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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LES MODALITÉS DE LA PRODUCTION AGRICOLE 65<br />

L’argent joue parfois un rôle important <strong>dans</strong> l’éclatement des unités de production. Quand<br />

un cultivateur se refuse à partager ses épargnes selon les exigences communautaires - si, par exemple,<br />

il refuse d’en investir une partie au bénéfice de l’exploitation commune -, il doit se séparer de ses<br />

parents <strong>et</strong> créer une exploitation autonome. Les hommes qui rapportent de Côte d’ivoire une<br />

épargne importante, les cultivateurs qui pratiquent avec profit le commerce des noix de kola ou des<br />

bandes de coton, les bouchers <strong>et</strong> certains artisans sont portés à se montrer jaloux de leur autonomie<br />

économique.<br />

La tendance à l’éclatement des unités de production est contrariée par les aînés dont l’intérêt<br />

est de maintenir sous leur contrôle direct le plus grand nombre possible de travailleurs. Quand leurs<br />

dépendants sont leurs fils ou p<strong>et</strong>its-fils, ou leurs frères, les aînés parviennent encore assez souvent à<br />

conserver l’unité du groupe de production qu’ils dirigent; mais il n’en est pas de même lorsque les<br />

liens de parenté ne sont pas aussi étroits. Dans neuf unités de production sur un total de soixant<strong>et</strong>rois<br />

r, un ou plusieurs fils ou p<strong>et</strong>its-fils mariés demeurent auprès de leur père ou de leur grand-père.<br />

Dans onze unités, un ou plusieurs frères cad<strong>et</strong>s mariés restent auprès de leur aîné. Sur dix-huit<br />

hommes mariés vivant à Dakola <strong>et</strong> ayant un père vivant <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité, treize demeurent auprès<br />

de leur père <strong>et</strong> cinq ont fondé des exploitations séparées ; sur trente-sept frères mariés n’ayant plus<br />

de père vivant à Dakola, vingt-quatre 2 sont regroupés <strong>dans</strong> des unités de. production communes<br />

(formées par deux frères au moins avec leurs familles) <strong>et</strong> treize ont créé des exploitations indépendantes.<br />

Normalement, les femmes âgées doivent être nourries par leurs maris ou par les héritiers des<br />

maris défunts. Cependant, il n’est pas rare que ceux-ci négligent leurs devoirs, en sorte que ces femmes<br />

se trouvent <strong>dans</strong> l’obligation de produire elles-mêmes les biens nécessaires à leur subsistance, surtout<br />

quand elles n’ont pas de fils adulte auprès de qui se réfugier. Elles forment alors des unités de production<br />

distinctes, particulièrement précaires. Le sort ainsi réservé aux vieilles femmes n’est pas nouveau<br />

en pays mossi ; A. A. D. DELOBSOM (1933, p. 244) 1’ a d é’à J relevé en généralisant ses observations<br />

d’une façon sans doute abusive:<br />

« Lorsqu’une femme devient vieille, elle ne cultive plus avec son mari. Elle a son champ particulier <strong>et</strong> se nourrit<br />

comme bon lui semble, l’époux ne s’occupant plus d’elle <strong>et</strong> n’assurant plus son alimentation N 3.<br />

2. Champs communs <strong>et</strong> champs individuels.<br />

Les membres actifs de chaque unité de production cultivent en commun un ou plusieurs champs<br />

dont le produit est destiné à assurer la subsistance du groupe. Les travailleurs sont généralement<br />

occupés sur ces champs de neuf heures du matin à cinq heures du soir, tous les jours de la semaine<br />

à l’exception du vendredi 4. Lorsque des pluies abondantes rendent urgents les premiers sarclages,<br />

le chef d’exploitation peut exiger que les travailleurs se rendent sur les champs communs dès le lever<br />

du jour. Mais en dehors du temps obligatoirement consacré à la culture des champs communs, chaque<br />

1. Les unités de production des Peu1 - au nombre de quatre - ne sont pas comptées.<br />

2. Dix unités de production regroupent dii frères cad<strong>et</strong>s <strong>et</strong> leurs aînés, chefs des exploitations - soit vingt<br />

hommes mariés ; <strong>et</strong> une exploitation groupe trois frères cad<strong>et</strong>s autour d’un aîné, soit quatre hommes mariés.<br />

3. D’après KABORE G. V., 1966 (p. 41), « les plus âgées des femmes du souverain ont des servantes qui leur<br />

préparent à manger <strong>et</strong> qui cultivent leurs champs )) ; mais DELOBSOM, 1933 (p. 74) , estime que le sort des épouses âgées<br />

des chefs n’est pas plus enviable que celui des femmes mariées à des hommes du commun. Dans la région de Dakola,<br />

les épouses âgées des chefs sont souvent obligées de subvenir elles-mêmes à leurs besoins. Cf. aussi Marie-André du<br />

Sacré-Cœur (Soeur), 1938 (p. 21) : c Le mari doit nourrir ses femmes <strong>et</strong> ses enfants ; cependant, certains chefs, qui<br />

possèdent un grand nombre d’épouses, négligent complètement ce devoir, laissant à chacune de leurs femmes le soin<br />

de pourvoir à son entr<strong>et</strong>ien personnel <strong>et</strong> à celui de ses enfants. 1)<br />

4. La coutume de chômer le vendredi, introduite par les Yarse, est à l’heure actuelle respectée par tous les<br />

cultivateurs. Il n’en fut pas toujours ainsi. Cf. TAUXIER, 1912 (p. 555) : « Pendant la saison des pluies, il n’y a pas<br />

généralement de jour de repos. Cependant, quelques <strong>Mossi</strong> ont pris, sur ce point, les coutumes de leurs voisins varsé<br />

<strong>et</strong> se reposent le vendredi. »<br />

3

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