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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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202<br />

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ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOS%<br />

La description des seules activités <strong>agricoles</strong> ne saurait conduire à une explication globale des transformations<br />

socio-économiques, l’étude des phénomènes d’ordre politique y est nécessaire.<br />

Une autre raison rend indispensable de rapporter l’évolution des structures de production à<br />

celle des structures politiques : c’est l’influence immédiate exercée par les autorités administratives<br />

sur les activités de production depuis l’époque coloniale jusqu’à présent.<br />

L’organisation politique centralisée, traditionnellement dominée par une aristocratie peu<br />

nombreuse, avait remodelé en un système original l’ancienne structure lignagère à tendance égalitaire.<br />

Sous la domination coloniale, le pouvoir des chefs coutumiers s’est transformée en force de coercid<br />

tion. Et ‘la vie politique contemporaine est encore commandée par les séquelles de la situation<br />

coloniale, mais de nouvelles forces sont à l’œuvre. Ce qui est surtout important <strong>dans</strong> les relations<br />

sociales de nos jours, c’est de s’assurer une position forte pour se protéger contre les exactions des<br />

puissants <strong>et</strong> s’imposer aux faibles. Le principe de cohésion de c<strong>et</strong>te société réside essentiellement<br />

<strong>dans</strong> une certaine structure des rapports politiques, <strong>et</strong> c’est précisément c<strong>et</strong>te structure qui est d’abord<br />

mise en question’ par les <strong>changements</strong> .actuels. L’évolution des formes de l’autorité rend donc bien<br />

compte de la dynamique sociale, les déterminations économiques restant momentanément secondaires<br />

là où elles demeurent traditionnelles. Mais la société ancienne se désintègre; <strong>et</strong> à mesure que<br />

l’autorité se morcelle <strong>et</strong> se dégrade à tous les niveaux, des innovations économiques modernes<br />

s’avèrent possibles.<br />

QRGANISATIQN LIGNAGÈRE ET PQUiVQIR CENTRALISÉ<br />

AVANT LA CQLQNISATIQN<br />

En reprenant un point de vue commun à de nombreux auteurs, ILBOUDO (1968, p. 26) affirme<br />

que « les Etats mossi sont constitués d’un ensemble de divisions administratives s’emboîtant les<br />

unes <strong>dans</strong> les autres ». Selon KABORE (1966, p. 96), chaque chef de canton, <strong>dans</strong> l’impossibilité<br />

d’intervenir directement <strong>dans</strong> l’administration des localités, N laisse le plus souvent un représentant<br />

de sa cour, un fils ou un homme de confiance, auprès du chef de village pour assurer en permanence<br />

la bonne administration de celui-ci 1). L’organisation administrative de l’empire mossi se serait conformée<br />

à un modèle unique, homogène <strong>et</strong> rigoureusement hiérarchisé, le pouvoir central étant servi<br />

par un corps de fonctionnaires spécialisés. Un système permanent de prélèvements, de taxes <strong>et</strong> de<br />

prestations aurait fourni à l’organisation administrative le fondement économique nécessaire. Dans<br />

Coutumes messies.. . (1933, p. 13), on lit que chaque « chef de canton fixait la quantité de cauris <strong>et</strong> de<br />

céréales à prélever <strong>dans</strong> chaque village en tenant compte du nombre d’habitants N; <strong>et</strong> DELOBSOM,<br />

auteur présumé de l’ouvrage cité, donne par ailleurs des précisions sur l’importance <strong>et</strong> les modalités<br />

de l’imposition 1.<br />

Nous pensons que c<strong>et</strong>te image de l’organisation administrative traditionnelle reproduit la<br />

théorie élaborée par le pouvoir central, <strong>et</strong> qu’elle a été précisée sous l’influence du contrôle colonial<br />

<strong>et</strong> selon ses modalités. S’arrêtant <strong>dans</strong> la cour du moro-naaba avant la colonisation, BINGER (1892,<br />

p. 504) avait remarqué ceci :<br />

« Quoique Naba Sanom fasse administrer son pays par 333 naba, comme il le dit avec emphase, ses revenus<br />

ne sont nullement réglés. II vit d’aumônes <strong>et</strong> d’offrandes qui lui sont portées en vue d’obtenir justice ou de lui faire<br />

quelque réclamation. »<br />

1. DELOBSOM, 1933.

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