Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

32 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
tants et regroupaient 35 % de la population totale de la circonscription. La plus importante localité,
Pilimpikou, avait une population de près de six mille habitants.
Ces localités présentent une étoffe sociologique d’une densité et d’une richesse variables.
Tantôt elles ne forment que la somme abstraite de hameaux disparates, unités administratives de
formation récente. Tantôt, au contraire, elles constituent des entités sociales organisées et cohérentes,
non seulement inscrites dans un même espace aménagé, mais fondees sur des croyances, des rites et
des formes de vie communautaire propres, et sur une conscience historique d’appartenance à une
communauté locale particulière. Tandis que l’unité de Nibèlla est essentiellement déterminée par les
liens de parenté qui lient ses habitants, d’autres localités - telles Pèlla ou Tyè - tirent leur cohésion
et leur originalité de l’organisation religieuse des groupements de masques sikoaba; les habitants de
Samba se regroupent autour du chef du commandement régional, et Somyaléguèm doit son unité
à sa composition ethnique (yarse) et à l’islam. Mais une localité comme Koussana ne présente guère
de caractéristiques villageoises spécifiques: elle se définit surtout par rapport aux localités des alentours,
particulièrement par rapport à Bouré.
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500 6000
0 500 ,000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500 6000
0 500 1000 ,500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 6000 5500 6000
I
0 500 ,000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5300 6000
Nombre d’habitants
,
FIG. 9. - Répartition des localités de la Subdivision de Samba selon le nombre des habitants
(chiffres obtenus par dépouillement des cahiers de recensement 1965).
L’habitat étant dispersé au milieu des champs permanents, les localités forment ordinairement
des aires très étendues. Il n’existe cependant pas de places communes, aucun équipement collectif
pour servir en permanence de centre à la vie du groupement local. Les rassemblements se font sur les
places réservées aux manifestations coutumières - danses sikoaba ou luttes -, et sur les marchés
situés un peu à l’écart des aires d’implantation de l’habitat - mais il n’y en a pas partout et leur
importance varie. Dans cette région du Mossi, les déterminations politiques n’ont généralement pas
été assez puissantes pour fonder l’unité et la cohésion des localités, et en faire de véritables villages.
Les localités sont toujours divisées en quartiers, sakse (sg. saku), qui sont des ensembles d’importance
numérique inégale pouvant comprendre quelques dizaines seulement ou plusieurs centaines
d’individus. Quand un quartier atteint une importance démesurée, il se divise. II serait intéressant
d’étudier l’histoire des quartiers pour chaque stock ethnique ou type de groupe humain, et quels
1. La plupart des habitants de Nibèlla sant membres de la famille Ouédraogo, descendants de naaba Luisomdé,
fils de naaba Tengzondé. A Sandya pareillement, les habitants sont membres d’une même famille, parents du chef de
Samba.