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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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ANNEXES<br />

Une veuve âgée, <strong>et</strong> en particulier lorsqu’elle a un fils déjà adulte auprès de qui elle peut se réfugier,<br />

ne consentira généralement pas à se remarier - ce qui ne saurait lui être reproché. La veuve âgée<br />

qui n’a pas d’enfant pour l’héberger ou qui est devenue infirme doit normalement être prise en charge<br />

par un parent de son mari défunt ; cependant, des veuves âgées <strong>et</strong> impotentes sont parfois abandonnées<br />

<strong>et</strong> se trouvent contraintes de pourvoir elles-mêmes à leur subsistance.<br />

Quand un homme laisse des veuves jeunes ou tout au moins encore capables d’activités<br />

sexuelles, elles sont rapidement remises <strong>dans</strong> le circuit matrimonial: aussitôt après les funérailles<br />

solennelles de leur mari défunt, elles sont réparties entre les parents qui ont droit à l’héritage. C<strong>et</strong>te<br />

répartition s’effectue en fonction des priorités définies par les lois coutumières relatives à tout héritage.<br />

Ainsi, un homme peut prendre la femme de son frère défunt (aîné ou cad<strong>et</strong>) ou une femme de<br />

son père décédé - sauf sa propre mère. Afin de prévenir les querelles conjugales <strong>et</strong> leurs suites, on<br />

tient habituellement compte - <strong>dans</strong> la mesure du possible - des préférences exprimées par les<br />

femmes au suj<strong>et</strong> des hommes qu’elles doivent rejoindre. Les patrilignages des femmes comme les<br />

intéressés eux-mêmes souhaitent que ce passage s’effectue sans incident, pour que les alliances soient<br />

maintenues <strong>et</strong> l’ordre social respecté.<br />

Les lois qui règlent la distribution des veuves sont identiques à celles qui commandent l’héritage<br />

des biens matériels. On ne doit pas en conclure que les femmes circulent comme des marchandises<br />

banales. Ce sont, au contraire, les richesses ordinaires qui ont tendance à suivre les mêmes circuits<br />

que les femmes. La femme représente une valeur supérieure qui ne saurait en aucun cas être évaluée<br />

au prix de richesses matérielles ou échangée contre elles. L’expression N héritage des veuves N est donc<br />

ambiguë r. La coutume de remarier les veuves s’inscrit de manière simple <strong>et</strong> adéquate <strong>dans</strong> le cadre<br />

du système social traditionnel, caractérisé par la priorité donnée aux alliances sur la liberté des<br />

personnes. D’autre part, la coutume de l’héritage des veuves perm<strong>et</strong> à celles-ci de rester auprès de<br />

leurs enfants, qui appartiennent au lignage de leur père.<br />

b) ANALYSE.<br />

Le mariage par héritage est pratiqué par tous les groupes socio-<strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> quel que soit le<br />

statut social du patrilignage des veuves ; c’est-à-dire que les lois régissant la permanence des alliances<br />

matrimoniales sont appliquées par tous les groupes de la société sans distinction.<br />

L’étude de la fréquence de ce type de mariage en fonction de la polygamie révèle une légère<br />

baisse de c<strong>et</strong>te fréquence à mesure qu’augmente le taux de polygamie: 14 % des mariages contractés<br />

avec une première épouse sont des unions avec des veuves héritées, mais c<strong>et</strong>te forme de mariage ne<br />

se trouve réalisée que <strong>dans</strong> 9 % des cas de mariage avec une troisième ou une quatrième épouse. La<br />

majorité des veuves sont donc données à des célibataires - 70 % d’entre elles. Les monogames<br />

héritent du quart des veuves disponibles. Les ayants droit à l’héritage des veuves organisent la<br />

répartition de celles-ci en fonction des besoins des groupes dont ils sont responsables <strong>et</strong> selon les<br />

pressions dont ils font l’obj<strong>et</strong>. Ils doivent pourvoir en premier lieu les célibataires ; d’ailleurs, ils<br />

préfèrent souvent donner à leurs dépendants des veuves <strong>et</strong> se réserver les jeunes femmes qui leur sont<br />

proposées en mariage par don ou pug-situe. De ce fait, les veuves héritées forment près des deux tiers<br />

des femmes mariées plus âgées que leurs époux ; <strong>et</strong> <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te catégorie de femmes, les veuves héritées<br />

sont d’autant plus nombreuses que les écarts d’âge entre époux sont plus grands. Inversement, les<br />

mariages par héritage de veuves sont proportionnellement de plus en plus rares à mesure qu’augmente<br />

les écarts d’âge quand la femme est plus jeune que son mari. Tandis que les unions où la femme est<br />

l’aînée représentent moins du dixième de l’ensemble des mariages, on relève pour les mariages par<br />

héritage de veuves, quatre fois plus d’unions de ce type. C<strong>et</strong>te forme de mariage constitue en quelque<br />

sorte un système de compensation qui perm<strong>et</strong> aux aînés de désamorcer régulièrement les contestations<br />

dont ils sont l’obj<strong>et</strong> à cause des prérogatives qu’ils s’arrogent <strong>dans</strong> le domaine matrimonial.<br />

1. Il est faux de prétendre que (( la femme, considérée comme un bien meuble, fait elle-même partie de la<br />

succession au même titre que les autres biens laissés par le défunt M, Coutumes messies.. ., 1933, (p. 91).

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