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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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70 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

tentés d’acquérir par la production agricole une situation économique privilégiée, avec l’intention de<br />

convertir c<strong>et</strong> avantage en puissance sociale <strong>et</strong> de changer ainsi leur statut <strong>dans</strong> la société. Même les<br />

inégalités structurelles des statuts <strong>sociaux</strong> ne créent habituellement pas d’importantes disparités<br />

économiques. Le caractère homogène du système agraire <strong>et</strong> l’ignorance technologique constituent<br />

d’autres contraintes communes. Enfin, on peut présumer qu’il n’existe actuellement pas de problèmes<br />

fonciers majeurs puisque les possibilités d’accès pratique à la terre correspondent à peu près aux<br />

capacités de production des différents groupes l. C<strong>et</strong>te uniformité des besoins, des contraintes <strong>et</strong> des<br />

possibilités est caractéristique d’une économie dominée par les problèmes de la subsistance, <strong>dans</strong><br />

une société régie par un certain égalitarisme économique 2.<br />

Bien que la société actuelle paraisse encore largement dominée par les contraintes uniformes<br />

décrites ci-dessus, divers signes laissent prévoir un changement prochain. Le contrôle collectif exercé<br />

sur les producteurs se relâche parce que les autorités politiques <strong>et</strong> lignagères qui exerçaient ce contrôle<br />

s’affaiblissent, <strong>et</strong> parce que la prééminence qui résulte de la puissance monétaire se présente d’une<br />

façon indépendante des forces sociales traditionnelles. Les encouragements donnés par les services<br />

administratifs <strong>et</strong> techniques aux individus désireux de dépasser le seuil de la subsistance contribuent<br />

à accélérer le mouvement. L’introduction de matériel de culture moderne <strong>et</strong> l’organisation du crédit<br />

agricole accroissent les possibilités des individus bénéficiaires, <strong>et</strong> créent de ce fait des inégalités<br />

économiques <strong>et</strong> sociales. D’une. façon générale, l’introduction d’une économie de profit perm<strong>et</strong>tra<br />

l’exploitation des plus pauvres, grâce à l’argent <strong>et</strong> à la propriété privée de la terre <strong>et</strong> des instruments de<br />

production. Déjà, les prix de location des houes, pulvérisateurs <strong>et</strong> charr<strong>et</strong>tes sont très élevés <strong>dans</strong> la<br />

région étudiée: les bénéfices recherchés sont considérables, sans rapport avec l’amortissement du<br />

matériel. Si, d’autre part, le travail salarié proprement dit n’est encore guère pratiqué, il a toutefois<br />

fait son apparition: des fonctionnaires distribuent de l’argent en contrepartie de travaux <strong>agricoles</strong><br />

exécutés pour eux - il s’agit souvent d’investissements à moyen ou long terme, comme la création de<br />

vergers. Ces échanges argent-travail ne se sont pas entièrement dégagés de l’univers traditionnel des<br />

relations inter-personnelles, <strong>et</strong> les fonctionnaires entr<strong>et</strong>iennent souvent à leur profit une certaine<br />

ambiguïté, surtout quand leurs partenaires sont des parents. La transformation actuelle du régime<br />

foncier, <strong>et</strong> en particulier le fait que la terre acquiert une valeur marchande, sont d’autres causes<br />

génératrices d’inégalité économique.<br />

4. Le contrôle <strong>et</strong> la distribution des biens de consommation.<br />

Les céréales constituent la base de l’alimentation des cultivateurs. Si les rendements des<br />

sorghos <strong>et</strong> du p<strong>et</strong>it mil sont en moyenne d’environ 500 kg à l’hectare à Dakola, les besoins de la<br />

population sont couverts par la production locale. Chaque personne active cultive en eff<strong>et</strong> près de<br />

90 a de céréales en moyenne pour se nourrir elle-même <strong>et</strong> nourrir 1, 3 personne à charge - enfant ou<br />

vieillard -, or on sait que la ration journalière d’une personne est d’environ 450 g de céréales 3.<br />

Toutefois, il existe pour l’alimentation d’importantes disparités entre les groupes de consommation,<br />

dues à d’inégales récoltes <strong>et</strong> à la différence des systèmes de distribution mis en œuvre.<br />

1. Dans les localités où certaines catégories d’unités de production accaparent les meilleures terres, la distribution<br />

des superficies moyennes cultivées par travailleur subit une distorsion: les unités ne disposant que de terres<br />

médiocres doivent cultiver plus pour subvenir à leurs besoins.<br />

2. Egalitarisme économique ne signifie nullement économie communautaire. Certes, les <strong>Mossi</strong> pratiquent depuis<br />

toujours le travail communautaire de diverses manières, <strong>et</strong> il existe des formes d’assistance communautaire. Le comportement<br />

économique des <strong>Mossi</strong> est néanmoins depuis longtemps foncièrement individualiste, <strong>et</strong> il semble même que<br />

ce caractere ait contribué à renforcer l’égalitarisme: pour mieux se protéger, l’individu veut être assuré que son voisin<br />

ne peut pas le dépasser.<br />

3. (( En géneral, on estime qu’il faut compter sur un minimum de 400 grammes de mil par jour <strong>et</strong> par personne,<br />

pour éviter la sous-alimentation. )) HOFFMAN, 1957 (p. 49). D es sondages effectués à Dakola, perm<strong>et</strong>tent de penser<br />

qu’en saison sioche, la ration journalière de 450 grammes par personne adulte est dépassée.

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