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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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56 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

chiffrés des enquêtes : des sols réputés stériles sont drainés <strong>et</strong> mis en culture par billonnage. La création<br />

de l’aire secondaire de l’habitat a constitué une autre tentative pour résoudre le problème du manque<br />

de terre, mais il ne semble pas que c<strong>et</strong>te zone agraire puisse évoluer de façon importante <strong>dans</strong> l’état<br />

actuel des techniques. Quant aux terres situées sur le plateau, elles n’ont jamais été très cultivées. Le<br />

noyau du terroir de Dakola est donc demeuré relativement fixe, ainsi que cela a déjà été suggéré par<br />

l’étude des aires d’implantation de l’habitat. Et l’évolution récente du système agraire s’est caractérisée<br />

par une intensification des cultures à l’intérieur de l’aire habitée <strong>et</strong> <strong>dans</strong> les zones fertiles mais difficiles<br />

à travailler, plutôt que par le développement de la culture extensive sur sols légers médiocres.<br />

On ne peut pas définir le système agraire de Dakola comme un « système de culture binaire »<br />

caractérisé par une complémentarité fonctionnelle importante entre un (( infield » <strong>et</strong> un (( outfield ».<br />

Néanmoins, le système de Dakola, relativement adapté aux conditions originales du milieu naturel,<br />

présente les caractéristiques générales des terroirs du pays mossi: une ceinture de « cultures de case ))<br />

autour de chaque enclos, une aire de champs soumis à une exploitation intensive, <strong>et</strong> des champs<br />

temporaires à la périphérie du terroir.<br />

Il existe <strong>dans</strong> la région étudiée, sur des emplacements géographiquement moins diversifiés<br />

que celui de Dakola, des terroirs dont le (( dispositif à auréoles concentriques » est régulier <strong>et</strong> n<strong>et</strong>tement<br />

marqué. Sur certains de ces terroirs vivent, comme à Dakola, des groupements locaux hétérogènes,<br />

ne formant pas de véritables communautés rurales ; <strong>et</strong> plusieurs de ces terroirs sont de création relativement<br />

récente. Ces observations ne concordent pas avec celles de SAUTTER (1962, p. 63) qui relève<br />

(( la coïncidence qui existe partout semble-t-il, entre les terroirs en couronnes, <strong>et</strong> la vigueur, la solidité,<br />

l’ancienn<strong>et</strong>é. des communautés rurales, leur relative indépendance, comme principe d’organisation<br />

sociale vis-à-vis des liens du sang ». Ces observations ne s’appliquent qu’aux terroirs où le dispositif<br />

en couronnes implique des liens organiques <strong>et</strong> fonctionnels importants entre les différentes couronnes<br />

de culture - ce qui n’est guère le cas <strong>dans</strong> la région de Dakola.<br />

b) LA FORME ET LES DIMENSIONS DES CHAMPS ET DES PARCELLES.<br />

Les relevés topographiques des champs de Dakola m<strong>et</strong>tent en évidence un remarquable<br />

désordre l. En général, les champs ont les formes les plus inattendues, les plus irrégulières, <strong>et</strong> apparemment<br />

les moins rationnelles. Il n’est pas rare qu’un champ de moins d’un hectare compte une<br />

vingtaine ou une trentaine de côtés. Sur le terrain, il est souvent malaisé de se représenter les formes<br />

de ces champs tout en excroissances <strong>et</strong> en étranglements.<br />

Les contraintes de la structure foncière ne suffisent pas pour expliquer la configuration des<br />

champs ; le même désordre peut se r<strong>et</strong>rouver sur une terre d’un seul tenant, appartenant à un même<br />

individu <strong>et</strong> exploitée par lui seul. L’absence d’aménagements cause certaines irrégularités <strong>dans</strong> les<br />

formes des champs : les emplacements caillouteux, les endroits que l’eau ravage <strong>et</strong> ceux où elle stagne,<br />

les places envahies par les épineux sont évités <strong>et</strong> peuvent ainsi former des îlots incultes en n’importe<br />

quel‘endroit d’un champ. Mais les irrégularités ont ordinairement des causes plus aléatoires. Souvent,<br />

elles résultent d’un abandon partiel du champ par un cultivateur que surprend la croissance rapide<br />

des mauvaises herbes à la suite de pluies rapprochées. Pour sauver ses cultures menacées, le cultivateur<br />

travaille d’arrache-pied <strong>et</strong>, s’il en a les moyens, il organise des séances de travail communautaire2;<br />

mais chaque année, une partie importante des champs ensemencés est abandonnée parce que les<br />

sarclages n’ont pas pu être effectués à temps. Comme le travail n’est pas organisé <strong>dans</strong> l’espace d’une<br />

manière méthodique, les lopins délaissés ont des formes quelconques, d’où les contours irréguliers<br />

des champs. Certaines parcelles sont abandonnées parce que les cultures qui y ont été commencées<br />

1. Le terme « champ >> désigne une étendue de terre d’un seul tenant, exploitée par une même unité de production.<br />

Le terme ) est réservé aux parties d’un champ consacrées à des cultures particulières, ou exploitées par<br />

des groupes ou des membres particuliers d’une même unité de production. Les champs d’enclos ne constituent en fait<br />

que des parcelles des champs permanents plus vastes qui s’étendent à proximité immédiate des enclos.<br />

2. Les séances de travail communautaire ne sont pas très fréquentes au moment où des pluies rapprochées<br />

resserrent au maximum le goulot d’étranglement que représente l’opération des premiers sarclages: chaque cultivateur<br />

tente de sauver en priorité ses propres cultures.

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