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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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128 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS ‘SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

Une fête de nuum est l’occasion de nombreux échanges de cadeaux: entre les nunumse <strong>et</strong> leurs<br />

homonymes de la société réelle, entre les nanumse <strong>et</strong> toutes les personnes qui ont participé au nuum<br />

d’une manière ou d’une autre (kombi-nuubu, mères ou épouses de naum, naum-kumbu).<br />

f) REMARQUES ÉCONOMIQUES ET SOCIOLOGIQUES SUR LE nuum.<br />

Du point de vue économique, le nuum est une formule originale d’entraide. D’abord, parce<br />

qu’elle est peu onéreuse pour le cultivateur bénéficiaire ; mais surtout parce que la rétribution est<br />

normalement differee au moment de la récolte. Les cultivateurs pauvres, n’assurant que difficilement<br />

la soudure, peuvent avoir recours au nuum sans inconvénient majeur pour leur subsistance. Le nuum<br />

fournit la main-d’oeuvre la moins coûteuse <strong>et</strong> celle qui implique le moins d’obligations sociales. Le<br />

cultivateur qui, par manque de moyens matériels ou de relations sociales, ne peut pas organiser de<br />

rubense ou de sosogu peut réaliser un nuum-koobo.<br />

Sous l’angle sociologique, le nuum assure la cohésion <strong>et</strong> la discipline de la jeunesse d’un quartier<br />

ou d’une localité, en regroupant les jeunes <strong>dans</strong> une organisation stricte, hiérarchisée <strong>et</strong> réglementée,<br />

fondée à la fois sur le consentement mutuel <strong>et</strong> sur un principe d’autorité. Chacun est libre de rentrer<br />

<strong>dans</strong> une telle association; mais après son entrée, il doit - sous peine de sanction - se comporter<br />

selon les lois de l’association. D’autre part, le nuum assure l’intégration de la jeunesse <strong>dans</strong> la vie du<br />

groupement local: par les échanges entre l’association <strong>et</strong> les doyens de lignage, par le contrôle<br />

qu’exerce le kombi-nuubu, mais surtout par le fait que les nunumse fournissent une entraide <strong>dans</strong> un<br />

cadre communautaire large.<br />

Le nuum reproduit essentiellement le modèle de la société politique. C<strong>et</strong>te caractéristique<br />

suggère que les aspects les plus valorisés de la vie sociale sont d’ordre politique. Le motif profond qui<br />

pousse les jeunes à constituer de telles associations semble être le désir de jouer des rôles politiques,<br />

la fête étant la suprême manifestation de ce jeu. Les séances de culture du nuum ne constituent que<br />

le fondement économique de l’association.<br />

Les sociétés de nuum ne sont plus aussi nombreuses qu’autrefois. Deux raisons expliquent<br />

l’abandon de c<strong>et</strong>te tradition. La majorité des jeunes gens, souvent les plus dynamiques, se trouvent<br />

en Côte d’hoire ; ceux qui restent chez eux ne se sentent pas le courage de fonder une association.<br />

La seconde raison est l’individualisme croissant des jeunes qui ont pratiqué les migrations de travail.<br />

Ils préfèrent se donner une importance sociale de leur propre chef, en s’appuyant sur leurs ressources<br />

personnelles. Plutôt que de rechercher un prestige illusoire <strong>dans</strong> un jeu social, ils veulent transformer<br />

leurs épargnes en prestige réel par yacquisition d’obj<strong>et</strong>s valorisés tels que des vêtements en tergal,<br />

des bicycl<strong>et</strong>tes, des postes à transistors. Les jeunes qui ont voyagé n’acceptent plus de travailler sans<br />

rémunération correspondante à leurs efforts. Quant aux sociétés de nuum de jeunes filles, qui n’ont<br />

jamais eu une structure aussi forte que celles des garçons, elles disparaissent à la suite de celles-ci.<br />

2. Analyse de deux exemples de « naam ».<br />

Il n’y a pas eu de nuum de jeunes gens à Dakola depuis 1955 ; <strong>et</strong> un seul nuum de jeunes filles<br />

a été organisé <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te localité. entre 1960 <strong>et</strong> 1965. II n’a donc pas été possible d’effectuer une étude<br />

systématique de c<strong>et</strong>te institution à Dakola.<br />

Les nuum analysés ci-dessous présentent des aspects différents mais également significatifs<br />

quant à l’évolution actuelle de c<strong>et</strong>te tradition: un nuum de jeunes filles à Dakola <strong>et</strong> un nuum dominé<br />

par d’anciens militaires à Toèssé.<br />

a) LE nuum DE DAKOLA.<br />

C<strong>et</strong>te association a été fondée en 1964, au. début de l’hivernage, <strong>et</strong> la fête a eu lieu à la mi-mai<br />

de l’année suivante. Les jeunes filles étant peu nombreuses à Dakola, elles ne furent que douze à se

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