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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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FORMES PARTICULIÈRES D’ORGANISATION DU TRAVAIL 119<br />

bilités matérielles. Mais quand il s’agit du sosougu d’une personne prééminente, les cultivateurs se<br />

sentent obligés de se rendre à la séance de culture parce qu’ils craignent que leur abstention n’entraîne<br />

de fâcheuses conséquences pour eux <strong>et</strong> leur famille.<br />

Lorsque la décision de lancer une invitation de culture est arrêtée, le K maître du sosoaga )),<br />

soso-sobu l, recherche d’abord un organisateur, soso-lw~u, chargé de faire les invitations <strong>et</strong> de diriger<br />

la séance de culture - car il ne convient pas que ces fonctions soient assumées par le bénéficiaire du<br />

sosougu. Ceux qui veulent rendre service en allant à une invitation ne doivent pas, en eff<strong>et</strong>, négocier<br />

ce service avec celui qui doit en bénéficier; mais ils peuvent discuter des conditions concrètes du<br />

service avec l’envoyé du bénéficiaire - notamment pour fixer une date. A mesure que les fonctions<br />

du sosougu se transforment, quand les aspects <strong>sociaux</strong> l’emportent sur les aspects économiques, l’organisateur<br />

change de rôle: le soso’~usu devient un animateur de fête. C<strong>et</strong> organisateur peut être un<br />

parent, mais il est le plus souvent un voisin ou un ami. Il ne r<strong>et</strong>ire aucun bénéfice tangible du sosougu<br />

qu’il organise, mais il renforce les liens qui l’unissent au bénéficiaire de la séance de culture, <strong>et</strong> son<br />

nom est associé à celui du bénéficiaire <strong>dans</strong> les louanges proférées à l’occasion d’un sosoaga réussi.<br />

Une dizaine de jours avant la date prévue pour l’invitation de culture, l’organisateur se rend<br />

<strong>dans</strong> les enclos du quartier qui sera invité <strong>et</strong> aux réunions publiques - marchés <strong>et</strong> séances de<br />

culture -, pour annoncer le sosougu <strong>et</strong> engager les cultivateurs à s’y rendre. Il précise le nom du<br />

bénéficiaire du sosougu, la situation du champ où doit avoir lieu le rendez-vous de travail, <strong>et</strong> la date<br />

prévue. Si d’autres séances de culture sont déjà annoncées pour c<strong>et</strong>te date, le sosougu peut être r<strong>et</strong>ardé.<br />

L’organisateur ne fait pas allusion aux biens qui seront offerts lors du sosoagu.<br />

Le jour du sosougu, les cultivateurs vont d’abord sur leurs champs personnels, selon leur<br />

habitude. Puis vers neuf heures, au lieu d’aller travailler sur les champs communs de leur exploitation,<br />

ils se rendent à l’invitation de culture, appelés par un tam-tam. Il a déjà été noté que certains cultiva*<br />

teurs ne se rendent au sosougu qu’à la miiournée, peu avant l’heure du repas, après avoir travaillé<br />

tout le matin sur leurs propres champs.<br />

Quand le sosougu dure la journée entière, l’organisateur fait arrêter le travail au début de<br />

l’après-midi. Une pause d’une demi-heure à une heure est consacrée au repas <strong>et</strong> au repos. Le travail<br />

de l’après-midi dure d’habitude jusqu’à dix-sept heures. Lorsqu’il s’agit d’un sosouga d’une demijournée,<br />

le travail commence dès sept heures <strong>et</strong> se termine peu après midi par la consommation d’un<br />

repas ou de bière de mil (nourriture <strong>et</strong> boisson ne sont pas nécessairement associées lors des sosose<br />

qui ne durent que la moitié d’un jour). L’emploi du temps est différent quand il s’agit d’un sosougu<br />

de prestige: la part du travail est réduite, le repas se prolonge par des conversations animées, <strong>et</strong> l’ambiance<br />

est égayée par les chants <strong>et</strong> les <strong>dans</strong>es des femmes au rythme des tam-tams.<br />

Lorsqu’une pluie forte <strong>et</strong> persistante empêche la réalisation d’un sosougu au jour prévu, la<br />

séance de culture est quelquefois reportée au lendemain ou à plus tard. Dans ce cas, la nourriture <strong>et</strong><br />

la boisson préparées peuvent être gardées pour le jour suivant, ou bien elles sont distribuées. Si la<br />

pluie ne survient qu’après le début du travail, la nourriture <strong>et</strong> la boisson sont aussitôt consommées<br />

par les cultivateurs présents ; le travail est repris si la pluie cesse, sinon les travailleurs proposent parfois<br />

de fournir plus tard une aide au soso-SO~U pour le dédommager de ses frais. Comme il pleut à peu près<br />

une journée sur deux en moyenne au mois d’août (pluies intermittentes), il y a toujours grand risque<br />

de voir les invitations de culture interrompues ou supprimées - c’est&dire peu de travail ou pas de<br />

travail pour une dépense identique.<br />

Sur le plan technique, le sosougu ne présente aucun caractère original. Les travailleurs se<br />

répartissent par groupes d’âge <strong>et</strong> avancent en ligne en divers endroits du champ, avec leurs outils<br />

habituels. Il n’y a pas de distribution explicite du travail, pas de commandement. Il peut paraître<br />

étonnant que l’organisation du travail ne soit pas plus rigide pour des séances de culture qui rassemblent<br />

parfois un grand nombre de personnes; mais les habitudes règlent l’improvisation. Si l’organisateur<br />

du sosougu n’a pas à proprement parler une tâche de commandement, il doit néanmoins être<br />

1. Soso-soba: maître du sosoaga, désigne le cultivateur qui fait un sosoaga. On l’appellera aussi bénéficiaire du<br />

sosoaga, pour le distinguer de l’organisateur du sosoaga (le soso-pusa) qui lance les invitations de travail (pxse: saluer,<br />

inviter) <strong>et</strong> sert d’intermédiaire entre le soso-soba <strong>et</strong> les travailleurs.

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