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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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LE RÉGIME FONCIER - 163<br />

c<strong>et</strong>te manière, car leur insuffisance <strong>et</strong> leur grande fertilité incitent les possesseurs à utiliser eux-mêmes<br />

ces terres. Mais des raisons inverses rendent compte du fait que les champs périphériques ne font<br />

jamais l’obj<strong>et</strong> de tels droits d’usage : la médiocre qualité agronomique des sols contraint les exploitants<br />

à l’abandon périodique de ces terres pour de longues durées, ce qui empêche la formation de droits<br />

d’usage à long terme.<br />

4. Les droits d’usage résultant de prêts A court terme.<br />

Un dixième des terres est cultivé au titre de droits d’usage résultant de prêts à court terme.<br />

Trente <strong>et</strong> un cultivateurs appartenant à vingt-sept unités de production - soit un quart des travailleurs,<br />

répartis <strong>dans</strong> la plupart des unités - bénéficient d’un ou plusieurs prêts de terre. Mais les modalités<br />

de ces prêts varient selon leur durée l <strong>et</strong> selon qu’il s’agit de champs exploités individuellement ou<br />

en commun par les membres des exploitations bénéficiaires.<br />

Les détenteurs des droits de possession sont moins enclins à prêter des terres pour l’établissement<br />

de champs communs que pour la création de champs individuels. C<strong>et</strong>te réticence a deux causes :<br />

les superficies nécessaires pour créer des champs communs sont généralement plus importantes que<br />

celles des parcelles individuelles, <strong>et</strong> les prêts sont de plus longue durée. Ainsi, on a enregistré quatorze<br />

champs prêtés pour l’exploitation en commun, d’une superficie moyenne de 61 a, contre vingt-sept<br />

prêts de champs individuels d’une superficie moyenne de 15 a. Certains champs communs prêtés<br />

le sont depuis plus de dix ans; mais les superficies ont tendance à décroître à mesure que la date<br />

initiale du prêt se rapproche, ce qui indique une réserve croissante de la part des prêteurs. Il n’a pas<br />

été recensé de champ individuel prêté depuis plus de cinq ans, mais vingt-trois champs individuels<br />

prêtés sur un total de vingt-sept le sont depuis un an seulement, <strong>et</strong> c’est <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te catégorie que les<br />

parcelles sont les plus p<strong>et</strong>ites.<br />

L’analyse des types de rapports <strong>sociaux</strong> qui lient les prêteurs <strong>et</strong> les emprunteurs de terre conduit<br />

à dire que le voisinage ou l’amitié sont les seuls rapports invoqués <strong>dans</strong> dix-huit cas sur trente-trois,<br />

<strong>dans</strong> douze cas on note l’appartenance à un même patrilignage - qui coïncide avec le voisinage <strong>dans</strong><br />

dix cas -, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> trois cas les prêts ont été consentis à des parents utérins. Le voisinage <strong>et</strong> le commerce<br />

social qu’il implique sont donc les principaux facteurs qui interviennent pour les prêts à court terme.<br />

On a déjà relevé que les agriculteurs des quartiers Segden <strong>et</strong> Zemkom ne cultivent que peu de<br />

terres faisant l’obj<strong>et</strong> de prêts à court terme. Possédant un peu moins de terre que les membres des<br />

deux autres quartiers, les agriculteurs de Segden <strong>et</strong> Zemkom répugnent sans doute davantage à s’en<br />

prêter entre eux. A c<strong>et</strong>te cause première s’ajoutent des raisons d’ordre social: Segden est le quartier<br />

des étrangers, <strong>et</strong> Zemkom regroupe les Nakomse. Or les rapports avec les étrangers sont plus lâches,<br />

<strong>et</strong> le comportement des Nakomse inspire jusqu’à présent méfiance <strong>et</strong> crainte. Il est souvent difficile<br />

pour un homme du commun de faire valoir ses droits <strong>dans</strong> un litige foncier qui l’oppose à des<br />

Nakomse ; ceux-ci conservent de multiples moyens de pression traditionnels.<br />

Près de la moitié des superficies prêtées à court terme est située <strong>dans</strong> la zone des champs périphériques,<br />

un tiers <strong>dans</strong> la zone des champs de l’aire habitée - soit 15 % sur champs permanents <strong>et</strong><br />

18 % sur champs semi-permanents -, <strong>et</strong> le reste <strong>dans</strong> la zone des champs de bas-fond. Il n’est nul.<br />

lement surprenant que près de la moitié des superficies prêtées à court terme soit <strong>dans</strong> la zone des<br />

champs périphériques, où il n’y a pas pénurie de terre. Pour choisir les terrains à céder, les prêteurs<br />

utilisent d’ailleurs les mêmes critères que les chefs d’exploitation quand ils attribuent des champs<br />

individuels à leurs dépendants : des considérations d’ordre agraire interfèrent avec des considérations<br />

d’ordre social, celles-ci étant généralement les plus importantes.<br />

1. Deux démarches sont théoriquement possibles pour apprécier la durée des prêts de terre: interroger les<br />

cultivateurs intéressés sur le terme convenu des prêts, ou ne prendre en considération que la durée effective des prêts<br />

recensés. C’est la deuxième démarche qui a été préférée parce qu’elle appréhende mieux la réalité. La plupart des cultivateurs;<br />

en eff<strong>et</strong>, ne consentent à prêter de la terre que pour un an ou deux en se réservant la possibilité de renouveler<br />

ensuite le prêt, mais très exceptionnels sont les délais de prêt à long terme précis.

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