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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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130 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOS%<br />

C<strong>et</strong>te fête de nuam a donc donné lieu à d’importantes manipulations de numéraire. L’argent<br />

a été fourni par les parents des nunumse, <strong>et</strong> pour une part par les nanamse elles-mêmes l.. C’est un<br />

phénomène récent, déploré par les personnes âgées. Les échanges de présents ont existé autrefois:<br />

on offrait des cadeaux en nature <strong>et</strong> des habits - car (( sans habits neufs, pas de nuum ! » ; mais ces<br />

cadeaux étaient modestes. Aujourd’hui, au contraire, le nuum est utilisé pour parader <strong>et</strong> afficher la<br />

richesse personnelle. Les accords qui interviennent pour normaliser les échanges de cadeaux ne sont<br />

pas respectés. De ce fait, c<strong>et</strong>te association finit par susciter des jalousies, au lieu d’entr<strong>et</strong>enir l’unanimité.<br />

La pratique actuelle du naum reflète la situation socio-économique générale: les coutumes<br />

communautaires dégénèrent <strong>et</strong> peu à peu disparaissent sous l’influence des individus qui tentent de<br />

les utiliser pour leur bénéfice personnel. K Pour participer à un nuum, il faut revenir de Côte<br />

d’ivoire ! », disent les jeunes gens. Chacun envisage sa participation au nuum en fonction du prestige<br />

qu’il compte en r<strong>et</strong>irer, l’aspect communautaire de l’association est de plus en plus méconnu. Conçu<br />

en fonction de la structure de la société traditionnelle, le nuam est condamné à disparaître : c<strong>et</strong>te<br />

institution ne pourra s’adapter à la situation actuelle caractérisée par l’individualisme; essentiellement<br />

hiérarchisée, elle ne saurait regrouper des individus qui rej<strong>et</strong>tent les autorités coutumières <strong>et</strong> contestent<br />

en même temps les nouvelles autorités.<br />

b) LE naum DE ToÈssÉ.<br />

Ce nuum présente un caractère original du fait de l’interprétation de deux sociétés différentes.<br />

Par ailleurs, il révèle la capacité de c<strong>et</strong>te sorte d’association à se transformer en intégrant certains<br />

apports nouveaux d’ordre politique <strong>et</strong> économique.<br />

Hist0ricp.w.<br />

En 1945, il existait à Toessé un nuum traditionnel. Le premier dignitaire en était le moronaaba,<br />

suivi du tan-sobu, maître de la guerre, du Yako naaba, du Dakola naaba <strong>et</strong> des autres chefs<br />

de canton de la région. Mais un ancien combattant de la seconde guerre mondiale, Sankara Vouï,<br />

eut l’idée de militariser l’association : il voulait ainsi rehausser son prestige personnel, avec le louable<br />

prétexte « de préparer les jeunes à bien s’acquitter de leurs obligations patriotiques ». Il organisa<br />

une sorte de préparation militaire pour les jeunes gens volontaires. En 1946, quatre candidats s’étaient<br />

présentés à Sankara Vouï, mais ce chiffre passa à une vingtaine dès l’année suivante. Les membres<br />

de c<strong>et</strong>te association s’appliquaient à des exercices d’observation <strong>et</strong> de marche. Afin de pouvoir réaliser<br />

une fête, ils organisèrent également des séances de culture. Au bout de peu d’années, le groupe de<br />

préparation militaire <strong>et</strong> l’ancien nuam fusionnèrent. Une hiérarchie militaire prit place à côté de la<br />

hiérarchie coutumière : un ministre de l’armée (qui supplanta le moro-naaba), un général, un colonel,<br />

suivis de tous les autres gradés de la hiérarchie militaire, un soldat de première classe <strong>et</strong> trente-quatre<br />

hommes de troupe (soit K une section ))). Par la suite, les exercices militaires furent abandonnés,<br />

<strong>et</strong> on ne s’adonna plus qu’aux activités classiques du nuam (cultures <strong>et</strong> fête). Depuis l’Indépendance,<br />

une hiérarchie administrative moderne s’est ajoutée aux deux hiérarchies précédentes: agents de<br />

commandement, personnalités politiques, chefs des divers services publics. Tous les titres sont<br />

personnalisés : les nunumse prennent le nom du fonctionnaire ou de l’homme politique qu’ils représentent<br />

- par exemple, N commandant Marcel N ou « député Grégoire ».<br />

A un moment donné, c<strong>et</strong>te institution a semblé pouvoir être utilisée à des fins politiques. Ainsi<br />

vit-on participer à la fête du nuum de 1964 un ministre, le secrétaire général de la sous-section de Yako<br />

de l’U.D.V.-R.D.A., le commandant de cercle <strong>et</strong> de nombreux fonctionnaires. Toutefois, c<strong>et</strong>te orientation<br />

ne s’est pas révélée heureuse : des conflits ont surgi <strong>et</strong> la fête suivante a été plus discrète.<br />

1. De nombreuses filles se procurent de l’argent auprès de leurs amants. Actuellement, un jeune homme<br />

ne peut pas se perm<strong>et</strong>tre d’offrir à une fille moins de 200 F CFA pour obtenir la faveur de « causer » ayec elle durant<br />

la nuit (<strong>dans</strong>la case du jeune homme).

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