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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PR.ODUCTION AGRICOLE 75<br />

Hormis quelques bas de versants proches des enclos r, les collines birrimiennes de la région de<br />

Dakola n’ont pas été aménagées. Elles sont considérées par les cultivateurs comme une zone de champs<br />

périphériques, <strong>et</strong> malgré l’excellente qualité de leurs sols, elles n’ont qu’une importance secondaire<br />

<strong>dans</strong> le système agraire. Ces collines sont profondément ravinées par les eaux de ruissellement, <strong>et</strong> les<br />

masses de terre arrachées à leurs flancs forment plus loin des nappes de colluvions argileuses assez<br />

riches. Malgré c<strong>et</strong>te érosion intense <strong>et</strong> l’absence d’aménagements, les collines demeurent fertiles<br />

grâce à un processus de formation constante <strong>et</strong> relativement rapide de sols nouveaux à partir de la<br />

roche-mère.<br />

Les facteurs qui sont à l’origine de la réalisation des aménagements sont difficiles à définir<br />

avec précision ; mais une évolution récente <strong>dans</strong> le sens d’une extension <strong>et</strong> d’un perfectionnement<br />

des aménagements perm<strong>et</strong> d’ém<strong>et</strong>tre des hypothèses. Il semble que la forte densité de l’occupation<br />

du sol <strong>et</strong> le manque de terrains de culture qui en est résulté aient poussé les cultivateurs à récupérer<br />

des terres en les aménageant <strong>et</strong> à les protéger contre l’érosion. L’étroitesse de la zone propre à l’habitat<br />

<strong>et</strong> aux champs permanents alentour, mise en rapport avec l’importance traditionnelle des .champs de<br />

l’aire habitée <strong>dans</strong> le système agraire mossi, explique que les plus importants aménagements ont été<br />

effectués sur ces champs. En raison de leur situation topographique, ces champs sont du reste soumis<br />

à une érosion importante, <strong>et</strong> il ne serait sans doute pas possible de les cultiver longtemps de façon<br />

quasi permanente sans les aménager. En somme, la qualité supérieure des sols a contribué à créer<br />

d’importantes concentrations de population <strong>et</strong> par voie de conséquence un manque de terre; l’une<br />

des solutions apportées à ce manque a consisté <strong>dans</strong> l’aménagement des champs, les migrations <strong>dans</strong><br />

le cadre du terroir n’étant guère possibles. Ces aménagements sont relativement récents à Dakola:<br />

ils ont coïncidé avec l’expansion démographique, qui a d’abord entraîné l’extension des zones<br />

cultivées.<br />

Dans les localités où les terres de culture restent abondantes, on n’observe généralement pas<br />

d’aménagements: la mobilité des exploitations perm<strong>et</strong> de résoudre les problèmes posés par l’épuisement<br />

des sols ou leur pénurie en un lieu particulier. En d’autres termes, tant que la mobilité reste<br />

possible, les aménagements apparaissent inutiles <strong>dans</strong> l’optique de l’agriculture traditionnelle.<br />

Dans le cadre du système agraire ancien, ce n’était pas le régime foncier qui créait des obstacles<br />

à l’aménagement des terres, c’était l’instabilité: la plupart des droits de culture étaient quasi permanents,<br />

mais une relative abondance des terres perm<strong>et</strong>tait les migrations périodiques des exploitations.<br />

A Dakola, où les terres sont maintenant insuffisantes, divers signes indiquent que le régime foncier<br />

constituera de plus en plus un obstacle à la réalisation d’aménagements: le possesseur de la terre<br />

veut éviter que l’usager ne puisse prétendre à de nouveaux droits qui seraient fondés sur des travaux<br />

d’aménagement, <strong>et</strong> l’usager n’est pas enclin à investir ses efforts sur une terre dont il n’est pas assuré<br />

de pouvoir conserver l’usage.<br />

2. Le parc.<br />

,Les zones d’occupation dense du sol se distinguent par l’existence de parcs homogènes à<br />

karités ou à balanzans. Tandis que le karité est assez uniformément répandu sur les terroirs, les peuplements<br />

de balanzans se rencontrent surtout <strong>dans</strong> les quartiers les plus anciens - ce qui appuie<br />

l’hypothèse selon laquelle les parcs à balanzans auraient été créés par les Ninisi antérieurement à<br />

l’arrivée des <strong>Mossi</strong> 2.<br />

1. De nombreux enclos de Pèlla sont installés au bas des versants des collines.<br />

2. D’après IZARD-HÉRITIER <strong>et</strong> IZARD, 1959 (p. 71), les parcs à balanzans du Yatenga semblent remonter aux<br />

populations dogon <strong>et</strong> samo qui peuplaient le pays avant la conquête mossi; <strong>et</strong> les <strong>Mossi</strong> auraient par la suite introduit<br />

le karité, le néré <strong>et</strong> le tamarinier. Ces auteurs ajoutent qu’ « au balanzan, les <strong>Mossi</strong> préfèrent le karité dont on mange<br />

les fruits ». A Dakola, toutefois, on remarque plutôt une tendance à remplacer les karités par des balanzans <strong>dans</strong> les<br />

nouveaux quartiers, <strong>et</strong> il ne semble pas qu’il s’agisse d’une tendance récente; quoi qu’il en soit, les parcs à balanzans<br />

ont toujours été entr<strong>et</strong>enus <strong>et</strong> ces arbres n’ont jamais été remplacés par des karités.

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