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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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204 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

LE POUVOIR DES CHEFS<br />

SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE<br />

L’administration française a longtemps entr<strong>et</strong>enu quelques illusions sur les possibilités <strong>agricoles</strong><br />

du <strong>Mossi</strong> - divers proj<strong>et</strong>s de mise en valeur en témoignent; mais la principale ressource de c<strong>et</strong>te<br />

colonie était sa main-d’oeuvre, systématiquement exploitée sur des chantiers extérieurs <strong>et</strong> sur les plantations<br />

de la Côte. L’expansion démographique, qui devait alimenter les courants de main-d’œuvre<br />

prestataire, constituait l’un des premiers critères de la prospérité de ce pays. Dans ce contexte, le<br />

développement de l’agriculture présentait cependant un caractère de necessité : préserver l’équilibre<br />

vivrier compromis par l’accroissement de la population <strong>et</strong> par la ponction permanente de travailleurs.<br />

Par ailleurs, l’administration a imposé des cultures d’exportation, <strong>et</strong> elle a tenté de les développer<br />

en fonction des besoins de la métropole; ces cultures constituaient une autre atteinte à l’économie<br />

traditionnelle.<br />

Pour rationaliser l’exploitation économique du pays, l’administration coloniale avait l’ambition<br />

de refaire la société colonisée selon un modèle conçu par elle, <strong>et</strong> aucun domaine de la vie sociale <strong>et</strong><br />

économique ne devait échapper à son contrôle ou se développer selon une voie originale. La domination<br />

devait être totale, même pour les détails de la vie quotidienne. Chaque localité devait se transformer<br />

en un village-modèle, construit d’après un plan élaboré au cercle, <strong>et</strong>.certains administrateurs’<br />

n’ont pas hésité à prescrire des réglementations aux détails les plus insignifiants:<br />

« [. . . J 6O Exiger que les gens se lavent <strong>et</strong> lavent leur linge fréquemment <strong>et</strong> avec du savon.<br />

70 Balayer chaque jour les cases <strong>et</strong> les cours.<br />

80 Creuser loin de leurs cases une fosse <strong>et</strong> y j<strong>et</strong>er les ordures.<br />

90 Interdire que les gens aillent satisfaire leurs besoins à proximité des cases ; construire à<br />

c<strong>et</strong>te fin des cases rondes avec puits à, fond perdu bouché par des canaris [. . .]. »<br />

L’auteur de ces prescriptions a enjoint aux chefs de canton de « tenir ferme à l’exécution rapide<br />

de ces ordres 1) : K Le chef de subdivision <strong>et</strong> moi exercerons un contrôle sévère au cours de nos prochaines<br />

tournées » 1.<br />

Cependant, les interventions de l’administration étaient plus lourdes de conséquences <strong>dans</strong> le<br />

domaine de la production agricole. La culture du riz <strong>et</strong> du coton étaient imposées sur des champs<br />

collectifs 2. Pour échapper à ces contraintes, des familles entières ont fui leurs communautés <strong>et</strong> leurs<br />

terroirs. Des gardes de cercle <strong>et</strong> des goumiers étaient envoyés <strong>dans</strong> les localités aux divers moments<br />

de la saison agricole:<br />

a Des le mois de mai, des gardes avaient été envoyés pour faire, préparer les étendues de terrains nécessaires à<br />

une production normale de sorgho <strong>et</strong> des autres produits vivriers, surtout à une récolte six ou sept fois plus importante<br />

d’arachides. Ils sont r<strong>et</strong>ournés sur place fin juin <strong>et</strong> début juill<strong>et</strong> pour s’assurer que les ensemencements étaient faits;<br />

ils y r<strong>et</strong>ourneront en août, septembre <strong>et</strong> octobre pour veiller au désherbage des champs » 3.<br />

Après les activités de production, c’est l’usage des produits qui était contrôlé par l’administration.<br />

Elle imposait N la constitution de réserves collectives, de réserves pour semences, de réserves<br />

familiales [...] <strong>et</strong> de stocks de produits destinés à l’alimentation de troupes <strong>et</strong> de tous les services<br />

C.V.R.S.<br />

Yako.<br />

1. Note de l’administrateur de Koudougou aux chefs de canton, Koudougou, 14 novembre 1941, ms., Arch.,<br />

Ouagadougou.<br />

2. Bull<strong>et</strong>in mensuel de novembre 1925, Cercle de Koudougou, ms., Arch., C.V.R.S. Ouagadougou.<br />

Pour la culture obligatoire du coton sur champs de village, cf. annexe IV.<br />

3. Rapport économique, deuxième trimestre 1934, Cercle de Koudougou, Sudbivision de Yako, ms., Arch.,

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