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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 97<br />

II est souvent nécessaire d’effectuer les seconds sarclages de certains champs avant l’achèvement du<br />

premier sarclage de tous les champs : les cultivateurs se trouvent alors contraints à travailler en moyenne<br />

plus de vingt jours de huit heures par mois. C<strong>et</strong>te moyenne est considérable puisqu’elle a été établie<br />

pour l’ensemble des personnes actives de l’échantillon - y compris les malades temporaires <strong>et</strong> les<br />

personnes momentanément occupées par d’autres tâches que les travaux <strong>agricoles</strong> l; les journées<br />

de travail de neuf heures <strong>et</strong> plus ne sont donc pas exceptionnelles en c<strong>et</strong>te période.<br />

Les récoltes <strong>et</strong> le transport des produits récoltés des champs aux enclos exigent en moyenne<br />

plus de vingt jours de travail de la part des cultivateurs.<br />

Les temps de travaux consacrés aux champs individuels représentent environ le dixième du<br />

temps total de travail agricole. Il existe donc un rapport direct entre le partage du temps <strong>et</strong> la répartition<br />

des étendues exploitées en commun <strong>et</strong> individuellement: les travaux sur les champs individuels<br />

se distribuent <strong>dans</strong> le temps à peu près comme les travaux sur les champs communs, en fonction des<br />

contraintes climatiques <strong>et</strong> agronomiques. Toutefois, les champs individuels ne font pas l’obj<strong>et</strong> de<br />

travaux de préparation avant les pluies, pendant que les champs communs ne requièrent pas encore<br />

les cultivateurs. Et au mois d’octobre, les travaux sur champs individuels marquent un maximum alors<br />

que le travail sur les champs communs se relâche: la récolte des arachides <strong>et</strong> des pois de terre est une<br />

longue besogne, <strong>et</strong> les champs de coton individuels sont sarclés une dernière fois avec soin quand<br />

les façons culturales sont terminées sur les champs communs.<br />

En conclusion, il apparaît que les cultivateurs de Dakola ont, en saison agricole, un emploi<br />

du temps chargé. Durant les semaines critiques où la végétation adventice menace les cultures, les<br />

cultivateurs valides passent sur les champs de longues journées ; <strong>et</strong> il ne semble guère possible qu’ils<br />

puissent fournir un effort supérieur pendant ces semaines. L’organisation plus rationnelle de leur<br />

emploi du temps leur perm<strong>et</strong>trait sans doute d’épargner une partie de leur peine. Mais une extension<br />

importante des cultures ne pourrait être réalisée que moyennant une transformation des techniques<br />

de production - par l’introduction de la culture attelée par exemple. Dans les conditions de production<br />

traditionnelles, le développement des cultures commerciales s’effectue nécessairement au<br />

détriment des cultures vivrières.<br />

Si on compare les résultats de l’enquête menée à Dakola aux temps de travaux publiés par<br />

divers auteurs qui ont étudié des systèmes de production semblables, on constate que la productivité<br />

du travail est relativement faible à Dakola - cent jours de travail par hectare, pour un rendement<br />

moyen 2. La dépense d’énergie paraît excessive par rapport aux résultats : l’explication doit en être<br />

recherchée <strong>dans</strong> une mauvaise organisation du travail <strong>et</strong> <strong>dans</strong> le bas niveau technologique - ce<br />

dernier facteur revêtant une importance croissante à mesure que le manque de terre entraîne une<br />

intensification de l’agriculture sur des terroirs fixes.<br />

Les informations recueillies à Dakola peuvent être comparées avec celles recueillies au Yatenga :<br />

(( 60 j/ha (de travail) pour le sorgho <strong>et</strong> le mil, 80 j/ha pour les arachides, 95 j/ha pour le coton, 65 j/ha<br />

pour le maïs » (Périmètre de restauration ; s.d., vol. 1, p. 25). Mais d’après l’enquête citée, le cultivateur<br />

du Yatenga (( travaille aux champs en moyenne 250 heures par an )) seulement !<br />

Dans IZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> I-LARD (1958a, p. 132), on lit les informations suivantes, recueillies<br />

<strong>dans</strong> un village pana:<br />

« 11 faut compter 3 journées de 8 heures d’un travailleur-homme pour ensemencer un hectare en céréales ;<br />

25 journées pour le sarcler ; 15 jours pour désherber; 3 journées sont nécessaires pour couper les tiges de mil au moment<br />

de la récolte; 10 journées pour rentrer la récolte au village <strong>dans</strong> le cas d’un champ de goere, 25 <strong>dans</strong> le cas d’un champ<br />

situé sur lugole [...]. On prendra le chiffre de 65 pour valeur moyenne du nombre de journées de travailleurs-homme<br />

nécessaires pour cultiver un hectare. »<br />

1. On sait que les travaux domestiques incombant aux femmes exigent journellement beaucoup de temps (soins<br />

aux enfants, préparation des aliments, <strong>et</strong>c.).<br />

2. Dans des conditions climatiques un peu meilleures, les cultivateurs bobo-bwa m<strong>et</strong>tent en culture des superficies<br />

en moyenne doubles ou triples grâce à un niveau technologique plus élevé <strong>et</strong> à une organisation des travaux<br />

plus efficace (communication orale de J. CA~RON).

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