Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

PREMIERS ACTES DE PROSÉLYTISME 99
Mais cependant il faut apprendre à l'homme qu'il
doit aspirer au bien dont il est vide, à la liberté dont il
est privé.
Et il faut prier Dieu, non plus, comme on le faisait
jusqu'alors, pour le fléchir ou l'apitoyer — Dieu
ne change pas, sans quoi il serait un homme ! —
ni pour l'informer de nos nécessités — comme si
Dieu avait besoin de nous pour les connaître ! —
mais
pour s'accoutumer à avoir en lui notre refuge comme
au port unique du salut.
Non pas pour le faire témoin de notre âme, il
l'est sans cela, mais
pour que notre coeur ne soit ému d'aucun désir duquel
nous ne l'osions faire immédiatement témoin, déployant
tout notre coeur devant lui.
L'homme doit donc prier. Mais qu'il n'aille pas
s'enorgueillir et dire que la prière est agréable à
Dieu.
Cette fierté est une ivrognerie mortelle de l'entendement.
C'est s'adorer au lieu de Jésus.
Ici encore, c'est traiter Dieu, sinon d'égal à
égal, du moins de petit à grand. Or Dieu n'est
pas grand, il est. Nous ne sommes pas petits, nous
ne sommes pas.
Il nous est difficile de nous attirer à ce point de
quitter toute gloire entièrement à Dieu ; car nous voulons
toujours être je ne sais quoi, et sommes si fols de
penser être ce que nous ne sommes pas.
La plupart des hommes imaginent une justice mêlée
de la foi et des oeuvres... La justice de foi diffère telle-