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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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90 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOS%<br />

Le premier sarclage, koobo (ce terme désigne toutes les opérations de houage), consiste à<br />

ameublir le sol, mais surtout à désherber. Les mauvaises herbes sont coupées au niveau des racines,<br />

puis elles restent étalées, plus ou moins recouvertes de terre, en attendant de pourrir. Un second <strong>et</strong><br />

un troisième sarclage peuvent s’avérer nécessaires, mais ils ne présentent jamais le même caractère<br />

d’urgence que le premier <strong>et</strong> ils sont parfois négligés. Les cultivateurs de Dakola ne pratiquent pas le<br />

buttage, estimant c<strong>et</strong>te opération culturale aussi inutile que fatigante l.<br />

Les récoltes, koolgo (de koole: m<strong>et</strong>tre en tas), exigent attention <strong>et</strong> travail. Les épis de mil sont<br />

coupés au fur <strong>et</strong> à mesure de leur maturation. Un champ peut être récolté d’une seule traite lorsqu’il<br />

porte une même variété végétale ou des variétés à cycle végétatif identique, <strong>et</strong> si les semis ont été<br />

effectués au même moment. Mais le cultivateur est souvent contraint d’échelonner la récolte d’un<br />

même champ quand celui-ci a été ensemencé à plusieurs reprises ou porte des variétés végétales<br />

différentes. Les hautes tiges de sorgho des champs fumés <strong>et</strong> des champs de bas-fond sont ramenées<br />

à terre pour qu’il soit possible d’atteindre les épis. Quand le sorgho ou le p<strong>et</strong>it mil offre les épis à portée<br />

de la main, le cultivateur se contente souvent de les couper afin de gagner du temps <strong>et</strong> de se ménager,<br />

<strong>et</strong> les tiges restent plantées sur le champ. Autour des enclos, les tiges sont coupées à 50 cm de hauteur :<br />

pour défendre les poussins <strong>et</strong> les pintadeaux contre les rapaces durant la saison sèche. Les épis récoltés<br />

sont mis à sécher sur les champs avant d’être portés aux enclos. Les arachides <strong>et</strong> les pois de terre sont<br />

déterrés à l’aide d’une houe <strong>et</strong> étalés sur place pour séchage. Les capsules de coton sont récoltées à<br />

mesure qu’elles mûrissent.<br />

Après l’examen des pratiques <strong>agricoles</strong> traditionnelles qui caractérisent jusqu’à présent la<br />

production des biens de subsistance à Dakola, il reste à décrire rapidement les cultures effectuées<br />

<strong>dans</strong> la cuv<strong>et</strong>te. Autour des deux puits anciens creusés <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te zone, les cultivateurs de Dakola ont<br />

l’habitude immémoriale de faire de minuscules jardins. Enclos de quelques mètres carrés, protégés<br />

contre le bétail par une ceinture d’épineux, ces jardins sont soigneusement fumés <strong>et</strong> arrosés durant<br />

la saison sèche aussi longtemps que L’eau des puits reste suffisante pour les hommes <strong>et</strong> le bétail.<br />

Pendant l’hivernage, ces jardins portent du maïs, des tomates indigènes 2, des patates <strong>et</strong> du fabirama 3<br />

sur p<strong>et</strong>ites buttes. En saison sèche, on n’y trouve que du tabac <strong>et</strong> des tomates. Ces jardin<strong>et</strong>s n’ont rien<br />

de comparable avec les grands jardins du pays gourounsi proche.<br />

Depuis 1965, quelques cultivateurs ont ouvert des champs à proximité des jardins de Dakola,<br />

sur une terre réputée stérile (dusem-pwega). Ayant appris à cultiver l’igname sur billons <strong>dans</strong> la famille<br />

de son oncle maternel, à Bouboulou (localité située à 25 km environ au nord.est de Dakola), Ouédraogo<br />

Yamlanéré a lancé c<strong>et</strong>te culture à Dakola quelques années après son r<strong>et</strong>our <strong>dans</strong> l’enclos de son père.<br />

Ouedraogo Yamlanéré, né en 1923, monogame <strong>et</strong> père de trois enfants, n’est pas lui-même chef<br />

d’exploitation, son ménage est membre de l’unité de production dirigée par son père ; mais Yamlanéré<br />

exploite son champ d’igname à titre individuel, <strong>et</strong> en vend la production sur les marchés des environs.<br />

Les caractéristiques techniques de c<strong>et</strong>te production sont les suivantes: enfouissement de l’engrais<br />

vert disponible sur le champ à la fin de l’hivernage, au moyen d’une houe ou d’une charrue à traction<br />

bovine ; préparation de bilions hauts de 50 cm environ ; ensemencement en janvier : des tranches de<br />

tubercules sont placées en terre sur les billons, dont les crêtes sont ensuite garnies de paille (r<strong>et</strong>enue<br />

par des piqu<strong>et</strong>s) ; puis des tuteurs sont mis en place quand les jeunes plants sortent de terre; au début<br />

de l’hivernage, du riz est semé au fond des creux entre les billons <strong>et</strong> du maïs ou du sorgho sur les<br />

pentes. Une parcelle non fumée s’épuise en deux ou trois ans, mais un nombre croissant de parcelles<br />

sont fumées ; un cultivateur envisage même l’achat d’engrais chimique pour tenter d’instaurer un<br />

système de culture continue. Ces techniques culturales relativement complexes sont nouvelles à<br />

Dakola. Elles ne s’appliquent qu’à des cultures destinées à la commercialisation. D’autre part, il est<br />

1. Les cultivateurs de Dakola affirment que le buttage caractérise les habitudes culturales des Foulse, mais n’est<br />

pas pratiqué par les <strong>Mossi</strong> ; ce point de vue est inexact. Cf. par exemple, DWBOURG, 1957 (p. 307) : (( Pour assurer pIus<br />

de vigueur aux tiges de mil, [le paysan de Taghalla] pratique le buttage en rassemblant autour du pied un peu de terre. ))<br />

2. Kumbre (pl. kumbu) : « Solanées genre tomates, surtout tomates amères (Solanum melongena) N, ALEXANDRE,<br />

1953 (p. ZOO).<br />

3. Fabirama (appeIIation dioula) ou pecsre (pl. peesa) (en more) : « Labiée produisant de p<strong>et</strong>its tubercules<br />

ressemblant par la forme <strong>et</strong> le goût à la pomme de terre (Coleus rotundifolius, var. nigrn) », ALEXANDRE, 1953 (p. 313).

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