Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie

Aion honorable' ad vcrsaii'c a dijà iiidiiiut' au lecleur le
[)uiiU de dépari de notre controverse; j'..' crois cependant
utile de l'exposer à mon tour, pour en marquer mieux les
circonstances. Le Gouvernement ayant consulté l'Académie
sur le projet de donner la forme de dolmen au piédestal de
la statue d'Ambiorix, je fus chargé, avec deux de mes savants
confrères, MM. Chalon et Thonissen, de l'examen de celle
question. Les conclusions des rapports particuliers des trois
commissaires furent négatives, quoique pour des motifs dif-
férents. J'avais, moi, allégué entre autres raisons que le
dolmen étant un autel ou un tombeau, Ambiorix sérail
représenté foulant aux pieds un objet que ))endanl sa vie
il entourait de toute sa vénération. En émettant cette opinion,
je n'avais eu en vue aucun texte d'auteur grec ou latin, ni
aucun peuple déterminé ; elle m'avait été inspirée par la
considération que chez tous les peuples les tombeaux, ainsi
que les objets du culte, ont toujours été respectés. J'attachais
d'autant moins d'importance à cette assertion, consignée dans
un rapport administratif, que les rapports de cette sorte ne
sont pas toujours imprimés par l'Académie.
Mon savant contradicteur inséra alors dans le Journal
des Beaux-Arts, sur le même sujet, un article dont les con-
clusions concordent avec celles des commissaires de l'Aca-
démie. S'il m'eût simplement objecté que je n'avais aucune
preuve que l'Éburon Ambiorix ait été animé des sentiments
que je lui supposais, j'aurais certainement laissé l'objection
sans réponse, ou je me serais borné à répondre qu'il n'existait
non plus aucune preuve contraire. Au lieu de cela, il opposa
à mon assertion un passage de l'Enéide, dans lequel il croyait
avoir vu (ju'Énée harangua ses compagnons du haut du