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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 235<br />

de leurs terres l. Et c’est avec l’argent provenant de la vente du coton à la C.F.D.T. qu’ils se procurent<br />

les biens de subsistance.<br />

Ce cas est exceptionnel <strong>dans</strong> la région étudiée. Toutefois, il vaut la peine d’être examiné parce<br />

qu’il représente une tentative intéressante de passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture<br />

commerciale, <strong>et</strong> parce que c<strong>et</strong>te entreprise constitue en quelque sorte une violation de l’ordre<br />

social <strong>et</strong> économique traditionnel. Dans une communauté vivant en économie de subsistance, chaque<br />

groupe doit d’abord s’occuper de ses cultures vivrières, quels que soient les autres services qu’il peut<br />

être amené à rendre ; ainsi, tous les artisans cultivent des céréales durant l’hivernage. Et les diverses<br />

formes d’entraide ou de solidarité sociale ne peuvent intervenir que <strong>dans</strong> le cadre d’un effort communautaire<br />

tendant à assurer en premier lieu la subsistance. En supprimant les cultures vivrières,<br />

Konkobo Nouaga <strong>et</strong> son fils ont pris des risques individuels que la communauté ne peut pas assumer ;<br />

en ce sens, ils se sont placés en dehors de l’ordre établi 2.<br />

Konkobo Nouaga <strong>et</strong> son fils vivent avec leurs femmes <strong>et</strong> leurs enfants <strong>dans</strong> un même enclos<br />

familial, mais leurs unités de production <strong>et</strong> leurs budg<strong>et</strong>s sont distincts. Le fils cultive des terres qui<br />

appartiennent à la famille <strong>et</strong> qui lui ont été cédées par son père. Nous analyserons successivement<br />

la gestion des deux unités de production.<br />

1. L’unité de production de Konkobo Nouaga.<br />

a) INDICATIONS BIOGRAPHIQUES CONCERNANT LE CHEF D'EXPLOITATION.<br />

Konkobo Nouaga est âgé de plus de soixante ans. Avant 1930, il a effectué divers séjours hors<br />

de la Haute Volta : il a travaillé durant un an <strong>dans</strong> une plantation de la région de Koumassi au Ghana,<br />

<strong>et</strong> à plusieurs reprises il s’est rendu au Mali (à San <strong>et</strong> à Mopti) pour vendre des noix de kola <strong>et</strong> rapporter<br />

des barres de sel destinées au commerce local de son canton d’origine. Puis, il s’est définitivement<br />

installé à Samba pour fonder une famille <strong>et</strong> s’adonner aux cultures. En devenant doyen d’un<br />

lignage mineur <strong>et</strong> prêtre de l’autel des ancêtres, Konkobo Nouaga a abandonné la religion islamique<br />

adoptée au cours de ses voyages. Pendant plus de trente ans, Konkobo Nouaga a cultivé le mil sur les<br />

terres qui avaient fourni la nourriture quotidienne à ses ancêtres. Sa conversion à l’agriculture<br />

commerciale ne semble pas avoir été directement préparée par des événements particuliers de sa vie<br />

antérieure.<br />

Pour expliquer c<strong>et</strong>te conversion, ce cultivateur n’invoque que des arguments économiques<br />

après avoir pris le soin d’écarter les objections relatives aux traditions:<br />

« Les ancêtres ne sont pas opposés à ce qui arrange l’homme.. : Jusqu’à l’âge de soixante ans j’ai cultivé le mil ;<br />

mais hormis la nourriture de ma famille, cela ne m’a rien rapporté. L’argent provenant de la vente de p<strong>et</strong>ites quantités<br />

de mil au marché est aussitôt utilisé. Mais la vente du coton au (( lamdo-nasaara 1) 3 procure en un seul jour une grosse<br />

somme d’argent qui perm<strong>et</strong> de faire des prévisions pour s’enrichir.. . ))<br />

b) TERRE, MAIN-D'CEUVRE ET FAçorw cm~umLEs.<br />

Le champ de coton de Konkobo Nouaga a une superficie d’environ 3,5 ha; c’est une possession<br />

héritée des ancêtres, située sur l’aire d’extension des champs permanents de la localité. En passant<br />

de la culture des mils à la culture du coton, Konkobo Nouaga a conservé ses conceptions anciennes<br />

1. Leur expérience a été suivie durant trois campagnes <strong>agricoles</strong>.<br />

2. Le chef de canton de Dakola a affirmé qu’il chasserait de son canton tout individu qui abandonnerait la<br />

culture des mils pour ne produire que du coton.<br />

3. Lamdo-nasaara: littéralement, le c Blanc du coton 1) (Zamdo: coton; nasaara: le Blanc) ; c<strong>et</strong>te expression<br />

désigne le chef de secteur de la C.F.D.T. ou un de ses employés (même s’il s’agit d’un Africain). La C.F.D.T. est perçue<br />

comme une entreprise étrangère.

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