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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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144 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

Les membres du lignage Tiendrébéogo de Batono ont gardé jusqu’à présent des prérogatives<br />

<strong>dans</strong> le domaine religieux <strong>et</strong> sur le plan politique. Ils sont considérés comme enfants d’une fille de<br />

chef, <strong>et</strong> ils jouissent de tous les privilèges qui s’attachent à ce statut. Mais c’est en tant que descendant<br />

des Ninisi, que le doyen du lignage est maître de la terre de Batono <strong>et</strong> doyen des maîtres de la terre<br />

du commandement régional. C’est lui ou son représentant qui accomplit les sacrifices solennels<br />

sur les autels de la terre de Batono, qui désigne les emplacements où doivent être enterrés les morts<br />

de c<strong>et</strong>te localité, participe symboliquement au creusage des tombes <strong>et</strong> y dépose les cadavres. Sa<br />

prérogative la plus originale est sa prééminence <strong>dans</strong> le collège des « électeurs 1) du chef, qui comprend<br />

par ailleurs le tan-soba, le wiidi-nuabu <strong>et</strong> le kam-naubu. Au moment d’une succession au commandement<br />

régional, c’est le maître de la terre qui désigne le nouveau chef; <strong>et</strong> il serait néfaste de contester<br />

son choix: car il représente le plus parfaitement la population - il est le plus ancien du peuple <strong>et</strong><br />

son statut socio-<strong>et</strong>hnique lui interdit toute ambition politique personnelle.<br />

A Itian, on rapporte que naaba Oubri - il s’agit sans doute de naaba Gnignemdo - a trouvé<br />

des Ninisi qui acceptèrent de céder, en échange d’un boeuf, certains autels de la terre en leur possession;<br />

ces autels auraient été confies à un prêtre de la suite du chef mossi, le yir’sobu.<br />

Dans les autres localités du commandement régional, les maîtres de la terre ne sont pas ninisi.<br />

Ce sont le plus souvent des descendants d’immigrés, venus à la suite des chefs mossi de Batono, qui<br />

sont chargés des fonctions rituelles relatives à la terre.<br />

C) COMMANDEMENT RÉGIONAL DE DAKOLA.<br />

Le fondateur du commandement régional de Dakola, naaba Kobgo, avait également emmené<br />

des prêtres lorsqu’il quitta Ouagadougou<br />

\<br />

pour établir à son compte sa domination sur un territoire à<br />

l’ouest. La tradition est assez pauvre au suj<strong>et</strong> des relations entre ce chef mossi <strong>et</strong> les Ninisi de la région<br />

qu’il soumit. On rapporte qu’à Karéo, naaba Kobgo trouva un Ninisi paralytique réfugié sur un<br />

tamarinier ; il lui confia le soin d’accomplir les rituels relatifs à la terre. A Pélla, naaba Kobgo confirma<br />

<strong>dans</strong> la fonction sacrée de tiibo-nuubu’ un Ninisi originaire de Bonogo (près de Saponé), déjà<br />

installé en ce lieu; <strong>et</strong> jusqu’à maintenant, le tiibo-nuubu, qui est un descendant de ce Ninisi, est prêtre<br />

d’un tempeelem particulier. Mais ce fut à un membre de sa suite que naaba Kobgo attribua la charge<br />

de maître de la terre du quartier Soa, qui était habité par des Ninisi. A Tyè, la fonction de maître de<br />

la terre resta le privilège du doyen de lignage qui devint en même temps l’intermédiaire politique entre<br />

les populations sikoaba de c<strong>et</strong>te localité <strong>et</strong> le chef mossi 2. C’est le maître de la terre de Tyè qui désigne<br />

les emplacements des tombes des chefs de Dakola. Dans les autres localités du commandement, la<br />

charge de maître de la terre a été souvent attribuée à un parent du chef ou à un membre de sa suite.<br />

L’analyse détaillée de plusieurs cas particuliers serait nécessaire pour définir de manière satisfaisante<br />

les nouveaux types de relations entre les hommes <strong>et</strong> la terre instaurés par les <strong>Mossi</strong>.<br />

Lorsque naaba Kobgo s’installa <strong>dans</strong> la localité de Dakola, il nomma maître de la terre, teng’sobu,<br />

le doyen du lignage formant le quartier Loungo. Il conserva pour lui seul le titre de teng’nuubu, qui<br />

peut être traduit par l’expression (( chef du pays )). Le maître de la terre avait pour fonction d’être le<br />

prêtre de la terre <strong>et</strong> le gardien de l’intégrité du territoire de la localité. Plus tard, quand les chefs du<br />

commandement régional s’installèrent à Bouré, un chef dont le nom n’a pas été. r<strong>et</strong>enu confia au<br />

doyen du quartier Widi la charge de le représenter à Dakola. De c<strong>et</strong>te façon, il créa par décision<br />

1. Le tiibo-nnaba est le prêtre de l’autel tiibo <strong>et</strong> des autels secondaires qui y sont associés. La forme, l’origine<br />

<strong>et</strong> la fonction exacte du tiibo de PClla ne sont pas connues. On trouve une définition du terme tiibo <strong>dans</strong> ALEXANDRE,<br />

1953 (p. 394) : a Phallus stylisé de grandes dimensions, possédé par les devins (baghba), <strong>et</strong> auquel on fait des sacrifices<br />

pour obtenir des enfants. » Les fonctions du tiibo de Pélla sont certainement plus nombreuses <strong>et</strong> plus variées. Il pourrait<br />

être intéressant de rapprocher c<strong>et</strong> autel ainsi défini du suku, décrit par MELINE, 1937-1938, étant donné que le tiibo-naaba<br />

de Pélla est ninisi <strong>et</strong> sikoaba. La désignation par le mot naabu d’un prêtre d’origine ninisi <strong>et</strong> sikoaba ne corrobore pas<br />

le schéma qui présente les termes naaba - soba, <strong>et</strong> les concepts relatifs aux pouvoirs politiques <strong>et</strong> religieux, comme étant<br />

toujours en opposition formelle <strong>et</strong> pratique. Ce cas n’est pas exceptionnel.^<br />

2. ‘Le cumul par un même individu de fonctions politiques <strong>et</strong> de charges religieuses relatives à la terre est assez<br />

fréquent. Cf. ILBOUDO, 1966 (p. 88).

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