de leur offrir un animal à sacrifier afin d’encourager leur vaillance et dassurer leur protection. A propos de ces guerres, l’imagination se donne libre cours. Voici, comme exemple, l’information qui a circulé dans le canton de Samba au cours du mois de septembre 1965 : « Des Nyonyose étrangers sont venus dans le canton avec l’intention de voler les mils. Actuellement, ils sont encerclés par les Nyonyose de Pilimpikou. Mais les adversaires ont parmi eux une très belle femme qui se découvre devant qui l’approche; ainsi peut-elle provoquer de violentes émotions et tuer de nombreux Nyonyose de Pilimpikou... »
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