I, 19 B - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

462 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700–1701 N. 229
aura apporté pour contribuer aux soins louables de l’Academie Royale de perfectionner la
Geographie, j’ay pensé aux moyens de faire revoir les cartes des regions septentrionales et
d’y faire meme observer la variation de l’aimant; mais la guerre de Moscovie est venue à
la traverse. Je trouve encor un grand defaut dans la Geographie[,] c’est qu’on ne marque
5 gueres la langue des peuples, et cependant c’est le vray moyen de juger de leur cognation.
J’ay obtenu plusieurs Pater ou Oraisons dominicales non encor imprimées, qui servent
à la comparaison, et qui m’ont fait faire des reflexions sur l’origine des nations. Le R. P.
Bouvet s’en est chargé pour les peuples voisins de la Chine et il a reiteré sa promesse
dans la lettre de Peking dont je viens de parler. Il seroit à souhaiter que tous ceux qui
10 voyagent d’une maniere dependante des ordres du Roy en eussent à faire un petit recueil
des noms[,] verbes et mots les plus ordinaires expliqués dans la langue de chaque peuple
où ils passeroient suivant un modelle qu’on pourroit donner et de dresser aussi un pater
avec une version interlineaire mot à mot; y joignant encor les caracteres du peuple s’il en
a. Si l’ecriture y est tout cela ne cousteroit qu’un peu d’application. Si les anciens nous
15 avoient laissé des échantillons des langues, nous aurions des grandes lumieres. Mais nous
n’en avons que peu de paroles dispersées, et rien de suite excepté dans la Comedy de
Plaute. Quand le Tzar passa par l’Allemagne, je fis dresser le pater dans la langue et les
caracteres d’un homme du Tangut où reside le Grand Lama. Je l’ay aussi dans la langue
des Hotentots, mais pour employer comme il faut ces recueils, il faudroit pouvoir aller
20 de voisin à voisin. Car quand on saute d’un peuple à un autre eloigné, les cognations
les plus vrayes deviennent meconnoissables et de peu d’apparence; et les plus apparentes
deviennent suspectes de fausseté. Ainsi les ordres du Roy nous feroient obtenir tout
d’un coup bien des lumieres que sans cela nous n’aurions que lentement. Les consuls et
les autres ministres et hommes d’affaires les fourniroient bien tost si vous approuviés
25 Monsieur un tel dessein, et le faisiés gouster à M. le Chancelier, le quel outre les Sciences
ayant la supreme intendance de la Marine y pourroit porter aisement Sa M té . Outre que
26–463,11 Outre . . . Norwegue. erg. L
3 guerre: der Nordische Krieg. 6 obtenu: Leibniz hatte von Witsen das Vaterunser in hottentottischer,
mongolischer, wogulischer, samojedischer, tschermessischer und tungusischer Sprache erhalten
(vgl. I, 14 N. 344; I, 15 N. 400 u. N. 456; I, 17 N. 191; I, 18 N. 375). 12 modelle: vgl. I, 11 N. 125.
16 Comedy: Plautus, Poenulus, 930 f. 17 Tzar: Peter I. reiste im August 1697 von Berlin nach den
Niederlanden. 17 pater: H. W. Ludolf hatte durch einen Mongolen aus der zarischen Gesandtschaft
das Vaterunser in mongolischer und tangutischer Sprache erhalten (vgl. I, 14 N. 357). 19 Hotentots:
vgl. I, 14 N. 344. 25 Chancelier: L. Phélypeaux, Graf von Pontchartrain.
24. 10. 2005