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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 207<br />

Les chefs ne conservaient qu’une médiocre marge de manœuvre politique. D’après un rapport<br />

administratif de 1925 r, naaba Kom, chef de Yako, serait mort empoisonné par ses suj<strong>et</strong>s parce qu’il<br />

avait apporté une collaboration trop empressée au pouvoir colonial. Son successeur, naaba Koutou,<br />

« n’a jamais donné un ordre directement aux habitants 1) <strong>et</strong> a opposé à l’administration un comportement<br />

passif pour échapper au sort de son prédécesseur. Naaba Wobgo, qui succéda en 1925 à son<br />

frère décédé, naaba Koutou, faillit à son tour mourir empoisonné à cause de son dévouement à<br />

l’autorité coloniale. On en vint au point où l’administration se trouva <strong>dans</strong> l’obligation de protéger<br />

la vie des chefs contre (( les tentatives criminelles des populations )) :<br />

« J’emploierai tous les moyens administratifs en mon pouvoir pour protéger ce naba contre les bandits de sa<br />

province. La population veut bien un chef, mais de nom seulement, c’est-à-dire qui ne Ia commanderait pas <strong>et</strong> la laisserait<br />

tranquille 1) a.<br />

D’une part, l’autorité des chefs traditionnels s’est trouvée renforcée en étant investie d’un<br />

pouvoir coercitif étendu <strong>et</strong> puissant; d’autre part, elle s’est dégradée, provoquant la décomposition<br />

du système politique ancien. Avant la colonisation, c<strong>et</strong>te autorité était organiquement intégrée <strong>dans</strong><br />

un système social fondé sur un compromis entre le pouvoir central <strong>et</strong> les lignages, elle était intériorisée<br />

comme une donnée de la situation traditionnelle. Sous la domination de l’administration française,<br />

elle s’est transformée en un facteur de la politique coloniale, elle est devenue extérieure à la société.<br />

Pour imposer les ordres qu’ils recevaient des autorités étrangères, les chefs ont eu recours à la force<br />

qu’elles leur prêtaienr. Le nouveau type de pouvoir a engendré chez les populations une attitude de<br />

profonde aliénation ; celle-ci se manifeste jusqu’à présent par une obéissance passive qui endort<br />

l’imagination <strong>et</strong> l’esprit d’initiative. Les cultivateurs obéissent sans chercher à contester le pouvoir<br />

qu’ils subissent. C<strong>et</strong>te aliénation correspond sans doute à ce que les rapports administratifs ont<br />

appelé le (( tempérament fataliste de la population [qui] accepte comme inéluctable l’injustice du<br />

sort » 3 ,-<br />

elle explique aussi pourquoi l’administration n’a pas craint, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te société, le danger des<br />

crises politiques graves qui peuvent surgir du mécontentement public occasionné par des difficultés<br />

économiques.<br />

LES VICISSITUDES DE L’ADMINISTRATION COLONIALE<br />

L’autorité se définit <strong>et</strong> se fortifie au fur <strong>et</strong> à mesure qu’elle s’exerce pratiquement. L’autorité<br />

coloniale ne pouvait être perçue <strong>et</strong> obéie par les populations que si elle se manifestait en permanence<br />

avec une constante ferm<strong>et</strong>é. Ce ne fut pas le cas à Yako. Faute de moyens humains <strong>et</strong> matériels,<br />

l’administration de c<strong>et</strong>te subdivision fut souvent négligée. Des périodes où l’autorité s’exerçait avec<br />

une exceptionnelle vigueur alternaient avec des périodes de vacance du pouvoir. Ces variations eurent<br />

de graves conséquences sur la vie politique <strong>et</strong> économique locale.<br />

L’exemple suivant donnera une idée des eff<strong>et</strong>s de l’instabilité du pouvoir colonial. (( La subdivision<br />

de Yako fermée pendant deux mois, du ler avril au ler juin 1925, est r<strong>et</strong>ombée <strong>dans</strong> son état<br />

d’anarchie habituelle » 4: la brève interruption du commandemenr européen a eu pour conséquence<br />

1. Bull<strong>et</strong>in mensuel, Subdivision de Yako, septembre 1925, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

2. Bull<strong>et</strong>in mensuel, Subdivision de Yako, septembre 1925, ms., Arch., Abidjan (sans numéro).<br />

3. Rapport du Premier Bureau, AA. Pol. <strong>et</strong> Adm., 21 octobre 1926, Arch., Abidjan, 2 617 A.G.<br />

4. Bull<strong>et</strong>in mensuel, Subdivision de Yako, juin 1925, ms,, Arch., Abidjan (sans numéro).

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