Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie

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pieds. Selon une version rapportée par Cornélius cl Luta-
lius (i), l'endroit à Rome appelé Lacits Curlius, après avoir
été frappé par la foudre, fut entouré d'une palissade par les
soins du consul Curtius, en exécution d'un décret du Sénat,
afin, sans doute, que le peuple n'y marchât pas.
On pourrait déjà conclure par analogie que la même
défense s'appliquait à d'autres endroits religieux, notam-
ment aux sépultures; mais la preuve qu'il en était ainsi par
rapport à ces dernières résulte implicitement d'un texte de
Varron (2). Suivant le récit de cet écrivain, les Romains,
après la défaite et la retraite des Gaulois, ramassèrent tous
les morts que ceux-ci avaient laissés, les brûlèrent et dépo-
sèrent leurs cendres dans une fosse commune, autour de
laquelle ils élevèrent une palissade, mettant ainsi les restes
de leurs ennemis mêmes à l'abri de la profanation des pas-
sants. Le fait rapporté par Varron explique l'exclamation
mise par Senèque dans la bouche du messager troyen et les
textes de ces deux auteurs se prêtent un mutuel appui. Que
devient, en présence de ces témoignages, l'aflirmation élevée
par mon contradicteur à la hauteuc d'un dogme, pour me
servir de son expression, que les anciens ne considéraient
pas comme une profanation le fait de fouler les tombeaux
sans intention mauvaise. A propos de cette dernière réserve,
je ferai observer que, si l'absence d'intention méchante peut
justifier l'agent, elle ne change pas la nature de l'acte. Il a
(i) Chez Vakron, Deling. lot., V, § 148-150, p. fiS; Muller : In foro lacutn
Ciirliiim a Curtio dictiim constat el de eo triceps hislorki.... .. Cornélius et
Liitatins scribunl eiim lociim esse fatguritnm et ex Senatus con. Septum esse,
id (/iiod fnctum esset a Curtio consiile... Curlium appellutum.
(2) Vaukon, ibid., § 157, p. Gl : Locus ad Busta Gau.ica, qnod llonia recii-
perala Galloriim ossa, qui posséder mil urbein, ibi coacervata ac consepta.