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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES 225<br />

- avec trente-cinq personnes - constitue un cas aberrant. L’importance numérique moyenne des<br />

enclos familiaux de Raotenga est donc peu différente de celle des enclos de Dakola.<br />

Les hommes célibataires représentent un bon quart de l’ensemble de la population masculine<br />

âgée de vingt ans au moins. Les polygames, qui forment plus du tiers des hommes mariés, accaparent<br />

la moitié des femmes - la proportion des polygames est plus élevée à Raotenga qu’à Dakola ; il en<br />

rksulte des tensions sociales aboutissant souvent à des enlèvements de femmes l. La plupart des<br />

femmes de Raotenga sont originaires de la région de Dakola, les relations matrimoniales avec les<br />

Samo sont exceptionnelles - un seul mariage avec une femme samo.<br />

Les unités de production regroupent en moyenne 3,6 travailleurs - hommes <strong>et</strong> femmes âgés<br />

de quinze à cinquante-neuf ans -, ce qui est peu différent de Dakola. Mais près de la moitié des<br />

unités comptent seulement un ou deux travailleurs, <strong>et</strong> le quart des unités sont composées de trois<br />

travailleurs. L’organisation sociale de la production économique est donc très morcelée 2.<br />

3. Formation d’une communauté rurale.<br />

Les deux tiers des hommes âgés de plus de dix-neuf ans sont nés à Dakola; la plupart des<br />

autres sont nés en pays samo, soit à Raotenga même, soit <strong>dans</strong> une autre localité où leurs parents<br />

s’étaient fixés pour quelques temps. Par rapport à l’ensemble de la population, les personnes nées à<br />

Raotenga forment à l’heure actuelle la majorité. Ceux qui meurent <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité y sont enterrés,<br />

<strong>et</strong> leurs funérailles sont célébrées sur place. Quand il s’agit des funérailles solennelles d’un vieillard,<br />

ses parents de Dakola se rendent à Raotenga avec les obj<strong>et</strong>s rituels requis pour les cérémonies. Ainsi,<br />

le sol étranger devient une terre sacrée en recevant en son sein les corps de ceux qui, sans doute, seront<br />

bientôt considérés comme les ancêtres de la communauté. Chaque saison marque un progrès de l’en<br />

racinement des hommes de Raotenga <strong>dans</strong> leur terroir: de nombreuses naissances <strong>et</strong> de bonnes<br />

récoltes assurent la prospérité de la communauté ; <strong>et</strong> à la grande satisfaction des cultivateurs, la formation<br />

progressive d’un parc à balanzans constitue le signe tangible d’une stabilité féconde <strong>et</strong> prom<strong>et</strong>teuse.<br />

Les récoltes ne sont plus considérées comme étant seulement le produit objectif <strong>et</strong> aléatoire<br />

d’un effort individuel sur une terre étrangère, mais on croit qu’elles sont données à la communauté<br />

<strong>dans</strong> la mesure où ses membres vivent en harmonie entre eux <strong>et</strong> en accord avec les puissances surnaturelles.<br />

Les sacrifices effectués sur les autels de Raotenga affermissent les liens entre les hommes <strong>et</strong><br />

leur nouvel univers géographique, <strong>et</strong> ils leur donnent un contenu sacré. Cependant, c<strong>et</strong>te évolution<br />

vers l’autonomie religieuse de la communauté n’est pas achevée, car la majeure partie des habitants<br />

de Raotenga n’a pas encore ses propres autels d’ancêtres 3. Les membres du lignage Guiguemde sont<br />

obligés de se rendre à Dakola pour les rituels qui doivent nécessairement se dérouler en présence de<br />

ces autels - en particulier pour le port des feuillages par les femmes enceintes, <strong>dans</strong> les sanctuaires<br />

des ancêtres de leurs maris. Sans doute faudra-t-il attendre la disparition de la première génération<br />

des colons de Raotenga pour que la nouvelle communauté soit considérée comme vraiment majeure<br />

<strong>et</strong> reçoive les obj<strong>et</strong>s sacrés lui perm<strong>et</strong>tant de s’adresser directement à ses propres ancêtres.<br />

L’attachement des émigrés à la terre natale de leurs pères est lié à l’impossibilité provisoire où<br />

ils se trouvent placés par des interdits de pratiquer eux-mêmes diverses techniques rituelles leur assu-<br />

.rant sécurité <strong>et</strong> prospérité. C<strong>et</strong> attachement diminue sensiblement lorsqu’ils acquièrent, avec ces<br />

1. Au cours de l’hivernage 1968, quatre célibataires de Raotenga se sont enfuis en Côte d’ivoire avec des jeunes<br />

filles enlevées.<br />

2. Il n’est pas possible de présenter de conclusions sur les migrations des <strong>Mossi</strong> de Raotenga en Côte d’ivoire<br />

- l’échantillon étant trop réduit. Lors de l’enquête, les émigrés représentaient 9 % de la population, dont six hommes<br />

pour dix personnes. La plupart de ces migrations ont eu pour motif des enlèvements de femmes.<br />

3. L’autel des ancêtres du lignage Kafando se trouve actuellement à Raotenga, entre les mains du doyen de ce<br />

lignage. Celui-ci n’a pas jugé utile de rentrer à Dakola pour exercer les fonctions religieuses dont il a hérité en 1965,<br />

car aucun interdit n’empêche le transfert de c<strong>et</strong> autel.<br />

L’autel du lignage Guiguemde ne doit pas être transféré.

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