Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

186 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI
LES FORMES
DE MARIAGE
A. - LE§ MARIAGE§ COUTUMIERS.
1. Le mariage cpug-siure ».
CL) DÉFINITION.
Cette forme de mariage, la plus traditionnelle et la plus commune l, est actuellement choisie
dans les quatre cinquiemes des cas de mariage conclus en accord avec les aînés qui ont le droit de
donner en mariage les filles de leurs lignages (hormis les cas d’héritage de veuves). L’accord pug-siure
peut être conclu à tout moment sur l’initiative des aînés ; les Mossi de la région étudiée ne connaissent
pas la pratique des cérémonies pug-siure trisannuelles décrites par SKINNER (1960a, p. 21; cf. aussi
ISARD, 1967, p. 278).
L’institution de la compensation matrimoniale différée de type pug-dure a pour effet de maintenir
plus étroits les liens entre les unités sociales alliées, tout en assurant une sorte de réparation
du dommage subi par le lignage qui a cédé une femme. Il n’existe pas de compensation matrimoniale
immédiate qui correspondrait au « prix 1) de la femme du point de vue social et économique, mais la
coutume pug-siure montre quelle valeur est attachée à la femme. Une femme ne peut pas être échangée
contre des biens matériels, mais c’est une façon de reconnaître son (( prix » et de l’honorer que
d’exiger le retour de sa première fille au donateur. En récupérant cet enfant, le lignage donateur
retrouve des possibilités nouvelles d’étendre le champ de ses relations sociales, il peut créer de
nouvelles alliances propres à faciliter pour ses membres masculins l’accès aux femmes. Ce type de
mariage constitue en somme un double investissement du point de vue sociologique: la première
alliance qui résulte du mariage comporte la promesse d’une seconde alliance par l’intermédiaire d’une
fille de la femme donnée. D’autre part, le mariage pug-siure renforce.considérablement l’autorité des
aînés dans le domaine fondamental de la circulation des femmes, puisque chaque femme donnée en
mariage par eux leur apporte la promesse de nouveaux droits sur une femme à naître. Aux hommes
jeunes échappent ainsi les droits sur leur propre progéniture, et en même temps eux-mêmes demeurent
dépendants des aînés qui leur ont donné leurs épouses.
Les détenteurs du pouvoir régional contrôlent traditionnellement d’importants circuits matrimoniaux
de type pug-siure, qui s’étendent géographiquement au-delà des limites anciennes de leurs
commandements r. Autrefois, ils recevaient de nombreuses femmes qu’ils redistribuaient; bien que
1. TIENDREBEOGO, 1964 (p. ZS), a écrit que l’institution du mariage pug-siure avait été « une conséquence de
celle des songhonkâmba [pages des chefs] 1) par le more-naaba Warga: