26.12.2013 Views

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

98 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

Les auteurs signalent que les temps consacrés au défrichage <strong>et</strong> au n<strong>et</strong>toyage de la terre ne sont<br />

pas compris <strong>dans</strong> ce décompte. D’autre part, on doit noter qu’en pays mossi les semailles sont<br />

souvent répétées, <strong>et</strong> les cultivateurs procèdent à plusieurs désherbages. Enfin, les champs de céréales<br />

sont ceux qui exigent le moins de travail l.<br />

CROYANCES RELIGPEUSES, PROCÉDÉS MAGIQUES,<br />

ET PRODUCTION<br />

,<br />

La production agricole ne forme pas un domaine d’activité autonome, qui serait seulement<br />

commandé par le jeu des pressions économiques <strong>et</strong> par le savoir technologique. Les activités <strong>agricoles</strong><br />

sont en continuité parfaite avec l’ensemble des manifestations de la vie <strong>dans</strong> l’univers <strong>et</strong> <strong>dans</strong> la<br />

société, en rapport étroit avec les puissances surnaturelles. Par le travail comme par le rite, le cultiva*<br />

teur participe au processus cosmique d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> de restauration périodique de la vie. Son effort<br />

ne peut avoir un sens que <strong>dans</strong> la mesure où il coïncide avec le devenir physique, social <strong>et</strong> religieux<br />

de l’ordre voulu par Dieu <strong>et</strong> maintenu par les ancêtres - ou par ceux qui tiennent d’eux leur autorité.<br />

Les techniques de production ne sont pas efficaces par elles+mêmes. Pour obtenir les biens<br />

matériels nécessaires à la subsistance, l’entente entre les hommes <strong>et</strong> leur accord avec les puissances<br />

spirituelles sont aussi importants que leurs efforts pour les cultures. Les discordes à l’intérieur des<br />

communautés, condamnées par les ancêtres, sont essentiellement impies <strong>et</strong> elles perturbent l’ordre<br />

naturel en même temps que l’ordre social. La sécheresse, la stérilité, les maladies <strong>et</strong> les décès, le morcele<br />

lement des communautés sont les sanctions des actes qui comprom<strong>et</strong>tent gravement l’état existant<br />

des choses <strong>et</strong> des relations entre les hommes. Toutes les sortes d’impiété ont une influence funeste<br />

sur la production des biens de subsistance. Inversement, les activités <strong>agricoles</strong> sont fécondées par les<br />

initiatives qui restaurent ou renforcent l’ordre social <strong>et</strong> religieux 2. Les récoltes abondantes sont pro*<br />

mises à ceux qui vivent en paix, se conformant aux modèles de conduite légués par les ancêtres.<br />

Tous les rites, qu’ils aient pour fonction d’aménager les relations entre les hommes ou entre ceux.ci<br />

<strong>et</strong> les puissances surnaturelles, concourent à favoriser la production agricole. Mais en-dehors des<br />

croyances communes, <strong>et</strong> parfois en opposition avec elles, les connaissances magiques perm<strong>et</strong>tent<br />

à certains individus de tenter d’obtenir pour eux-mêmes des avantages supérieurs à ceux qui doivent<br />

normalement leur revenir.<br />

En 1968, les cultivateurs de Dakola ont attribué la mauvaise épiaison de leurs mils au fait que<br />

les bouchers de la localité ont tué sans précautions rituelles un grand nombre d’ânes, alors qu’autre*<br />

fois seuls les forgerons pouvaient tuer ces animaux. Quand le régime des pluies est défavorable, les<br />

cultivateurs offrent des sacrifices à leurs ancêtres <strong>et</strong> aux génies de la brousse. Les grandes chasses<br />

1. Cf. aussi MAINET <strong>et</strong>: NICOLAS, 1964 (p. 191); <strong>et</strong> RAULIN, 1963b (p. 126).<br />

2. La liaison étroite entre les activités de production <strong>et</strong> le domaine religieux est habituel <strong>dans</strong> les sociétés<br />

paysannes africaines. NICOLAS, 1963 (p. 20) a fait des observations semblables au Niger: «La plupart des rites religieux<br />

pratiqués ont pour obj<strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre aux techniques humaines d’être efficaces en sollicitant l’action du monde sur+<br />

naturel [. . .]. Le sacrifice, la priére, la vertu favorisent les succès <strong>agricoles</strong> <strong>et</strong> la mauvaise conduite prive actes <strong>et</strong> instruments<br />

d’efficacité. »<br />

PL. X. - Ci-contre :Masques de feuilles <strong>et</strong> masques de fibres.<br />

1. Tambourinaires sikoaba, à Kollo. - 2. Masques de feuilles, à Batono. - 3. Libation rituelle sur un autel sikoa. -<br />

4. Masque sikoa gazelle, à Kollo. - 5. Masque sikoa coq, à Kollo.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!