Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

226 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
techniques, leur autonomie religieuse. A propos des migrants originaires du Yatenga, IZARD-HÉRITIER
et IZARD (1959, p. 114) ont récusé « certaines conclusions hâtives notamment en ce qui concerne
l’attachement des émigrants à leur village d’origine [. . .]. On a voulu décrire un attachement profond,
d’origine religieuse, or rien de tel n’est révélé par l’observation directe. 1)
L’enquête n’a pas permis de déterminer si l’enracinement dans le terroir de Raotenga de la
communauté mossi originaire de Dakola constitue un phénomène banal ou exceptionnel. D’après
des informations qui nous ont été communiquées oralement par M.-G. RÉMY, l’ensemble de la
population mossi installée dans la région de Toma se caractériserait, au contraire, par une assez grande
mobilité l. Mais cette mobilité diminuera sans doute parallèlement au renforcement de la colonisation
mossi dans cette région.
Dans la situation transitoire, toute installation demeure plus ou moins sous le signe de la
précarité. Une communauté offrant les apparences d’un réel attachement à son lieu d’implantation
peut être amenée à migrer de nouveau pour les raisons les plus variées. Etant donné l’importance
généralement réduite des groupes de parenté qui s’établissent ensemble sur les terres neuves, le départ
d’une fraction du groupe - qu’il soit motivé par des raisons sociologiques ou économiques -affecte
l’équilibre et la stabilité de la communauté restante. Seules des études comparatives permettront
d’établir à partir de quel seuil le volume démographique des communautés et l’ancienneté de leur
installation constituent des facteurs déterminants et irréversibles de l’enracinement des communautés
de colons dans leurs terroirs d’accueil. A défaut de certitude, on a retenu comme une hypothèse
vraisemblable que les émigrés de Dakola installés à Raotenga ont atteint ce seuil - en particulier
les membres du patrilignage Guiguemdé.
1. En ce qui concerne les Mossi implantés dans la vallée du Sourou, IZARDXÉRITIER et FLARD, 1959 (p. 63),
ont noté: CC Les Mossi se considèrent comme chez eux dans leur nouveau village: nul n’envisage d’aller finir ses jours
là où il est né, non plus que de retourner cultiver avec ses parents. Seuls les sacrifices familiaux doivent être faits par le
chef de la grande famille et nkcessitent un déplacement. »