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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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84 ACTIVITÉS AGRICOLES ET CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

nement des travaux culturaux. Enfin, les préférences alimentaires interviennent aussi pour le choix<br />

des variétés.<br />

Nombreuses sont à Dakola les variétés de chaque espèce végétale. Les critères qui servent à<br />

les définir sont multiples : ils concernent aussi bien la hauteur ou la forme des plantes que la grosseur,<br />

la couleur ou le goût des grains, l’origine de la semence, ou toute autre circonstance liée à la culture<br />

ou à l’utilisation du produit.<br />

Chaque cultivateur raisonne Je problème de la sélection des variétés <strong>et</strong> justifie ses choix par<br />

un ensemble d’arguments pratiques l. Assez souvent, toutefois, les cultivateurs ne sont pas d’accord<br />

entre eux sur les mérites respectifs des différentes variétés, ni sur les conditions optimales de leur<br />

culture. Ces désaccords ont plusieurs causes: l’imprécision <strong>dans</strong> la différenciation des variétés par<br />

défaut de critères de classification, l’instabilité des variétés par suite de métissages ou de dégénérescence,<br />

la multitude inordonnée des caractéristiques particulières des terrains, les écarts <strong>dans</strong> l’appréciation<br />

des aléas pluviométriques, <strong>et</strong> l’individualisme des cultivateurs qui entrave l’échange des<br />

informations <strong>et</strong> une recherche commune. Les cultivateurs prétendent tous à un savoir agronomique<br />

en matière de sélection des variétés végétales, <strong>et</strong> leur prétention semble souvent justifiée. Ils n’ont<br />

cependant pas réussi à élaborer en commun un ensemble de connaissances organisées sur ce suj<strong>et</strong>.<br />

Dans la pratique, il y a de nombreuses convergences ; mais elles n’aboutissent pas à des stratégies<br />

agronomiques collectives.<br />

On a déjà noté que les cultivateurs mélangent souvent les espèces végétales sur un même champ,<br />

en particulier quand ils effectuent des semis successifs parce que, faute d’humidité, les mils ne lèvent<br />

pas de façon régulière. J.J en est de même pour les variétés. Parfois ils ne disposent pas d’un lot<br />

suffisant de semences d’une même variété, ou bien ils remplacent les variétés tardives par des variétés<br />

à cycle végétatif plus court en raison du raccourcissement de la saison des pluies 2. Certains cultivateurs<br />

vont jusqu’à mélanger délibérément les semences de variétés différentes pour affronter les<br />

risques dune pluviométrie capricieuse.<br />

Un inventaire compl<strong>et</strong> des variétés végétales cultivées à Dakola ne présenterait qu’un intérêt<br />

limité: il ne pourrait constituer qu’un amas de connaissances disparates. Ce sera seulement à titre<br />

d’exemple que quelques variétés des principales espèces céréalières seront rapidement présentées<br />

ci-dessous.<br />

Le sorgho rouge, kazienga, comprend à Dakola neuf variétés principales. Comme son nom<br />

l’indique, le kazjenringa (de kazienga, <strong>et</strong> de ringa : hâtif) est une variété précoce. Le Zuanga (ce terme<br />

signifie grenouille) est une autre variété précoce cultivée en p<strong>et</strong>ite quantité à proximité immédiate<br />

des enclos: ses grains, qui se comparent par Ieur grosseur à des yeux de grenouille, sont croqués frais<br />

comme friandises. Une autre variété lui ressemble, qui est consommée de même: le wabatnoogo<br />

(wabe : mâcher, noogo : bon au goût). Le rigwaongo (rigi : chasser, waongo : nom d’une mauvaise herbe<br />

qui pousse fréquemment <strong>dans</strong> les champs dont le sol est épuisé - Striga senegalensis, de la famiJ.Je<br />

des scruphulariacées) est un sorgho rouge auquel est attribuée la propriété d’empêcher la mauvaise<br />

herbe waongo de se développer : quand c<strong>et</strong>te herbe prolifère <strong>dans</strong> un champ, on y sème du rigwaongo.<br />

Le kaxienguwoko (de kazienga, de zugu: tête, <strong>et</strong> de woko : haut) est ainsi appelé parce que son épi<br />

est haut. Le karaaga (de kafo : mil, <strong>et</strong> de raaga: mâle) est un sorgho de taille inférieure à la moyenne.<br />

Une autre variété est désignée par le mot bouc, boega. La variété titan porte probablement c<strong>et</strong>te<br />

appellation parce qu’elle est surtout cultivée <strong>dans</strong> la région de La-Titan (localité située à 20 km environ<br />

au nord-ouest de Dakola).<br />

Le sorgho blanc, baninga, comprend plus de vingt variétés. Le banidinga (de baninga, <strong>et</strong> de<br />

dinga variante de ringa: hâtif) est une variété précoce. Autre variété précoce dont les grains sont<br />

consommés crus : le baningzuwoko (de baninga, de ztugu: tête, <strong>et</strong> de woko : haut). Le pelogo (de PeJ :<br />

1. DUBOURG, 1957 (p. 301), a relevé <strong>dans</strong> le village de Taghalla l’existence de sept variétés de sorgho blanc <strong>et</strong><br />

quatre variétés de sorgho rouge, <strong>et</strong> il ajoute: «A chacune de ces variétés correspond une place <strong>dans</strong> le calendrier<br />

agricole, une qualité de sol. [. . .] Le paysan de Taghalla a une véritable science de la terre. »<br />

2. HOFFMAN, 1957 (p. 40), a fait la même observation: « En règle générale, l’homogénéité des lots de graines<br />

de semences préoccupe peu le <strong>Mossi</strong>. Il lui suffit que le cycle végétal des variétés mélangées soit lemême.» Le cultivateur<br />

de Taghalla semble plus exigeant que celui de Dakola.

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