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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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152 ACTIVITÉS AGRICOLES PT CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

vendu. Il n’y a eu depuis lors aucune contestation concernant ce terrain, pas même lorsque les biens<br />

du vendeur furent partages apres sa mort. En 1945, le même Guiguemdé Songainabin ach<strong>et</strong>a un autre<br />

champ à Guiguemdé Zanwouri, qui disposait de plus de terre qu’il n’en pouvait cultiver. Pour ce<br />

champ d’une superficie de 3,5 ha environ, situé à Pilimpikou, le prix convenu fut de mille francs CFA;<br />

c<strong>et</strong> argent devait être versé en une fois, en présence du chef <strong>et</strong> de deux témoins comme précédemment.<br />

Aucune précaution d’ordre religieux n’a été prise à l’occasion de ces deux transactions l. Pour les<br />

autres cas de vente de terre releves <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te région, on note que le prix des terrains comprend<br />

fréquemment du gros bétail:.c<strong>et</strong>te amorce d’une utilisation du bétail à des fins économiques est une<br />

innovation.<br />

Le droit foncier coutumier était parfaitement adapté à une situation caractérisée par l’abondance<br />

des terres <strong>et</strong> les diverses formes traditionnelles du contrôle social. Le savoir concernant le statut des<br />

terres était régulièrement transmis au niveau des chefs de lignage, seuls habilités à gérer le patrimoine<br />

foncier; <strong>et</strong> leurs interventions ainsi que celles des maîtres de la terre étaient respectées. Mais le droit<br />

foncier coutumier est de moins en moins efficace <strong>dans</strong> une situation où la rar<strong>et</strong>é des terres rend chaque<br />

jour plus difficile la solution du problème de la subsistance, tandis que les détenteurs des différents<br />

droits fonciers se multiplient <strong>et</strong> que les autorités traditionnelles s’évanouissent. Par ailleurs, le droit<br />

foncier coutumier se trouve encore dévalorisé par la concurrence du droit foncier appliqué par les<br />

tribunaux du premier degré; nombreux sont en eff<strong>et</strong> ceux qui font appel à la justice de l’administration<br />

pour contourner la justice coutumière.<br />

L’inadaptation du droit foncier aux réalités actuelles est cause d’une permanente tension sociale<br />

qui s’exprime régulièrement en conflits ouverts, particulièrement au moment de la préparation des<br />

champs ou des semailles. Quand deux cultivateurs s’opposent à propos de leurs droits sur une parcelle,<br />

il n’est pas rare que tous deux ensemencent<br />

9<br />

le terrain en litige pour affirmer leurs droits :<br />

«Le terrain [...] est ma propri<strong>et</strong>é par voie d’héritage [. ..]. II y a 12 jours, après une abondante pluie, j’avais<br />

été pour le semer. En un moment donné, Camille <strong>et</strong> son père Pazoté, après m’avoir salué, s’étaient mis à ensemencer<br />

le même terrain en fusionnant ainsi nos semis [.. .] >) s.<br />

Mais, comme l’exprime la plainte rapportée ci-dessous, les menaces peuvent s’ajouter aux<br />

semailles de contestation; <strong>et</strong> les violences physiques interviennent fréquemment <strong>dans</strong> ces affaires:<br />

(( C’est mon père Sidibé qui a prêté [...] à Ouango Sawadogo de Pilimpikou un terrain de culture. Il y a deux<br />

ans, mes enfants devenus nombreux n’ayant plus suffisamment de terrain de culture avaient voulu prendre de ce terrain<br />

une parcelle. Gomdefyam <strong>et</strong> sa famille ont refusé prétextant que le terrain leur appartient.<br />

(( La famille Gomdefyam, au moment des palabres, était venue <strong>dans</strong> le champ toute armée de carquois, de lances<br />

<strong>et</strong> coupe-coupe en criant qu’elle avait besoin de ma tête. Ne voulant pas être décapité par ces gens barbares, j’ai eu recours<br />

à la légalité [. . .] » s.<br />

Aussi longtemps que les terres de culture étaient suffisantes malgré le caractère archaïque du<br />

systéme.agraire (niveau technique médiocre <strong>et</strong> mobilité des exploitations), la répartition des droits<br />

fonciers était déterminée par l’évaluation des besoins de subsistance des grands groupes <strong>sociaux</strong> <strong>et</strong> par<br />

leur capacité à les satisfaire. Les possibilités réelles de production des différents groupes ont joué un<br />

rôle primordial <strong>dans</strong> la constitution du régime foncier. Mais l’expansion démographique, assez’<br />

récente, a entraîné une pénurie des terres de culture <strong>et</strong> un épuisement des sols résultant d’une<br />

culture plus intensive sans restauration suffisante de la fertilité. D’autre part, la profonde dégradation<br />

du système social <strong>et</strong> culturel depuis la colonisation a favorise une évolution fortement marquée par<br />

1. Les informations concernant les deux ventes de terre rapportées ci-dessus ont été fournies par Guiguemde<br />

Nouaga, fils aîné de naaba Siguiri, actuel chef de canton de Samba.<br />

2. Audience foraine du 5 juin 1965, tenue par le Tribunal du premier degré de Yako, à Moutoulou, canton de<br />

Yako. Plainte de Tenkodogo Toungou (de Moutoulou) contre Sawadogo Camille (de Yako) <strong>et</strong> Sawadogo Pazoté (de<br />

Songnaba). Arch. du Tribunal du premier degré de Yako, no 179.<br />

3. Audience foraine du 10 janvier 1960, tenue par le Tribunal du premier degré de Yako, à Kona, canton de<br />

Dakola. Plainte de Nasse Kiégé (de Kona) contre Sawadogo Gomdefyam (de Pilimpikou). Arch. du Tribunal du premier<br />

degré de Yako, no 22.

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