Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

176 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
PROMESSE DE MARIAGE ET MARIAGE
1. - LES OBLIGATIONS DU FIANCÉ.
Dès l’âge de quatre ou cinq ans, la plupart des fillettes sont promises en mariage; mais elles
ne rejoignent leurs maris qu’à l’âge de dix-sept ans ou davantage. Pour les filles de chef, la promesse
de mariage n’est généralement accordée que plus tard, quand elles ont atteint l’âge nubile. Lorsqu’une
fille est promise, on désigne par le terme ‘4 mari”, siida, l’homme qui peut espérer la recevoir un jour
comme épouse. Celui-ci contracte à partir de ce moment des obligations particulières, dites reemdo 1,
à l’égard des parents de sa future épouse qu’il appelle ses beaux-parents, reemba. Plutôt qu’un événement
unique, le mariage est une suite d’événements, un processus au cours duquel se renforce progressivement
l’alliance qui doit unir .deux groupes sociaux par l’échange matrimonial. Relativement
lâches aussi longtemps que la fillette promise est petite, les relations entre un homme et le lignage
de son futur beau-père s’intensifient à mesure que se rapproche le moment où pourra se réaliser
concrètement le mariage:
Le comportement désigné par l’expression pug-belongo 2 consiste à rechercher la faveur d’un
homme pour obtenir une épouse de lui ou par son intermédiaire. Le prétendant fait de fréquentes
visites à la personne qu’il veut obliger en vue de son mariage, il lui rend des services et lui offre de
menus cadeaux - tabac, cola, bière. A partir du moment où la promesse de mariage est accordée,
c’est un courant régulier de dons et de services qui s’instaure au bénéfice des futurs beaux-parents.
Ces relations passent par diverses phases nettement distinctes.
Le sosgu 3 est la première invitation adressée à un homme en vue de lui accorder une femme:
« Viens, nous allons causer ». Cette invitation peut être faite par celui qui a le droit de promettre
une femme - le chef de lignage - ou, après entente avec ce dernier, par l’individu qui sert d’intermédiaire
dans la tractation matrimoniale - le père de la jeune fille à marier, un de ses frères ou de ses
oncles paternels, ou bien un neveu utérin. L’invité offre de la bière de mil et un coq aux aînés du
lignage qui le reçoivent. Quelque temps après le sosgu, c’est le tom-yugri 4: la promesse ferme de
donner telle fille en mariage est prononcée par le. doyen de lignage ; cette entrevue est organisée
quand l’intéressé a réuni les cadeaux qu’il veut offrir - au moins de la bière de mil et un coq. Le
korgo-bumbu 5 consiste en une visite à la future belle-mère, au cours de laquelle le fiancé offre des
pintades et du sel. Plus tard, ce sera le moment du mwembo 6: une chèvre et du gâteau de mil sont
envoyés aux aînés du lignage,de la fiancée, contenus dans un panier couvert par un van. Tandis que
le panier est rendu vide à ceux qui l’ont apporté, le van n’est pas aussitôt restitué: il sera rapporté
un peu plus tard par des parentes de la jeune fille. Dans l’enclos familial du fiancé, ces femmes seront
chargées de cadeaux - c’est le pelebsego 7. Quand la jeune fille est devenue nubile, un an ou seulement
1. Reemdo, de reembu: beaux-parents.
2. Pug-belongo, de pug (rad. de paga) : femme, et de belem: