Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie

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» parce qu'il devait écraser les aigies romaines à cette place.
» Ghindonax avait ordonné ce sacrifice ; il fallait que le dol-
y> men servit d'autel pour y broyer les aigles.
» Ambiorix n'aurait pu accomplir sa mission, sans mon-
» ter sur le dolmen avec les aigles. »
Et, en effet, si Pyrrhus a pu gravir le tombeau de son père
pour honorer celui-ci, il en est de même d'Ambiorix pour
son dolmen, et l'artiste auteur de la statue d'Ambiorix n'a
jamais eu d'autre pensée (i) :
« Ce qu'Ambiorix, dit-il, foule aux pieds, c'est l'aigle
romaine, ce sont les faisceaux du licteur; ce qu'il ne respecte
pas, c'est l'invasion de son territoire; ce qu'il repousse, c'est
le joug des Romains. Son piédestal, il le glorifie par sa pré-
sence môme, il le défend contre les envahisseurs, comme il
défend son pays, sa foi, sa liberté. »
Telle est aussi la pensée de M. Alph. Leroy, membre de
l'Académie de Belgique, dans un rapport spécial sur le mo-
nument d'Ambiorix à Tongres, rapport de beaucoup anté-
rieur à la controverse dont l'écrit actuel sera, il faut l'espé-
rer, la clôture définitive et sans remise. M. Leroy, après
avoir parlé de la forme du dolmen ou table des sacrifices,
ajoute que le caractère de celte roche sacrée indique que le
chef éburon est aussi ledéfenseurdu culte national; aux yeux
de ce savant si distingué, c'est donc une offrande aux divi-
nités barbares que « ces faisceaux romains, ces vexilla
qu'Ambiorix foule aux pieds avec une rage mal contenue. »
Personne n'a songé à attribuer à Ambiorix l'intention de
(ij J. r.EKTiN, Étmlc sur le monument d'Ambiorix, Ijriixelles, 18G3 (Lacroix,
Vcrboedilioveii et C"), p. 21.