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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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188 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

Dans la grande majorité des mariages pztg-dure, l’aîné qui détient le droit de donner une femme<br />

en mariage accorde directement celle-ci à l’individu bénéficiaire l. C<strong>et</strong>te pratique présente l’avantage<br />

de créer des liens plus directs <strong>et</strong> plus contraignants entre le donateur <strong>et</strong> celui qui reçoit la femme, au<br />

bénéfice du premier. Quand un chef de lignage donne une femme à un individu important ou à un<br />

jeune homme qui s’est enrichi en Côte d’ivoire, il peut en attendre plus d’avantages matériels que<br />

s’il la donne à un chef de lignage âgé en lui laissant la liberté de l’attribuer à n’importe qui. Les possibilités<br />

économiques individuelles sont souvent prises en considération avant le statut traditionnel de<br />

l’individu <strong>dans</strong> la société. Bien que ces pratiques matrimoniales continuent à créer des liens entre<br />

lignages par l’intermédiaire des individus concernés, elles m<strong>et</strong>tent en évidence la dégradation du<br />

système lignager. C’est seulement <strong>dans</strong> moins de 8 % des mariages pug-siure que la femme à marier<br />

est confiée à un chef de lignage qui sera libre de la garder pour lui-même ou de l’accorder à un de ses<br />

dépendants.<br />

Toutes les femmes données en mariage à Pilimpikou par un chef de canton ou par un proche<br />

parent du chef l’ont été avec l’exigence de la compensation matrimoniale pug-siure. Les mariages<br />

avec une femme donnée par un chef représentent plus de 3 % de l’ensemble des mariages, ce qui<br />

suggère la relative importance du contrôle exercé par les chefs sur les circuits matrimoniaux: chaque<br />

chef a des droits de type pugkure sur plusieurs centaines de femmes réparties <strong>dans</strong> les localités de son<br />

commandement <strong>et</strong> ailleurs. Les mariages pug-siure avec des femmes n’appartenant qu’à la parenté<br />

éloignée ‘d’un chef mossi constituent environ les trois quarts des mariages coutumiers contractés<br />

avec de telles femmes (hormis les cas d’héritage de veuves). Et les quatre cinquièmes des mariages<br />

coutumiers (hormis l’héritage) contractés avec des femmes appartenant à des lignages du commun<br />

sont de type pug-siure. Les pourcentages des mariages pug-siure par rapport à l’ensemble des unions<br />

ne varient pas beaucoup en fonction de l’appartenance socio-<strong>et</strong>hnique des donneurs de femmes,<br />

sauf pour les Ninisi. Alors que la proportion des mariages pug-dure est de 46 % par rapport à l’ensemble<br />

des mariages, elle n’est que de 27 % pour les femmes ninisi.<br />

Le don d’une femme à un chef de canton ne saurait comporter l’exigence d’une compensation<br />

matrimoniale, car aucun suj<strong>et</strong> ne peut imposer des contraintes personnelles à un chef. Il en est de<br />

meme pour les dons de femmes accordés aux fils d’un chef, à ses parents les plus proches ou aux<br />

dignitaires puissants du commandement: on évite d’indisposer ces personnages dangereux par l’exigence<br />

d’une compensation qu’ils ont toute liberté d’oublier par la suite. Chez les Nakomse ordinaires,<br />

les mariages pug-dure représentent la moitié des mariages - soit un pourcentage légèrement supérieur<br />

à la moyenne. Ce pourcentage est le plus faible chez les Sikoaba - 44 -, <strong>et</strong> le plus élevé chez les<br />

Nyonyose - 60. C!hez les Mowamdo <strong>et</strong> chez les Ninisi, les mariages de ce type constituent respectivement<br />

48 <strong>et</strong> 46 % de l’ensemble des mariages.<br />

Tout monogame étant virtuellement polygame, l’étude des mariages monogamiques actuels<br />

ne présente pas d’intérêt en soi. Mais l’examen de la fréquence du mariage pug-siure en fonction de la<br />

polygamie révèle une augmentation parallèle de c<strong>et</strong>te fréquence <strong>et</strong> du taux de polygamie: de 42 % de<br />

mariages de ce type pour l’ensemble des mariages avec la première épouse, ce pourcentage passe à<br />

soixante-quatre pour les mariages procurant une cinquième épouse ou un nombre d’épouses supérieur.<br />

L’importance sociale <strong>et</strong> économique d’un homme augmentant en même temps que le nombre de ses<br />

femmes, les alliances sont les plus profitables <strong>et</strong> donc les plus recherchées avec les individus déjà<br />

polygames - mis à part les chefs qui sont trop puissants, <strong>et</strong> ceux qui partagent directement leur<br />

pouvoir. L’augmentation progressive du pourcentage des mariages pug-dure parallèlement à celle du<br />

taux de polygamie doit également être mise en relation avec la diminution pareillement régulii-re des<br />

mariages par consentement mutuel <strong>et</strong> par héritage de veuves au fur <strong>et</strong> à mesure de l’accroissement<br />

du taux de polygamie. Un homme qui a plusieurs femmes est passé du côté de ceux qui profitent de<br />

1. Les pratiques de mariage actuelles ne se conforment généralement plus au modele traditionnel du mariage<br />

mossi défini par IZARD, 1967 (p. 278), comme « un système d’échange entre budu [lignages] avec répartition des femmes<br />

reçues à l’intérieur du budu ». La description donnée par SKINNER, 1964 (p. 22), se réfère également au passé: « When<br />

a man wished to give a daughter to a friend as a wife, he had to consult his Boodkasma, who than gave the woman<br />

to the friend’s Boodkasma. The latter accepted the woman as a wife for the lineage rather than for the man involved. ))

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