Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

ANNEXES 189
l’ordre social établi et qui emploient leur autorité à le maintenir, il cherche à accroître son pouvoir
dans le cadre du système traditionnel et condamne les mariages pratiqués en-dehors des voies qu’il
contrôle - en particulier les rapts et les mariages avec des femmes évadées. D’autre part, les aînés
préfèrent recevoir de leurs alliés et amis des jeunes femmes pug-siure plutôt que d’hériter de veuves
âgées.
La variation de la fréquence du mariage pug-siure en fonction de la polygamie suggère comment
varie cette fréquence en fonction de l’âge des hommes, puisque le taux de polygamie s’accroît régulièrement
en même temps que l’âge. Le pourcentage des mariages pug-siure augmente parallèlement
à l’âge des hommes. L’étude de la variation de cette fréquence en fonction de l’âge des femmes donne
des résultats inverses : tandis que 55 %, des femmes de moins de trente ans sont mariées selon la
coutume pug-siure, ce pourcentage tombe à moins de 30 % pour les femmes âgées de soixante.dix ans
et plus, et la diminution est régulière pour les tranches d’âge intermédiaires. Cette variation s’explique
par l’accroissement, parallèlement à l’âge des femmes, du pourcentage des mariages par
consentement mutuel avec des veuves Iibres ou par héritage de veuves.
Les écarts d’âge sont donc souvent considérables entre époux mariés selon la coutume pug-siure.
Dans 96 % des cas, l’âge de l’homme est équivalent ou supérieur à l’âge de la femme r. Tandis que
pour les époux d’âge égal, les mariages pug-siure représentent 34 % de l’ensemble des unions, le nombre
de ces mariages atteint environ sept sur dix pour la catégorie des époux ayant un écart d’âge égal ou
supérieur à trente-cinq ans - l’homme étant l’aîné ; entre ces deux extrêmes, le pourcentage des
mariages @q+tre augmente régulièrement à mesure que les écarts d’âge entre époux s’accroissent.
C’est que, d’une part, les hommes importants déjà âgés reçoivent souvent en mariage des jeunes
femmes: le prestige et le plaisir qu’ils retirent de telles unions assurent un maximum d’avantages à
leurs alliés ; d’autre part, un grand nombre des mariages entre époux à peu près de même âge ont été
contractés par consentement mutuel, alors que leur position sociale interdit pratiquement aux
hommes âgés les mariages non conformes à la coutume.
2. Le mariage par don.
a) DÉFINITION.
Le mariage par don, sans compensation matrimoniale, est la seconde forme du mariage coutumier.
Mais ce type de mariage est beaucoup plus rare que le mariage pug-siure, il ne représente que
le cinquième des cas de mariage conclus en accord avec les aînés qui ont le droit de donner en mariage
les filles de leurs lignages (hormis les cas d’héritage de veuves). Cette forme de mariage est choisie
dans deux situations opposées: quand la femme donnée N ne vaut plus rien N à la suite d’un
déshonneur, ou bien pour satisfaire et honorer un homme qui a obligé le donateur de la femme.
Une fille coupable d’une faute grave - par exemple, une grossesse avant le mariage - ne (( vaut N
pas de compensation matrimoniale. Si elle appartient à un lignage du commun, elle est généralement
amenée avec discrétion chez son mari, par l’intermédiaire d’un neveu utérin de la famille ; si elle est
membre d’un lignage nakomse de la proche parenté d’un chef, elle est envoyée à un chef étranger
à la famille, qui la garde pour lui-même ou la donne à un de ses parents. Au contraire, un homme
peut donner une de ses filles sans exiger de contrepartie quand il veut manifester sa reconnaissance
et son attachement à un bienfaiteur ou à un ami intime.
b) ANALYSE.
Dans plus de 95 % des mariages par don, la femme est accordée directement à l’individu bénéficiaire;
rares sont les dons de femmes à des chefs de lignage en tant que tels.
1. Les écarts d’âge entre époux sont inférieurs à dix ans dans la quasi totalité des mariages pug-dure où la femme
est plus âgée que l’homme.