Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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sanne mêlée à celle du pain frais qu'on y avait
distribué dans des corbeilles garnies de linge blanc.
Sa rusticité avait-elle trouvé grâce devant le
réformateur, et Calvin jugeait-il qu'il pouvait y
prier sans offenser le Tout-Puissant, ou bien ne
venait-il dans ce sanctuaire champêtre que pour
y toucher de l'argent ? Car Desbrandes, dans son
histoire de l'Angoumois, prétend que le curé de
Pont-l'Évêque était aussi curé de Saint-Saturnin,
non point, cette fois encore, pour en remplir les
fonctions, mais recevoir les prébendes attachées
à ce titre, et Calvin devait entrer dans le presbytère
qu'on trouvait tout à côté, afin de partager
avec le prêtre qui le remplaçait à l'autel les biens
que les bons paysans apportaient sur le dos de
leurs ânes, sous forme de gros chapons, de lourds
épis ou de beaux écus sonnants.
On voyait à la porte du presbytère cette ins-
cription : In cornu epistolae.
Calvin s'amusait-il à lui en ajouter d'autres, de
la pointe d'un couteau ? Un vieil historien prétend
que le grave réformateur n'a pas échappé à la
manie du siècle, qui est bien, à la vérité, la manie
de tous les siècles et que, tel un amoureux en
bonne fortune, mais dans un style différent, Calvin
écrivait sur les murs des sentences pour la postérité
1.
Quelque petit vin frais, apparemment, l'attendait
dans le pot quand il s'en venait ainsi chez son
confrère, car une vigne proche du presbytère est
encore appelée « la Calvine » et dut alors, de ses
jeunes ceps, rafraîchir l'orateur champêtre que son
1. Origine et introduction du protestantisme en Angoumois,
par l'abbé Louis Fourgeaud. 1909.