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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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74 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

nombre de ces aménagements ont contribué directement à améliorer, durant de longues années, les<br />

conditions de vie des cultivateurs, même après le (( régime de la force 1). II ne suffit pas non plus<br />

d’avancer que les aménagements hydrauliques ne sauraient être pratiqués que par des riziculteurs,<br />

alors que les <strong>Mossi</strong> se sont spécialisés <strong>dans</strong> la culture des mils sur terres sèches, abandonnant leurs<br />

rares rizières à la volonté capricieuse des génies maîtres des marigots. Et le recours aux moyens mécaniques<br />

n’apparaît pas davantage indispensable. Des amhnagements même sommaires suffiraient <strong>dans</strong><br />

bien des cas pour ouvrir à la culture des terres de bas-fond propices au sorgho ou au coton.<br />

C’est un fait de civilisation que le <strong>Mossi</strong> exploite la terre sans l’aménager. C’est un indice du<br />

bas niveau technique de son système agraire. II est vrai que les structures sociales mossi n’ont pas<br />

facilité l’organisation des groupements permanents de travail collectif que de grands aménagements<br />

auraient rendu nécessaires. Les tensions fréquentes entre lignages <strong>et</strong> un individualisme prononcé<br />

rendaient quasi impossible l’organisation de tels groupements par la base ; quant au pouvoir politique<br />

central, il n’a jamais contrôlé avec rigueur <strong>et</strong> continuité l’organisation de la production ni les conditions<br />

techniques de c<strong>et</strong>te production.<br />

Par ses aménagements, le terroir de Dakola constitue une exception par rapport à la plupart<br />

des terroirs du pays mossi ; mais à ce point de vue, il est représentatif d’autres terroirs situés entre les<br />

collines birrimiennes. De plusieurs types <strong>et</strong> adaptés aux différentes zones du terroir, ces aménagements<br />

paraissent importants <strong>dans</strong> le paysage mossi, bien qu’ils soient modestes en comparaison des réalisations<br />

que l’on rencontre <strong>dans</strong> plusieurs régions du sud-ouest de la Haute Volta l.<br />

A Dakola, on observe des champs épicrrés en maints endroits du plateau. Habituellement,<br />

l’épierrement est effectué au fur <strong>et</strong> à mesure des travaux culturaux <strong>et</strong> des années, <strong>et</strong> se traduit par de<br />

nombreux tas de pierres proches les uns des autres. L’importance médiocre de ces amoncellements<br />

donne la mesure du proj<strong>et</strong> d’aménagement: il s’agit surtout de faciliter les opérations culturales, <strong>et</strong><br />

secondairement d’accroître la superficie cultivable. L’épierrage est conçu comme une tâche accessoire<br />

des travaux culturaux <strong>et</strong> non pas comme une opération préalable de mise en valeur des sols. Ce type<br />

d’aménagement embryonnaire se rencontre même sur des sols ingrats.<br />

On a déjà noté que les aménagements les plus importants ont été effectués sur les champs de<br />

l’aire habitée, c’est-à-dire sur les versants du plateau <strong>et</strong> s-w le glacis qui les prolonge. Les pierres ont été<br />

rassemblées de manière à former de p<strong>et</strong>ites mur<strong>et</strong>tes qui courent le long des pentes, parallèlement<br />

aux courbes de niveau. Les eaux de ruissellement accumulent de la terre au-dessus de ces mur<strong>et</strong>tes <strong>et</strong>,<br />

par endroits, il se forme ainsi des banqu<strong>et</strong>tes. Mais le cultivateur ne crée jamais de véritables terrasses,<br />

de façon délibérée <strong>et</strong> en une opération unique, avec de la terre rapportée derrière des murs de soutènement<br />

construits en pierres sèches - ce stade technique n’a pas été atteint. Dans la majorité des cas,<br />

d’ailleurs, le but poursuivi par le cultivateur est simplement d’empêcher les eaux de ruissellement<br />

d’emporter le fumier répandu sur le champ. Parfois, le cultivateur édifie des mur<strong>et</strong>tes secondaires<br />

qui coupent perpendiculairement celles construites en travers des pentes, de façon à former un<br />

quadrillage. Ces mur<strong>et</strong>tes secondaires servent à délimiter des parcelles, mais il ne semble pas qu’elles<br />

aient une utilité technique. Leur existence pourrait même constituer une indication sur la portée<br />

limitée de ce système d’aménagement : sans doute ont-elles fréquemment pour seule cause une surabondance<br />

de débris de cuirasse <strong>et</strong> l’incapacité ou le refus de concevoir des aménagements plus importants<br />

avec de véritables terrasses sur pierres sèches 2.<br />

Les terres de bas-fond ne sont pas aménagées à Dakola: on n’y trouve aucun système stable<br />

d’irrigation ou de drainage. Mais depuis quelques années, un effort est tenté pour la mise en culture<br />

par drainage de la cuv<strong>et</strong>te au sud de l’aire habitée 3.<br />

1. On se reportera, par exemple, à la description des aménagements réalisés par les Bwaba de la région de<br />

Houndé : SAVONNET, 1960.<br />

2. Une étude comparative des systèmes de culture sur terrasses pratiqués en Afrique de l’ouest perm<strong>et</strong>trait<br />

d’apprécier le niveau technique des différents systèmes. Il est vraisemblable que le degré d’évolution technologique de<br />

certains de ces systèmes de culture a été surévalué.<br />

3. Les essais de culture entrepris <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te cuv<strong>et</strong>te seront décrits <strong>dans</strong> la partie de c<strong>et</strong>te étude consacrée aux<br />

façons culturales.

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