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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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FORMES PARTICULIÈRES D’ORGANISATION DU TRAVAIL 125<br />

Pour la seconde séance de culture, Sankara Ouiraogo dépensa 5 000 francs CFA. Le sarclage<br />

de son champ a donc été l’occasion d’une dépense totale de 11 205 francs CFA.<br />

C<strong>et</strong>te invitation de culture illustre comment la plupart des commerçants de Toèssé utilisent<br />

les formes anciennes de coopération: pour assurer à la fois leur subsistance <strong>et</strong> leur condition sociale<br />

<strong>dans</strong> l’univers traditionnel, où ils vivent encore malgré leur commerce, <strong>et</strong> où ils tiennent à se réserver<br />

une place de refuge. On remarquera le prix élevé qu’ils doivent payer pour cela. Enfin, on peut<br />

deviner comment de telles invitations de culture finissent nécessairement par transformer en profondeur<br />

les habitudes de coopération: les travailleurs deviennent plus difficiles à contenter, chaque<br />

soso-soba doit donner le maximum selon sa condition, les vertus propres de l’entraide sont progressivement<br />

moins déterminantes.<br />

C. - LES SOCIÉTÉS DE CULTURE DES JEUNES, NAAM.<br />

1. Définition <strong>et</strong> évolution des « naam ».<br />

Le terme naam 1 désigne ici une société de jeunes gens (âgés de vingt à trente-cinq ans) ou de<br />

jeunes filles (âgées de quinze à vingt ans), organisée selon le modèle d’une cour de chef, qui offre ses<br />

services contre rémunération en nature aux cultivateurs qui en font la demande. Traditionnellement,<br />

le naam était organisé chaque année par les jeunes gens <strong>et</strong> les jeunes filles en associations séparées,<br />

<strong>dans</strong> le cadre des quartiers ou des localités, <strong>et</strong> il donnait lieu à des fêtes au terme de la saison agricole.<br />

Les membres d’un tel groupement sont appelés nunamse 2, <strong>et</strong> c’est par l’expression naam-koobo que<br />

sont désignées les séances de culture de c<strong>et</strong>te société.<br />

Tous les membres d’un naam portent un titre de dignité ou un nom de fonction emprunté à<br />

l’organisation politique traditionnelle ou, depuis quelques temps, à l’administration; souvent ces<br />

deux modèles se complètent <strong>dans</strong> le cadre d’une même société. L’utilisation de ces noms constitue<br />

un jeu social qui se prolonge au-delà de la durée de l’association - des hommes adultes <strong>et</strong> même de<br />

vieilles femmes continuent parfois à être appelés par leur nom de naam.<br />

Les sociétés de naam présentent des aspects particuliers selon les localités ou la personnalité<br />

des fondateurs. Les noms de dignité traditionnels sont généralement préférés aux titres modernes,<br />

mais on peut aussi trouver l’inverse ; <strong>et</strong> <strong>dans</strong> les villages où les anciens combattants sont nombreux<br />

<strong>et</strong> influents, on note parfois une coloration militaire.<br />

U) LA FONDATION DU nUUm.<br />

L’initiative de créer un naam <strong>dans</strong> un quartier ou <strong>dans</strong> une localité appartient aux jeunes les<br />

plus entreprenants. Ils se regroupent entre parents, voisins <strong>et</strong> amis au début de l’hivernage, décident<br />

la fondation de leur société, répartissent charges <strong>et</strong> honneurs, <strong>et</strong> conviennent d’un règlement intérieur<br />

(toujours semblable). Généralement, les titres de dignité <strong>et</strong> les noms de fonction sont distribués par<br />

les fondateurs du naam; mais en cas de contestation, ils peuvent être attribués par des anciens dont<br />

l’autorité ne saurait être mise en question.<br />

Ensuite, les hauts dignitaires du naam se rendent auprès des doyens de lignage du lieu, <strong>et</strong> en<br />

particulier auprès des chefs de quartier,‘pour leur faire part de la création de leur société, solliciter<br />

1. Le sens premier du terme naam est: (( Pouvoir, puissance de chef, autorité, règne)), ALEXANDRE, 1953<br />

(p. 265) ; ce mot n’existe que sous la forme du singulier. C’est avec un sens particulier que ce terme est employé pour<br />

désigner l’institution des jeunes.<br />

2. Nanambga (pl. nanamse) : chef, pour désigner les chefs authentiques <strong>et</strong> les membres d’un naclrn de jeunes.

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