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Activités agricoles et changements sociaux dans l'Ouest Mossi ...

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236 ACTIVITÉS AGRICOLES ET .CHANGEMENTS SOCIAUX DANS L’OUEST-MOSSI<br />

au suj<strong>et</strong> de la terre <strong>et</strong> des puissances qui l’habitent. Il continue à faire des sacrifices aux génies kinkirsi<br />

sur son champ de coton. Avant les semailles, il leur offre du lait, du gâteau de mil <strong>et</strong> il sacrifie un poul<strong>et</strong><br />

dont il répand sur la terre le sang <strong>et</strong> le foie en disant: a Que les bons kinkirsi de la brousse viennent<br />

<strong>et</strong> mangent, <strong>et</strong> qu’ils protègent mon champ ». En brisant une aile <strong>et</strong> une patte du poul<strong>et</strong>, il dit: ((Je<br />

brise le bras <strong>et</strong> la jambe de mon ennemi qui souhaite pour moi une mauvaise récolte de coton. »<br />

A proximité de l’enclos familial, Konkobo Nouaga cultive en commun avec son fils aîné une<br />

parcelle de sorgho rouge d’environ 5 a, empruntée à un voisin. La production de c<strong>et</strong>te parcelle est<br />

destinée à des usages coutumiers: offrandes rituelles aux ancêtres, notamment à l’occasion de la fête<br />

annuelle de la nouvelle bière de mil; mais la plus grande part des épis est consommée par les enfants<br />

au fur <strong>et</strong> à mesure du mûrissement. La culture du sorgho en p<strong>et</strong>ite quantité reste donc une nécessité:<br />

« Les ancêtres ont besoin de mil: ils ne prennent pas le coton ; sans mil, comment pourrait-on les<br />

contenter? » Tandis que les champs qui procurent des revenus monétaires sont cultivés séparement<br />

par le père <strong>et</strong> le fils, ceux-ci effectuent ensemble la culture du mil qui doit assurer leur sécurité <strong>dans</strong><br />

l’ordre religieux traditionnel.<br />

Les femmes de Konkobo Nouaga ont chacune un p<strong>et</strong>it champ d’arachides <strong>et</strong> une parcelle de<br />

pois de terre. Elles cultivent elles-mêmes ces champs qui leur sont prêtés par leur mari. Les produits<br />

de ces champs sont la propriété des femmes qui en commercialisent une partie sur les marchés locaux<br />

<strong>et</strong> conservent le reste pour nourrir la famille quand vient à manquer le mil lors de la soudure.<br />

Konkobo Nouaga a trois femmes, <strong>et</strong> onze enfants. Toutefois, ses ressources en maind’aeuvre<br />

agricole sont médiocres : il ne peut compter que sur ses trois femmes <strong>et</strong> sur un de ses fils âge de 15 ans.<br />

Son premier fils, Poussi, âgé: de 30 ans, gère une unité de production séparée ; son dernier fils n’a<br />

que 3 ans ; quatre filles sont dejà mariées ; <strong>et</strong> quatre autres filles sont trop jeunes pour prendre part<br />

au travail agricole.<br />

Pour cultiver son champ de coton, Konkobo Nouaga travaille donc lui-même malgré son âge,<br />

aidé par ses femmes <strong>et</strong> son deuxième fils. Mais pour les travaux importants, il demande le concours<br />

de ses voisins <strong>et</strong> amis, <strong>et</strong> il les paye en contrepartie. Nourriture <strong>et</strong> boisson sont servies lors des séances<br />

de culture organisées avec des travailleurs étrangers. Konkobo Nouaga prétend ne pas pouvoir<br />

organiser de rabense parce qu’il ne trouve pas d’unité de production amie disposant d’une main+<br />

d’œuvre égale à celle de son unité. Et il évite le plus possible d’organiser des sosose ou d’avoir recours<br />

au naam, parce qu’il estime que l’incertitude concernant le nombre de travailleurs qui se rendent<br />

à ces invitations <strong>et</strong> les risques de mauvais temps rendent trop aléatoires les résultats de ces séances de<br />

culture. Du reste, ce cultivateur affirme que les travailleurs rémunérés cultivent plus vite <strong>et</strong> mieux<br />

que les invités des séances traditionnelles de travail communautaire, <strong>et</strong> c’est pourquoi il recourt de<br />

préférence à la main-d’œuvre salariée chaque fois qu’il en a les moyens financiers. Il s’agit là d’un<br />

comportement original, où les considérations relatives à la quantite <strong>et</strong> à la qualité du travail fourni<br />

priment,l’attention portée aux valeurs sociales inhérentes aux formes traditionnelles d’entraide.<br />

Nous analyserons ci-dessous comment fut organisé le travail pour la culture du champ de coton<br />

durant la campagne agricole 1964-1965, <strong>et</strong> quel fut le coût approximatif de la maind’œuvre étrangère<br />

employée :<br />

- Préparation de la terre <strong>et</strong> semailles, par le chef d’exploitation, ses trois femmes <strong>et</strong> son second fils.<br />

- Premier sarclage par le personnel de l’unité de production <strong>et</strong> trente cultivateurs payés 100 francs<br />

CFA durant une journée. Dépenses i:<br />

Rémunération ............................................... 3 000 F CFA<br />

10 canaris de bière ........................................... 1 150 F CFA<br />

Gâteau de mil <strong>et</strong> sauce ........................................<br />

600 F CFA<br />

Total ................................................ 4 750 F CFA<br />

1. Chiffres arrondis.

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