Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

DERNIÈRES ANNÉES 345
pourrait bien devenir une libre philosophie où
chacun s'en remettrait à ce sens propre que personne
n'a plus redouté ni détesté que lui. Il s'est
emporté contre
« Nicodémites
les tièdes et les indépendants,
» qui « convertissent à demi
les
la
chrétienté en philosophie », ou pour le moins ne
prennent pas les choses fort à coeur.
A l'heure d'abandonner son poste de combat
n'est-il pas effrayé de l'avenir ? Sa pensée ne
vient-elle pas à répéter, au plus intime d'ellemême,
en donnant à ces paroles un nouveau sens :
C'est une chose horrible à lire, ce qu'écrivent Isaïe,
Jérémie, Jôel, Habacuc et les autres du désordre qui
était en l'église de Jérusalem... Néanmoins les prophètes
ne forgeaient point nouvelle Église pour eux,
et ne dressaient pas des autels nouveaux pour faire
leurs sacrifices à part...
Certes Genève est prospère. Tant de gens y
sont venus vivre, la population y est maintenant
si dense que, ne pouvant s'élargir, s'étaler dans
la plaine, à cause de son enceinte, elle grandit
par le haut. Pour remédier au manque de logements,
tous les propriétaires accablés de demandes,
font ajouter des étages à leurs maisons.
La ville puritaine se hausse. Elle sort de ses
murailles. On dirait qu'elle monte vers Dieu.
La paix y règne. On n'entend plus que chants
suaves et pieux murmures.
Par centaines les élèves arrivent de France pour
s'instruire des doctrines Calvinistes et son collège
rayonnera bientôt sur toute l'Europe. Au loin,
les missionnaires sont vigilants et les petites
églises perdues dans les pays catholiques se montrent
courageuses et fidèles.